Athlète de haut niveau, chercheur scientifique, analyste olympique et... cinéaste. Nils Oliveto est certainement un drôle de phénomène dans le monde du cinéma québécois. Avec son cinquième film, Icelander, dans lequel il tient le rôle principal, l'homme aux multiples talents entreprend un déroutant voyage sur les traces de son père et de ses origines. Cette oeuvre qu'il a réalisée et produite est présentée dimanche, au cinéma du Quartier Latin, dans le cadre du Festival des films du monde.

Il faut une volonté de fer, voire une forme olympienne, pour exceller à la fois dans les sports, les sciences et les arts. À 25 ans, Nils Oliveto s'est lancé ce défi herculéen. Vingt ans plus tard, il n'a pas rejoint le clan des Xavier Dolan et Denis Villeneuve du septième art, mais il persiste et filme.

Flash-back

Après avoir obtenu une maîtrise en physiologie de l'exercice et performance humaine à l'Université d'Oklahoma, tout en faisant de la compétition d'athlétisme, notamment aux Jeux de la francophonie, Nils Oliveto s'installe à Los Angeles en 2000. Il fait des études en jeu pour devenir un acteur de cinéma. À la même époque, un certain Tommy Wiseau tourne The Room, ce film culte qui a inspiré James Franco avec The Disaster Artist.

« "Je suis un acteur" est la chose la moins cool à dire aux gens qu'on rencontre à Los Angeles. Si tu es acteur, tu es connu et les gens te reconnaissent dans la rue.»

Selon lui, le milieu du cinéma est difficile à percer et extrêmement compétitif, encore plus que le sport de compétition. «Heureusement que j'ai une expérience en athlétisme, explique le réalisateur de 44 ans en entrevue avec La Presse. Ça m'a aidé à passer à travers les refus, les échecs et les humiliations dans ma carrière au cinéma. Un athlète est formé mentalement pour se relever après les défaites, pour gérer le stress et performer à long terme. "Le soleil se lève toujours le lendemain", disait mon entraîneur pour m'encourager.»

On a marché sur l'Islande

Après les attentats du 11 septembre 2001, à New York, Oliveto a décidé de rentrer au Québec pour, entre autres, se rapprocher de sa famille. Il a ouvert sa boîte de production cinématographique pour réaliser ses projets de films tout en continuant de jouer à la télévision. On a pu le voir dans la série L'imposteur, à TVA, avec Marc-André Grondin. En 2019, il fera partie de la distribution des Honorables, mettant en vedette Patrick Huard. L'an dernier, il a ajouté une nouvelle corde à son arc quand il est devenu analyste olympique à la télévision de Radio-Canada. Bobeur, Oliveto a commenté les glisses de bobsleigh aux Jeux d'hiver en Corée du Sud.

Si le milieu du cinéma est plus dur et cruel que le monde sportif, il reste l'avantage de l'âge. «À 30 ans, tu es déjà vieux comme athlète, alors que tu es un jeune réalisateur», dit Oliveto qui, à 44 ans, a réalisé cinq films indépendants, dont trois présentés au Festival des films du monde (FFM).

Ces jours-ci, ce qui préoccupe ce producteur et cinéaste indépendant, c'est que le public voie son nouveau film en salle. Filmé en Islande, en Italie et au Canada, dans un style documentaire, Icelander raconte le voyage de Nils Oliveto à Reykjavik, à la recherche de son père disparu il y a 20 ans sans donner d'adresse. Un récit mystérieux, rempli de rebondissements, dans lequel le réalisateur utilise des images d'archives tirées de la collection de sa famille italienne.

«J'ai une formation scientifique, explique-t-il. Pour moi, faire un film, c'est comme entrer dans un laboratoire avec une idée, trouver une hypothèse, puis réaliser une thèse. Je m'amuse avec la forme pour raconter une bonne histoire.»

Bien que Icelander aborde des thèmes comme la filiation, l'identité, le père manquant et les blessures narcissiques, le réalisateur privilégie le style avant la thématique. Le choix de tourner en Islande, avec des paysages volcaniques, des geysers et une lumière froide qui «donne une texture particulière aux images», n'est donc pas le fruit du hasard. «En foulant cette terre nordique et volcanique, j'avais l'impression d'être un astronaute qui marchait sur la Lune», illustre Nils Oliveto.

En plus de la volonté et de la discipline, ce cinéaste ne manque pas d'imagination.

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Le 2 septembre à 18 h 30 au cinéma Quartier Latin.

Photo fournie par Hammerman Films

Icelander raconte le voyage de Nils Oliveto à Reykjavik, à la recherche de son père disparu il y a 20 ans sans donner d'adresse.