Quelques moments forts de l'histoire du FFM

Au fil de ses 40 ans, le FFM a présenté plusieurs films mémorables et a accueilli de nombreuses vedettes internationales.

1977: La grande Ingrid Bergman s'amène à Montréal pour inaugurer le tout premier Festival canadien des films du monde. Non compétitive, la programmation est riche des plus récentes oeuvres de Nagisa Oshima (L'empire des sens), Werner Herzog (Stroszek), Paolo et Vittorio Taviani (Padre Padrone), Marguerite Duras (Le camion), Robert Bresson (Le diable probablement). Des films venus de 36 pays sont présentés dans plusieurs salles de Terre des Hommes, réquisitionnées pour l'occasion, de même que dans les deux salles de l'ancien cinéma Centre (devenu l'Impérial). Howard Hawks, Jean-Luc Godard et Gloria Swanson gratifient le festival de leur présence.

1978: Dès sa deuxième année, le Festival des films du monde (FFM) devient compétitif et est reconnu comme tel par la Fédération internationale des associations de producteurs de films (FIAPF). Du coup, il abandonne le qualificatif «canadien» dans son appellation. Les séances se tiennent maintenant dans les cinq salles du cinéma Le Parisien. Présidé par Alain Delon, le jury décerne le tout premier Grand Prix des Amériques au film italien Ligabue, réalisé par Salvatore Nocita. Lino Ventura, Claude Chabrol, Carole Laure, Angie Dickinson, Jean-Louis Trintignant, Shelley Winters et plusieurs autres vedettes font le détour. Brian de Palma devient un habitué du FFM. Il y assistera en tant que simple spectateur pendant des années.

1982: Le FFM est désormais un festival populaire, dont la renommée mondiale ne fait plus aucun doute. De nombreuses pointures se présentent à Montréal, parmi lesquelles Joan Fontaine, Robert Altman, Charles Aznavour, Jacques Villeret, Kathryn Grayson. Sting, leader du groupe The Police (dont le quatrième album, Ghost in the Machine, a été lancé quelques mois plus tôt), s'amène en ville pour soutenir la présentation de Brimstone & Treacle, un film dont il partage l'affiche avec Denholm Elliott et Joan Plowright. Ce film britannique, réalisé par Richard Loncraine, obtiendra d'ailleurs le Grand Prix des Amériques.

1986: La compétition officielle est très relevée. Outre le film de Jean-Jacques Beineix 37,2 le matin, qui obtiendra le Grand Prix des Amériques cette année-là, on trouve notamment dans la sélection des films signés David Lynch (Blue Velvet vaudra à Dennis Hopper un prix d'interprétation), Jiri Menzel (Mon cher petit village, prix spécial du jury), Mario Monicelli (Pourvu que ce soit une fille), Carlos Saura (L'amour sorcier), Helma Sanders-Brahms (Laputa). Deux des films primés à Montréal (37,2 le matin et Mon cher petit village) se retrouveront en lice pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère l'année suivante. Le festival est en outre marqué cette année-là par une conférence de presse commune de Giuletta Masina, présente à Montréal, et de son mari Federico Fellini, par satellite à Rome.

1987: The Kid Brother (Kenny), film de Claude Gagnon, devient le premier film canadien à obtenir le Grand Prix des Amériques. Aucun autre film d'ici n'a eu l'honneur de recevoir la plus haute distinction du Festival des films du monde depuis. Il convient toutefois de souligner que le film argentin Le côté obscur du coeur, lauréat du Grand Prix des Amériques en 1992, a été coproduit avec la société québécoise Max Films.

2004: La firme Sécor publie un rapport dans lequel les organisations de quatre festivals de cinéma canadiens sont étudiées (Toronto, Montréal, Vancouver et le festival de l'Atlantique). On y indique que les dirigeants du Festival des films du monde de Montréal, ainsi que le président du conseil d'administration, ont refusé de collaborer à l'étude. On précise toutefois qu'un ensemble d'informations a néanmoins pu être recueilli et qu'un certain nombre de données ont été validées par le FFM. Cette année-là, le Grand Prix des Amériques est attribué au très beau film d'Eran Riklis La fiancée syrienne. Isabelle Adjani est l'une des invitées d'honneur.

2005: Le FFM est privé de tout financement public au profit de la création d'un nouveau festival international de cinéma, organisé par la firme Spectra. Le Festival international de films de Montréal sera un énorme fiasco et ne survivra pas à son édition inaugurale. Les institutions financeront de nouveau le FFM deux ans plus tard. Progressivement, la programmation s'oriente vers les oeuvres de cinéastes émergents. Plus que jamais, on mise sur la notion de diversité culturelle. Maggie Cheung figure au nombre des invités de marque. Le jury, présidé par le cinéaste Theo Angelopoulos, attribue le Grand Prix des Amériques au film néerlandais Off Screen (Peter Kujipers).

2009: Le cinéaste iranien Jafar Panahi, qui sera plus tard emprisonné et interdit de cinéma dans son pays pour 20 ans, préside le jury du Festival des films du monde. «Le vrai courage, c'est celui dont font preuve tous ces protestataires anonymes, a-t-il déclaré lors d'une entrevue accordée à La Presse. Qui, malgré le danger, n'hésitent pas à manifester. De mon côté, la notoriété dont je dispose sur le plan international me confère une certaine immunité. J'ai pu quitter l'Iran sans aucun problème pour venir ici. Je dispose d'un passeport en règle et les autorités canadiennes m'ont délivré un visa en bonne et due forme. Chez nous, ce n'est pas quand on part que les problèmes commencent. C'est quand on revient! Je sais qu'on m'interrogera à mon retour. Mais je ne veux pas me taire.»