Pour le commun des Nord-Américains, la guerre en Irak se définit à travers l'intervention de l'armée des États-Unis. Or, d'autres nations, telle l'Italie, y ont envoyé des soldats dont plusieurs sont morts, ont été blessés ou vivent avec des séquelles psychologiques.

Ce que rappelle Una storia sbagliata, long métrage du réalisateur italien Gianluca Maria Tavarelli présenté en compétition officielle et en première mondiale au Festival des films du monde.

Le film nous entraîne sur les pas de Stefania (Isabella Ragonese), infirmière sicilienne qui s'engage dans une ONG en Irak afin de retrouver la famille du kamikaze qui a causé la mort de son mari Roberto (Francesco Scianna). Elle y parvient et découvre une communauté dont les préoccupations quotidiennes se rapprochent des siennes.

L'originalité du film tient dans le fait qu'il nous fait vivre le conflit irakien à travers un couple italien, mais aussi à travers les yeux d'une femme. Or, l'originalité se paie en Italie, explique le réalisateur en entrevue téléphonique depuis Rome.

«L'idée de faire ce film m'est venue à la suite de l'attaque d'un kamikaze, dit-il. Je me suis demandé comment un être humain se sent lorsqu'il est directement touché par une guerre avec laquelle il n'a rien à voir. C'est un sujet qui est peu traité dans le monde artistique italien. Ce n'est pas très bien vu. Et en général, la population se sent loin de ça.»

Lorsqu'on lui demande s'il a voulu sensibiliser les gens, M. Tavarelli répond: «Oui, mais c'est un aspect secondaire. On ne peut pas arriver à sensibiliser les gens, même avec un film.»

Gianluca Maria Tavarelli, dont la feuille de route comprend des séries télévisées et des films pour la télévision, a mis quelques années à préparer son film. En 2008, il a passé un mois dans une ONG en Irak semblable à celle qu'on voit dans son film. Il a aussi parlé avec des soldats, des membres de leurs familles et des environnementalistes, la question des polluants et de la santé publique occupant une petite place dans le film.

Isabella Ragonese



Pour défendre le rôle de Stefania, Gianluca Maria Tavarelli a fait appel à Isabella Ragonese, comédienne de 33 ans qui a essentiellement joué dans des productions italiennes, dont La nostra vita de Daniele Luchetti vue en compétition officielle au Festival de Cannes en 2010.

«C'est la première fois que je travaille avec Isabella, dit-il. Mais je connaissais son jeu. Je trouvais qu'elle avait cette capacité à faire de Stefania une personne, une infirmière, très crédible et qui se fondrait dans la masse de monsieur et madame Tout-le-monde. De plus, elle est d'origine sicilienne, et cela donnait encore plus de crédibilité au personnage puisque la portion italienne de l'histoire se déroule dans la ville de Gela, en Sicile.»

La courbe dramatique du film nous laisse croire que le pardon, la rédemption passent par les femmes. Qu'en pense le réalisateur? «Absolument! Pour arriver à la paix, il faut passer par la compréhension de l'autre, lance-t-il. Et je crois que les femmes sont plus ouvertes à ce genre de raisonnement.»

Aujourd'hui, à 16h30 (Cinéma Impérial). Demain, à 11h30 et 19h (Quartier latin, salle 9)