Pour son premier long métrage de fiction, L'autre maison, Mathieu Roy a voulu rendre hommage au courage de son père Michel, journaliste et diplomate mort il y a deux ans de la maladie d'Alzheimer. L'oeuvre ouvre aujourd'hui le 37e Festival des films du monde (FFM). En entrevue, le cinéaste se souvient d'un beau moment passé à cet événement avec le paternel.

Du FFM, Mathieu Roy conserve un souvenir précieux. Celui d'un beau moment qu'il y a passé en compagnie de son père Michel. Et par un incroyable retour du destin, Michel Roy retourne à sa façon au FFM aujourd'hui.

C'était le 6 septembre 2003, lorsque le FFM a rendu hommage au réalisateur Martin Scorsese, à Montréal pour tourner son film The Aviator. Ce dernier s'est adressé au public réuni dans la salle 6 du cinéma Parisien avant la projection du film Mean Streets. Assistant personnel de Scorsese, Mathieu Roy a emmené son père et l'a présenté au grand cinéaste.

«Mon père trouvait génial que je travaille avec lui, dit Mathieu Roy. Le cinéma n'était pas son milieu, mais il trouvait que Scorsese était un gars solide, un bon mentor. Ça l'avait réconcilié avec le fait que j'abandonne le journalisme [rires].»

Journaliste (notamment à La Presse), conseiller politique, diplomate, professeur et président du Conseil de presse, Michel Roy est mort le 8 septembre 2011. Deux ans plus tard, Mathieu Roy est au FFM avec son premier long métrage de fiction, L'autre maison, où il est question de deux frères, Gabriel (Roy Dupuis) et Éric (Émile Proulx-Cloutier), qui font face au déclin de la vie de leur père, Henri Bernard (Marcel Sabourin), atteint de la maladie d'Alzheimer.

«Ce n'est pas un film sur la vie de mon père, insiste Mathieu Roy. Mais c'est un film qui rend hommage au panache de mon père. Devant la maladie, on ne sait pas comment les gens vont réagir. Dans le cas de mon père, c'était un gentleman, gentil, généreux, respectueux et toujours très intéressé par les gens. En vieillissant, malgré la confusion, la perte de mémoire et l'aphasie, il a gardé cette bonté et cette chaleur humaine.»

L'autre maison, qui sortira le 18 octobre (production Max Films, distribution TVA Films), rend également hommage aux aidants naturels, ces travailleurs de l'ombre qui se dépensent sans rémunération pour venir en aide à des proches lourdement handicapés ou en fin de vie.

«L'inspiration du film est personnelle, mais la portée est universelle, dit Mathieu Roy. Tous ceux qui vivent une situation similaire à celle que nous avons vécue vont se reconnaître.»

Références familiales

Malgré son insistance, le cinéaste ne craint-il pas les parallèles et les comparaisons avec sa vie, celle de son père et celle de son frère Patrice, animateur du Téléjournal Montréal à Radio-Canada?

«Moi, je ne peux pas défaire ce que les gens peuvent penser, répond-il. Ma mère et ma soeur ont été très proches de mon père à la fin de sa vie, mais on ne les retrouve pas dans le scénario. La vraie histoire de mon père, je vais la faire à l'occasion d'un documentaire que j'écris actuellement avec la boîte Zone 3 et que je produirai pour Radio-Canada.»

Il y a toutefois un événement personnel qui a inspiré le réalisateur pour son film. Dans le long métrage, le personnage de Gabriel est un correspondant de guerre impliqué dans un événement grave en Afghanistan. Comme ce fut le cas pour Patrice Roy (et le caméraman Charles Dubois, amputé d'une jambe) à la suite d'un attentat près de Kandahar.

Patrice Roy doit être à la projection de ce soir, à la salle Maisonneuve de la Place des Arts. «Il m'a fait remarquer que son accident est survenu le 22 août 2007 et que le film sort à la même date», souligne Mathieu Roy.

Décidément, le FFM est un carrefour dans l'histoire de cette famille.