Le Festival des films du monde (FFM) rend hommage à Mel Hoppenheim, bâtisseur de la Cité du cinéma de Montréal, complexe cinématographique où ont notamment été tournées plus d'une quarantaine de superproductions américaines. À 75 ans, l'homme a un long parcours rempli de souvenirs. Et n'a aucune intention de s'arrêter.

Mel Hoppenheim a eu deux femmes dans sa vie. Et elles ont toutes deux été averties que si, un jour, l'homme d'affaires montréalais rencontrait Catherine Deneuve, il ne répondrait plus de lui.

Ce jour est arrivé dans les studios Mel's à l'occasion d'un tournage auquel participait la grande dame du cinéma français. «J'ai complètement figé, se souvient un Mel Hoppenheim hilare. Elle était là, assise dans un fauteuil, un café à la main, une cigarette dans l'autre. Moi qui étais amoureux d'elle depuis ma jeunesse, depuis que j'ai vu Les parapluies de Cherbourg, j'ai mis plusieurs minutes avant d'aller la saluer.»

Des souvenirs, Mel Hoppenheim, qui aura 75 ans le 18 octobre, en a à la tonne depuis les années 60, où il a commencé, timidement, à bâtir ce qui allait devenir la Cité du cinéma, aujourd'hui composée de 18 salles de tournage.

Par exemple, ce jour où, de passage en ville, l'acteur Denzel Washington est allé le voir et lui a lancé: «Mel, as-tu des cigares cubains?» Bien sûr, Mel Hoppenheim en avait et lui en a refilé un. «Après ça, chaque jour du tournage, Denzel venait chercher son cigare. Le producteur était fâché parce que ça retardait tout.» Et l'homme d'affaires de s'esclaffer.

Aujourd'hui, le Festival des films du monde rendra hommage à M. Hoppenheim en lui remettant un Grand Prix spécial des Amériques pour souligner l'ensemble de sa carrière. Le lauréat, qui est aussi partenaire majoritaire de Locations Michel Trudel, accepte les honneurs avec un mélange d'humilité et de plaisir.

Parce que du plaisir, il en a visiblement encore beaucoup dans son travail. «Arrêtez?!?!, lance-t-il lorsqu'on évoque la possibilité. Jamais! Ils vont me sortir d'ici dans une boîte (rires). J'aime le cinéma et j'adore mon travail.»

Et les honneurs? «Pour un petit gars de la rue Saint-Urbain qui a perdu son père à 12 ans et qui est sorti de l'école en dixième année, c'est toujours un très grand honneur.»

À Mont-Tremblant

Pour Mel Hoppenheim, tout a commencé dans les années 60, au moment où il essayait d'acheter le circuit de course automobile de Mont-Tremblant. «On ne voulait pas vendre à un Juif», dit-il.

Or, sur place, il remarque une équipe de tournage. «Les gens m'ont dit qu'ils faisaient un «commercial», mais ils pestaient contre leur manque d'équipement. Alors, je suis allé en acheter. Des caméras-éclairs, de la pellicule, des lampes d'éclairage, etc. Mon premier client a été Jean-Pierre Lefebvre», se souvient-il.

M. Hoppenheim affectionne le cinéma québécois et ses cinéastes. «Des gens comme Jean-Pierre Lefebvre ou Jean-Claude Labrecque, je les ai vus dépenser tous leurs sous, mettre tout leur coeur à accomplir ce qu'ils rêvaient de faire», dit-il avec admiration.

Il n'aime pas un genre en particulier. Simplement le cinéma bien fait. «J'aime le cinéma qui touche notre coeur, qui m'amène à une certaine empathie, dit-il. Par exemple, j'aime les films de Woody Allen, car ils touchent à la vie. Allen a toujours quelque chose à nous dire.»