Dans Two Jacks, long métrage de Bernard Rose, les comédiens Danny et Jack Huston, oncle et neveu dans la vie, deviennent père et fils à l'écran. Basé sur une nouvelle de Léon Tolstoï, le film distille une certaine nostalgie, affirment-ils. La Presse les a rencontrés hier.

La question nous tenaille en sortant de la projection de Two Jacks: Hollywood est-il comme ça?

Trouve-t-on à Hollywood une telle bande de noceurs, dragueurs, buveurs rimant avec acteurs, producteurs, réalisateurs? Car, dans Two Jacks, de Bernard Rose, Jack Hussar père (Danny Huston) et Jack fils (Jack Huston, neveu du comédien) laissent, à 20 ans d'intervalles, des traces pour le moins troubles dans un Hollywood où ils tentent de s'imposer.

«Il y a des éléments du passé et du présent, dit Danny Huston. Mais on ne doit pas y voir une critique d'Hollywood. C'est pour moi un film sur la nostalgie, sur le fait d'enfiler les chaussures de son propre père.»

Danny Huston en sait quelque chose. Fils du grand acteur et réalisateur John Huston (Key Largo, The African Queen, Moby Dick), il voue la plus grande admiration à son père. D'ailleurs, pour interpréter Jack Hussar père, Huston s'est inspiré librement du personnage que son père a interprété dans The Other Side of the Wind, film d'Orson Welles qui n'a jamais été commercialisé, mais dont les bandes sont conservées dans une voûte à Paris.

«Mais ce n'est pas inspiré de mon père. Il avait trop de classe pour cela», poursuit M. Huston.

De son côté, Jack Huston évoque l'«époque révolue» qu'aborde l'histoire. «Ce film est une bonne réflexion sur le Hollywood d'aujourd'hui. L'époque dans laquelle vit Jack père est perdue. Il n'y a plus de tycoon comme Jack père. Avant, on cultivait une certaine admiration pour de tels rebelles. Aujourd'hui, des gens comme ça perdent leur emploi (rires).»

Indémodable Tolstoï

Le travail de Léon Tolstoï est non seulement à la base de Two Jacks, mais aussi au coeur de la démarche artistique de Bernard Rose. Une démarche à laquelle Danny Huston adhère complètement. Au cours des dernières années, les deux hommes ont réalisé quatre films inspirés d'oeuvres de Tolstoï.

«Il y a quelque chose de très fort dans ses écrits, dit Danny Huston au sujet du célèbre écrivain russe. Il y a des éléments qui se transposent parfaitement au monde moderne.»

Jack Huston ajoute: «C'est la force des bons écrits de pouvoir ainsi être adaptés à n'importe quelle époque. C'est leur testament.»

Lorsqu'on demande au jeune acteur ce que Jack fils a hérité de son père, il répond: «Je crois qu'il essaie d'en prendre plus qu'il ne le devrait. Il croit qu'en agissant comme son père, il va acquérir sa grandeur. Alors qu'il ne vit plus à la même époque.»

Sauf pour une scène très révélatrice où Jack père se penche, sourire malin aux lèvres, au-dessus de l'épaule de son fils déchu, les deux comédiens ne se croisent pas dans le film. «C'est peut-être la seule chose que Bernard Rose a ajoutée au texte original, dit Danny Huston. Il nous montre que Jack fils doit toucher le fond pour devenir un artiste, un homme.»