La célèbre actrice italo-anglaise compte présider le jury du Festival des films du monde de façon démocratique, quitte à mettre de côté ses propres sentiments s'il le faut.

Greta Scacchi venait à peine de déposer ses valises quand nous l'avons rencontrée. Sa présence à Montréal dans le cadre du Festival des films du monde (FFM) lui ramène à la mémoire ses séjours précédents dans la métropole québécoise.

«Je n'ai encore jamais eu l'occasion d'accompagner un film au Festival des films du monde, mais j'ai tourné en partie chez vous deux longs métrages qui me sont très chers», confie-t-elle en insistant pour parler en français, une langue qu'elle maîtrise très bien. «Salt on Our Skin (Les vaisseaux du coeur), d'Andrew Birkin, est lié à une partie intime de ma vie puisque mon partenaire de jeu, Vincent D'Onofrio, est aussi le père de ma fille. C'est d'ailleurs au troisième jour du tournage que j'ai appris que j'étais enceinte. Notre fille a 20 ans maintenant. Et elle étudie l'art dramatique! Plus tard, il y a eu Le violon rouge, une rencontre magnifique avec François Girard.»

Née en Italie d'une mère anglaise et d'un père italien, Greta Scacchi a vécu en Australie à l'adolescence. «Je me sens aussi australienne qu'italienne et anglaise, dit-elle. Je voyage avec un passeport italien et australien!»

Révélée au début des années 80 grâce à Heat and Dust (Chaleur et poussière) de James Ivory, l'actrice s'est rapidement retrouvée parmi les comédiennes les plus sollicitées sur le plan international. White Mischief (Michael Radford), Un homme amoureux (Diane Kurys), Good Morning, Babylon (Paulo et Vittorio Taviani), Presumed Innocent (Alan J. Pakula), Jefferson in Paris (James Ivory), The Player (Robert Altman) s'imposent parmi les titres phare d'une filmographie très riche.

«Avec le recul, j'estime que j'ai probablement trouvé mon plus grand rôle au cinéma grâce à James Ivory et Heat and Dust, affirme-t-elle. J'ai eu d'autres beaux rôles par la suite, mais je n'ai jamais eu l'occasion d'incarner un autre personnage aussi riche que celui-là. Ruth Prawer Jhabvala est une auteure d'exception. Je ne me suis jamais séparée de son roman pendant le tournage du film.»

Résidant principalement dans la campagne anglaise, l'actrice compte profiter de son séjour au FFM pour faire le plein de productions internationales, lesquelles sont souvent condamnées à une diffusion confidentielle.

«Pour en voir quelques-unes, je dois me rendre à Londres, explique-t-elle. Même là, elles ne restent pas à l'affiche très longtemps. La tenue d'un festival constitue une belle occasion de rappeler que le succès artistique ne se mesure pas uniquement en recettes au box-office.»

La présidence, une surprise

Au FFM, Greta Scacchi compte assumer son rôle de présidente de façon démocratique.

«Je suis très honorée du privilège qu'on me donne. J'ai d'ailleurs été surprise qu'on m'offre la présidence. Au fil des années, j'ai eu l'occasion d'être membre de quelques jurys. L'expérience se révèle toujours enrichissante. Il est intéressant de voir comment les allégeances se font et se défont. En 1996, j'ai eu la chance d'être membre du jury du Festival de Cannes et j'ai développé une complicité immédiate avec Atom Egoyan, qui en faisait aussi partie. Nous étions inséparables. Puis, au quatrième jour, un film sur lequel nous n'étions pas du tout d'accord nous a séparés! Tout n'est pas blanc ou noir quand on parle d'une oeuvre artistique. C'est ce qui me fascine.»

Ainsi, l'actrice compte prendre pour modèle Francis Coppola, celui-là même qui présidait le jury de Cannes en 1996. «Francis prenait en considération tous les avis, même ceux des membres qui appuyaient un film qu'il détestait. Il respectait les choix des autres. Croyez-moi, ça ne se passe pas toujours comme ça!»

Le violon rouge de François Girard est présenté à la belle étoile mercredi prochain à 20h30.

CINEMA

FILMOGRAPHIE SÉLECTIVE

L'amour caché

(Alessandro Capone, 2007)

Festival in Cannes

(Henry Jaglom, 2001)

Le violon rouge

(François Girard, 1998)

Emma

(Douglas McGrath, 1996)

Jefferson in Paris

(James Ivory, 1995)

The Player

(Robert Altman, 1992)

Presumed Innocent

(Alan J. Pakula, 1990)

Trois soeurs

(Margarethe von Trotta, 1988)

Un homme amoureux

(Diane Kurys, 1987)

Good Morning Babylon

(Paolo et Vittorio Taviani, 1987)

White Mischief

(Michael Radford, 1987

The Coca-Cola Kid

(Dusan Makavejev, 1985)

Heat and Dust

(James Ivory, 1983)