Une grande maison de campagne victorienne, située au milieu de nulle part. Là vit un couple formé d'une jeune femme (Jennifer Lawrence) et d'un célèbre poète (Javier Bardem), en panne d'inspiration depuis trop longtemps. Un couple plus mûr (Ed Harris et Michelle Pfeiffer), inconnu, se présente à la porte. L'artiste invite ces deux individus à rester le temps qu'ils voudront, flatté par l'admiration qu'on lui voue.

Cette première partie de mother!, le nouveau long métrage de Darren Aronofsky (Requiem for a Dream, Black Swan), est déjà riche en situations anxiogènes et en humour noir. Le tout dégénère toutefois dans la seconde, alors que l'écrivain laisse entrer tous ceux qui le vénèrent dans sa maison, au grand dam de l'épouse, maintenant enceinte. Le chaos cauchemardesque qui en découle défie l'imagination, mais il permet pourtant au poète de retrouver son inspiration.

Ultimement se pose la question lancée depuis la nuit des temps: l'art est-il plus important que la vie? Aux yeux de certains créateurs, à tout le moins celui qu'a mis le cinéaste au coeur du récit de son film, la réponse est sans équivoque. Cela dit, mother! fait partie de ces oeuvres qui peuvent prêter flanc à de multiples interprétations.

Un mystère entretenu

Lors d'une conférence de presse tenue hier au TIFF, le cinéaste a tenu à préciser que le mystère était sciemment entretenu à ce propos, bien conscient que chaque spectateur pourrait aller chercher dans ce récit l'interprétation qui lui convenait.

«Le film est construit autour de ce concept, a-t-il déclaré. C'est la raison pour laquelle je n'aime pas trop l'expliquer ni révéler d'où l'inspiration m'est venue.»

«J'aime surprendre le spectateur, et je crois qu'il est important de le prévenir que ce qu'il verra est très intense. Il devrait venir voir mother! seulement s'il a le goût de ce genre d'expérience.»

Intense, ce film l'est, assurément. Darren Aronofsky, qui a tourné son film entièrement dans des studios montréalais, a un jour eu l'idée de ce cauchemar éveillé, il y a longtemps. Il a même couché rapidement plusieurs de ses idées sur papier en y mêlant toutes sortes de références bibliques et mythologiques. Jennifer Lawrence ayant tout de suite accepté de le suivre dans son aventure sur la foi de cette simple ébauche, les portes se sont alors ouvertes rapidement.

«Quand Jennifer est liée à un projet, tu as tout de suite un film en main! fait d'ailleurs remarquer le cinéaste. J'ai alors commencé à travailler le scénario plus sérieusement, mais j'ai eu du mal à retrouver le fil. Ce n'est qu'à l'étape des répétitions que les personnages ont vraiment pris forme.»

Une aventure «bizarre» et «différente»

Un peu à la manière des Mike Lee et Ken Loach de ce monde, Aronofsky a organisé des ateliers avec ses acteurs pendant trois mois avant le tournage.

«J'ai adoré cette façon de travailler, a commenté Jennifer Lawrence. Ce personnage est différent de tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant.»

«Comme le récit emprunte toujours [le] point de vue [de mon personnage], il a aussi fallu faire corps avec la caméra et orchestrer une chorégraphie avec elle, car ce film possède son propre langage.»

Admirative depuis très longtemps du travail du cinéaste, avec qui elle partage maintenant sa vie, l'actrice affirme que mother! est à ses yeux une allégorie de l'histoire de l'humanité. De son côté, Darren Aronofsky souhaite surtout que le spectateur soit entraîné dans une aventure «bizarre et complètement différente».

«Une responsable du service de marketing du studio Paramount m'a dit que j'entraînais les gens dans une randonnée de montagnes russes que j'ai moi-même construites, mais à l'extérieur du parc. Cela résume assez bien!»

_________________________________________________________________________

mother! (mère! en version française) prendra l'affiche vendredi.