Dans American Pastoral, son premier film en tant que réalisateur, l'acteur britannique Ewan McGregor tente un parallèle entre les maux actuels de la société et l'Amérique divisée, tant sur le plan social que générationnel, à la fin des années 60.

Adapté du roman éponyme qui valut à l'écrivain américain Philip Roth le prix Pulitzer (1998), le film a été présenté au festival de Toronto samedi soir avant sa sortie en salle dans les tout prochains jours.

Brillant homme d'affaires après avoir été un sportif émérite à l'université, Seymour «Swede» Levov (joué par Ewan Mc Gregor lui-même) mène une vie rêvée aux côtés de son épouse, ancienne reine de beauté interprétée par Jennifer Connelly (Oscar du meilleur second rôle dans «Un homme d'exception»).

Tout déraille quand leur fille unique Merry, jouée par Dakota Fanning (Twilight), rejette le modèle idéalisé et bascule dans des actions violentes en protestation de l'engagement militaire américain au Vietnam.

«C'est le dé-tricotage du rêve américain», estime l'actrice noire américaine Uzo Aduba, habituée des séries télés (Orange is the new black), qui interprète une employée dans l'usine de confection de Seymour «Swede» Levoy.

Le film dresse un portrait complexe d'un homme et d'une génération luttant face à des valeurs traditionnelles que se délitent, depuis le milieu des années 60, avec les tensions raciales et les grandes manifestations contre le Vietnam, jusqu'au scandale du Watergate (1972) et la démission du président Richard Nixon deux ans plus tard.

«Un miroir du présent»

Près d'un demi-siècle plus tard, les États-Unis et le monde occidental sont plongés dans les mêmes tourments et le film de McGregor interpelle le spectateur sur les chamboulements profonds de nos sociétés.

Le film «offre une vision singulière de l'histoire comme un miroir du présent, alors que le monde est aux prises avec une nouvelle période de chaos», analyse Cameron Bailey, co-directeur du festival international du film de Toronto.

Les manifestations violentes après la mort de noirs américains abattus par la police, les tueries perpétrées par des individus homophobes, les tentatives des gouvernements pour empêcher des jeunes musulmans radicalisés de rejoindre les rangs du groupe Etat islamique, sont autant de signes alarmants.

La fracture est aussi illustrée par la plateforme électorale du candidat républicain à la présidentielle américaine Donald Trump qui promet d'ériger un mur à la frontière avec le Mexique pour luter contre l'immigration clandestine ou d'interdire l'entrée aux musulmans.

L'actrice Dakota Fanning a souligné samedi en conférence de presse à Toronto, ne pas avoir initialement vu de similitudes entre les deux époques.

Au cours du tournage, elle a même cherché, a-t-elle dit, à se placer «dans le contexte de l'époque où le film se déroulait».

À 22 ans et plus jeune interprète de l'équipe, elle s'est attachée à donner «le meilleur qu'elle pouvait à partir du scénario et des dialogues» qui lui étaient donnés avant chaque scène.

«Maintenant, je pense avoir plus de recul (sur le film) et bon nombre de personnes ont fait part des parallèles entre maintenant et cette époque et comment le film met en relief ces parallèles».

«Avec n'importe quel film, vous espérez simplement qu'il touche quelqu'un, qu'il lance une conversation ou quoi que ce soit, et qu'il change l'avis d'une personne», a dit Dakota Fanning. Si «ce film a réussi cela pour quelqu'un dans le contexte actuel, alors j'en suis heureuse».