Le Festival du film de Toronto - plus grand du genre en Amérique du Nord - s'ouvre cette semaine en se plongeant avec réalisme dans des thèmes comme la politique américaine ou la radicalisation de jeunes musulmans.

Quelque 400 longs et courts métrages provenant de 83 pays seront projetés entre le 8 et le 18 septembre dans la métropole canadienne lors de cette grand-messe de l'industrie, rampe de lancement de la saison des Oscars.

Au cours des années précédentes, des productions comme 12 years of Slave, The King's Speech et Slumdog Millionaire étaient repartis de Toronto avec le Prix du public, seule récompense de ce Festival sans jury, avant de décrocher quelques mois plus tard la récompense suprême d'Hollywood, l'Oscar du meilleur film.

Cette année, l'attention se portera en particulier sur le très attendu Snowden d'Oliver Stone. Un retour sur la saga de cet ancien employé de la NSA dont les révélations en 2013 sur l'espionnage à grande échelle du gouvernement américain avaient créé une onde de choc. Une histoire sur mesure pour le réalisateur de JFK.

Arrival, film de science-fiction du Québécois Denis Villeneuve, tout comme la romance entre Ryan Gosling, en musicien de jazz, et d'Emma Stone, en aspirante actrice, dans la comédie musicale La La Land suscitent également beaucoup d'intérêt.

Les critiques attendent également beaucoup de Lion - l'histoire vraie d'un garçon séparé de sa famille, qu'il va retrouver au bout de 25 ans - réalisé par Garth Davis, avec Jennifer Connely et Dakota Fanning, mais aussi d'American Pastoral, qui revient sur l'idéal de la famille américaine emporté par les bouleversements des années 1960.

Pour le cinéma européen, la réalisatrice française Emmanuelle Bercot présente La fille de Brest (avec Sidse Babett Knudsen et Benoit Magimel), directement inspiré du livre Mediator 150 mg combien de morts de la pneumologue Irène Frachon, lanceur d'alerte sur le scandale sanitaire de ce médicament coupe-faim.

La politique américaine en vedette

En cette année d'élection présidentielle américaine particulièrement tendue, nombre de réalisateurs se sont plongés dans le passé pour en tirer des leçons encore d'actualité.

Des figures marquantes de l'histoire américaine ont retrouvé vie au grand écran, dont Jacqueline Kennedy Onassis, interprétée par Natalie Portman, dans Jackie, et l'ancien président Lyndon B. Johnson dans LBJ. Et alors que la présidence de Barack Obama s'achève, ses années d'étudiant à New York sont rejouées dans Barry.

«Je ne sais pas si c'est une coïncidence cette année, avec l'élection présidentielle, qu'autant de gens aient voulu regarder en arrière. Mais il y a un énorme intérêt à se pencher sur des personnages historiques, à essayer de comprendre ce que de tels moments signifient dans l'Histoire et, dans une certaine manière, à les relier au présent», explique à l'AFP le codirecteur du Festival international du film de Toronto (TIFF), Piers Handling.

Le Festival débute jeudi avec en ouverture, le remake du western Les sept mercenaires, lui-même un remake de Les sept samouraïs d'Akira Kurosawa. Ce western, avec Denzel Washington, Chris Pratt, Ethan Hawke, Vincent D'Onofrio, Lee Byung-hun et Peter Sarsgaard, est «une intéressante métaphore de ce qui se passe actuellement aux États-Unis», estime M. Handling.

Le film raconte l'histoire «d'une communauté sous contrainte, sous une extrême pression, et comment la population se rassemble pour se défendre. C'est bien représentatif de la société américaine d'aujourd'hui», juge-t-il.

En écho avec l'actualité, la radicalisation des jeunes est scrutée par plusieurs films du Canada, d'Europe et d'Afrique, dont Nocturama, Ceux qui font les révolutions à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau, Layla M., Le ciel attendra ou encore Foreign Body.