À Toronto, le public peut voir le dernier film de Ridley Scott, mais aussi les séries française Les revenants ou islandaise Trapped: avec pour la première fois une section dédiée, la télévision étend son influence sur le festival de cinéma nord-américain.

«La convergence croissante entre télévision et cinéma nous a fait entrer dans une nouvelle ère de programmes de haute qualité pour le petit écran», estime Piers Handling, directeur du Festival de Toronto.

Pour lui, Toronto veut «braquer les projecteurs sur les interconnexions entre ces deux cultures». Une tendance épousée par d'autres festivals comme Berlin qui a créé cette année une section consacrée aux séries, ou Cannes, où ont été projetées ces dernières années les séries de Bruno Dumont P'tit Quinquin, de Jane Campion Top of the Lake ou d'Olivier Assayas Carlos.

S'il avait déjà franchi le pas il y a deux ans en projetant des épisodes de Burning Bush d'Agnieska Holland et de la série britannique Southcliffe, le festival a officialisé ce rendez-vous pour cette édition, sur laquelle le rideau retombe dimanche.

Six programmes ont été retenus, conçus pour des chaînes de télévision ou des plateformes de vidéo à la demande. Parmi eux, la série française Les revenants, dont deux épisodes de la saison 2, diffusée à partir du 28 septembre en France, sont projetés.

La fiction fantastique à succès de Canal+, récompensée par un International Emmy Award en 2013, est l'une des séries françaises qui s'exportent avec sa saison 1 vendue sur 114 marchés, dont le Royaume-Uni (Channel 4) et les États-Unis (Sundance TV).

Pour Caroline Benjo de Haut et court, l'une des productrices des Revenants, être à Toronto «est important parce que c'est un gros marché» avec «une exposition internationale non négligeable».

Mais, ajoute-t-elle, «les vendeurs internationaux en télévision ne sont pas à Toronto». «C'est vraiment une forme d'exposition de la série plus globale».

«Une question de durée»

Parmi les autres créations figure la série policière islandaise Trapped créée par Baltasar Kormakur, réalisateur du film à grand spectacle Everest avec Jake Gyllenhaal et Josh Brolin, qui a fait l'ouverture de la Mostra de Venise en début de mois.

Le cinéma et la télévision, «c'est la même chose. C'est juste une question de durée différente», a-t-il déclaré à l'AFP.

«Je pense que le cinéma et la télévision sont amis. Quand j'ai commencé dans le cinéma, ils étaient ennemis», mais maintenant «ils travaillent ensemble», a-t-il ajouté.

À noter également à Toronto, la série argentine CROMO de Nicolas Puenzo et Lucia Puenzo (Wakolda), présentée comme un «thriller écologique», l'américaine Heroes Reborn (suite de Heroes), ou encore Casual, du réalisateur canadien de Juno Jason Reitman. Réalisée pour la plateforme de vidéos en ligne Hulu, cette série raconte les déboires d'une psy récemment divorcée et de son frère.

Également au programme, le documentaire Keith Richards: Under the Influence, produit par Netflix, illustre l'influence croissante des plateformes de vidéos en ligne.

Le géant américain présente parallèlement à Toronto cette année son premier long métrage pour les salles obscures, Beasts of no Nation, drame sur les enfants-soldats de Cary Fukunaga, qui était en compétition à la Mostra de Venise et sera disponible uniquement sur Netflix, à l'exception de quelques salles aux Etats-Unis.

«Avec Amazon ou Netflix, il y a de nouveaux acteurs dans le secteur qui sont importants, ça va de pair avec l'intérêt porté aux séries télé», estime Isabelle Giordano, la directrice générale d'Unifrance.

«C'est un signal d'une industrie qui est en pleine mutation», assure cette responsable de l'organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le monde.