Des scientifiques, Stephen Hawking et Alan Turing, un musicien, Brian Wilson, un champion d'échecs, Bobby Fischer, et même le super trafiquant de drogue Pablo Escobar! Au Festival de Toronto, le 7e art s'empare plus que jamais de la vie de personnalités hors normes.

L'histoire du cinéma foisonne depuis toujours des biopics et les derniers exemples ont beaucoup fait parler d'eux à Cannes ou ailleurs, de Grace de Monaco à Diana, sans oublier les deux longs métrages consacrés cette année au couturier Yves Saint Laurent.

Autant de films qui peuvent aussi faire rêver les acteurs qui incarnent ces personnages dans la course aux prix, des festivals aux Oscars.

Ainsi à Toronto, les mathématiciens et astrophysiciens sont cités au tableau d'honneur avec deux productions solides et passionnantes sur des sujets plutôt abscons mais ici rendus accessibles.

Dans A Theory of Everything de James March, le spectateur découvre la vie intime de Stephen Hawking, ce scientifique fasciné par le temps et les origines de l'univers. Son livre Une brève histoire du temps est un best-seller mondial.

Brève, son existence aurait pu l'être: il est encore étudiant à Cambridge quand on lui diagnostique une dystrophie neuromusculaire. Les médecins lui donnent deux ans à vivre. La maladie a progressé au fil des ans et l'a laissé quasi complètement paralysé. Il est âgé aujourd'hui de 72 ans!

L'angle du film est de démontrer que sans l'énergie de sa femme Jane, qui lui a consacré 25 ans de sa vie, et lui a donné trois enfants, Hawking n'aurait pas pu accomplir son oeuvre.

Porté par les prestations des acteurs britanniques Eddie Redmayne (Les Misérables, My Week with Marilyn) et Felicity Jones (The Amazing Spider-Man 2), le film est une adaptation d'un livre écrit par Jane Hawking elle-même.

Incroyable destin

Rien de tel pour The Imitation Game, et l'incroyable destin du mathématicien Alan Turing. Cet homme, campé par l'impeccable Benedict Cumberbatch (12 Years a Slave, Le Cinquième pouvoir), a joué un rôle décisif pour briser les codes nazis, ceux de la fameuse machine Enigma, permettant selon les spécialistes, de précipiter la chute d'Hitler et de raccourcir la durée de la guerre de deux ans.

C'est lui encore qui posera les fondements de l'informatique moderne.

Mais voilà, Alan Turing, qui devra taire ses exploits pour des questions de sécurité internationale, est un être complexe et peu sociable. Il est aussi homosexuel, ce qui est illégal en Grande-Bretagne jusqu'en 1967.

Il sera condamné en 1952 pour outrages aux bonnes moeurs et contraint à la castration chimique. Deux ans plus tard il se suicidera à 41 ans.

Il faudra attendre décembre 2013 pour que la reine Elisabeth le gracie à titre posthume, à la plus grande satisfaction des scientifiques britanniques, parmi lesquels... Stephen Hawking.

Dans Pawn Sacrifice, Tobey Maguire incarne au bout de la folie le champion d'échecs américain Bobby Fischer, concentrant le film sur la partie du siècle qui l'opposa pour le titre mondial au Soviétique Boris Spassky. Un long métrage aux allures par moment de thriller, tant l'enjeu a dépassé les hommes et symbolisé en pleine Guerre froide la bataille entre les États-Unis et l'URSS.

C'est le processus créatif qui est abordé dans Love and Mercy, film sur Brian Wilson, leader du groupe mythique les Beach Boys, génie musical mais aussi drogué et malade mental.

Les acteurs américains Paul Dano et John Cusack prêtent leurs traits au musicien à des périodes différentes de sa vie. Des années de succès au difficile retour au premier plan.

Le public a ovationné le film projeté en présence de Brian Wilson.

Enfin Escobar: Paradise Lost décrypte le mécanisme de la puissance du célèbre trafiquant, campé par Benicio del Toro, vu par deux surfeurs canadiens qui vont se retrouver par hasard imbriqués dans le système.