Avec son dernier film, Jean-Marc Vallée a voulu rendre hommage à sa mère décédée il y a trois ans.

Dans Wild, une adaptation du bestseller autobiographique de Cheryl Strayed, la mère de la protagoniste, incarnée par Laura Dern, rappelle au réalisateur sa mère, qu'il a connue forte et joyeuse même durant son combat contre le cancer.

En entrevue avec La Presse Canadienne au Festival du film de Toronto (TIFF), il a confié avoir pleuré «comme un bébé» en lisant le livre et s'être alors dit qu'il allait l'adapter pour le grand écran, afin de rendre hommage à sa mère et à ce genre de femmes fortes.

Déjà, des rumeurs hâtives d'Oscar circulent autour de Reese Witherspoon, qui tient la vedette dans la production. Elle incarne Cheryl Strayed, qui tente de mettre derrière elle son passé trouble en entreprenant un pèlerinage de 1600 kilomètres sur le Chemin des crêtes du Pacifique.

Tout au long de ce voyage, elle se remémore sa défunte mère, Bobbi, qui l'encourageait toujours à tenter de donner le meilleur d'elle-même.

«Ma mère était une Bobbi, toujours tellement positive. Elle me répétait constamment des phrases comme "Tu peux le faire", "Ne t'en fais pas, la vie est bien faite et Dieu est là pour toi et la vie va s'occuper de toi"», a-t-il raconté, dans l'entrevue en anglais.

«Ces femmes fortes donnent leur vie à leurs enfants, les aiment jusqu'à s'oublier. Leur mission sur terre devient "Je vais être là pour eux". C'est rare de voir un homme dans cette position. Cela vient surtout des femmes, des mères. Oui, chez certains pères, c'est très fort. Je suis un père. Mais il y a quelque chose dans le lien avec la mère.»

Wild est également un hommage aux femmes comme Cheryl Strayed, soutient Jean-Marc Vallée.

«Quel personnage! Ce film porte sur une femme qui ne se définit pas à travers le regard d'un homme, qui n'est pas avec un homme riche, qui n'a rien», a-t-il expliqué.

Reese Witherspoon a dû travailler fort pour camper ce rôle, qui ne correspondait pas à ce qu'elle avait réalisé auparavant.

«Je ne me suis jamais vue d'une telle façon dans un film (...) Mais je me suis dit que si Cheryl pouvait être assez courageuse pour raconter toute son histoire, je me devais de l'être tout autant et de mettre de côté ma coquetterie», a expliqué l'actrice, qui a dû être filmée sans jamais être coiffée ni maquillée.

Le réalisateur l'a poussée à travailler comme elle ne l'avait jamais fait auparavant, a-t-elle relaté. «Il était tellement enthousiaste à propos des parties les plus terrifiantes», a-t-elle souligné. Vallée l'a notamment incitée à remplir son sac à dos pour qu'elle ait vraiment l'air de transporter des objets lourds, sans avoir à faire semblant.

«Je lui disais "Tu fais des blagues, n'est-ce pas?" (...) Mais c'était bien, finalement, parce que ça a vraiment changé ma façon de marcher, la façon dont ça creusait dans mes épaules, la rapidité à laquelle mon corps s'est fatigué de transporter cette chose», a-t-elle raconté.

L'an dernier au TIFF, le réalisateur montréalais présentait Dallas Buyers Club, qui a récolté six nominations aux Oscars, dont une dans la catégorie Meilleur film. Après Wild, il tournera un film avec Jake Gyllenhaal et Naomi Watts. Ce sera suivi d'une production française en septembre à Montréal. Son horaire des quatre prochaines années est déjà planifié, a-t-il affirmé.