François Girard marque son retour au cinéma avec un film destiné à plaire à un plus large public. Grâce à Boychoir, il a enfin trouvé le moyen de travailler avec Dustin Hoffman.

« Je crois avoir vécu la plus belle soirée de première de ma vie ! » Ainsi s'exclamait François Girard lors d'un entretien accordé hier à La Presse.

La projection de gala de Boychoir, sa nouvelle offrande, a en effet été marquée par une ovation. Et a suscité de réels élans d'affection. Il est vrai que ce film entièrement produit aux États-Unis a tout pour plaire aux foules. Un crowd pleaser, comme on dit ici. Le récit évoque une histoire édifiante dont l'esprit n'est certes pas sans rappeler celle de Dead Poets Society. Et puis, il y a Dustin Hoffman. Ce dernier offre une composition vibrante dans le rôle d'un maître de chorale émérite qui saura reconnaître le potentiel d'un jeune garçon troublé (Garrett Wareing).

Hoffman et Girard se tournaient autour depuis un bon moment, semble-t-il. Admirateur du Violon rouge,l'acteur avait même sollicité une rencontre avec le metteur en scène il y a une douzaine d'années.

« Cela devait être une rencontre d'affaires de 50 minutes, se souvient François Girard. Finalement, je suis resté chez lui 36 heures ! Nous nous sommes tout de suite bien entendus et nous avons travaillé à l'époque sur un projet qui ne s'est malheureusement jamais concrétisé. Quand je suis tombé sur le scénario deBoychoir, j'ai tout de suite vu Dustin dans le rôle du mentor. Il fallait un acteur pouvant avoir l'air très sévère, mais dont on sent aussi l'humanité derrière la dureté. Peu d'acteurs peuvent traduire cela avec autant d'aisance que Dustin. »

Le premier amour

Boychoir marque aussi le retour d'un cinéaste qui n'avait rien tourné depuis Silk, il y a sept ans. Très sollicité à titre de metteur en scène de grands spectacles et d'opéras, Girard a en outre dirigé deux spectacles du Cirque du Soleil au cours des dernières années (Zed et Zarkana). Il a aussi monté l'opéra Parsifal de Wagner au Metropolitan Opera de New York l'an dernier.

« Mon premier amour reste toutefois le cinéma, dit-il. Je me suis levé un matin en état de manque. Et le scénario de Boychoir est arrivé. Je ne pouvais pas rater l'occasion, car je trouvais l'histoire du film touchante. Elle donnait aussi beaucoup d'espace à l'aspect musical. »

Le réalisateur est d'ailleurs tellement sensible à cet élément du film qu'il en a assumé lui-même la fonction de producteur musical.

Voilà d'ailleurs l'aspect qui assure la réussite d'un long métrage qui, autrement, ne se distinguerait guère de tous les autres films du même genre. Ben Ripley (Source Code) a écrit un scénario pour le moins prévisible, mais qui, dans les circonstances, se révèle néanmoins efficace. Autour de Dustin Hoffman et du jeune Wareing, Girard réunit une distribution remarquable, de laquelle fait notamment partie Kathy Bates. Dans le rôle de la directrice de l'établissement, l'actrice fait flèche de tout bois, particulièrement dans les scènes où elle donne la réplique à Hoffman.

Et puis, il y a cette musique, tout simplement divine, interprétée par des voix d'anges. Elle donne profondeur à un récit qui, sans elle, en serait resté au stade du cliché.

La sortie en salle de Boychoir est prévue en 2015.

Le «péril» internet

Échaudé par l'échec de Labor Day l'an dernier, un mélo qui marquait une rupture de ton étonnante, Jason Reitman (Juno, Up in the Air) s'est vite lancé dans l'adaptation d'un roman de Chad Kultgen pour retrouver ses marques. Le thème de Men, Women & Children est fort intéressant : l'impact de nos vies virtuelles sur nos vies réelles, peu importe la génération dont nous faisons partie. La première heure du film, formidable, emprunte ainsi les allures d'un film choral. On nous propose alors un portrait d'individus dont les vies sont constamment ponctuées de textos, de tweets, de statuts de toutes sortes et pour qui la vie virtuelle semble beaucoup plus excitante, particulièrement sur le plan sexuel.

Hélas, tout se gâte dans la dernière partie du récit. Reitman se fait alors moraliste. Et pour bien enfoncer le clou à propos des périls de cette invention diabolique qu'est l'internet, chacune des histoires se termine de façon tragique. Le message ne pourrait être plus appuyé.

Lors d'une conférence de presse tenue hier, Adam Sandler, qui interprète (très bien !) un homme marié qui compense l'absence de vie sexuelle dans son couple en visitant des sites pornos, a déclaré qu'il faudrait bien se pencher sur le problème un jour.

« Il faut simplement arrêter de se masturber un moment et y réfléchir », a-t-il conclu.

Men, Women & Children prend l'affiche le 17 octobre.