Il est depuis 2012 directeur artistique du Festival international du film de Toronto (TIFF), l'un des plus importants festivals de cinéma du monde, et celui qui lance traditionnellement en septembre la «course» annuelle aux Oscars.

Cameron Bailey, programmateur au TIFF depuis 1990, était auparavant son codirecteur (avec Piers Handling) depuis 2008. Suave dandy, toujours tiré à quatre épingles, et figure incontournable de la scène culturelle torontoise, dont le TIFF, et son quartier général le Bell Lightbox, sont des pierres angulaires.

«Le TIFF est l'événement culturel le plus grand et le plus visible de la ville, dit-il. Mais le Festival n'a pas fait de Toronto ce qu'il est aujourd'hui. Nous avons grandi ensemble.»

Toronto était une ville réservée et conservatrice lorsque Cameron Bailey y a émigré à l'âge de 8 ans, en provenance de Londres (où il est né) et de la Barbade, où il a vécu un temps avec ses grands-parents.

«Dans les années 70, les pâtes italiennes étaient encore considérées comme des plats exotiques! dit-il. Manger des mets chinois ou indiens était exceptionnel. Mais Toronto a évolué doucement au gré de son accueil de populations immigrantes. La ville s'est ouverte, est devenue plus progressiste, en embrassant sa diversité. Aujourd'hui, la moitié de la population de Toronto est née à l'extérieur du Canada.»

Cameron Bailey, diplômé en lettres de l'Université Western, a été journaliste et critique de cinéma - notamment au magazine NOW - avant de devenir programmateur au TIFF. Il a vu le Festival grandir et s'affirmer sur la scène internationale, tout en solidifiant sa base locale de spectateurs.

«Je le dis avec fierté: le public torontois est l'un des meilleurs publics de cinéma au monde. C'est un public informé, mais pas snob, qui accueille autant les stars hollywoodiennes que les grands cinéastes internationaux.»

Le TIFF, qui compte aujourd'hui parmi les quatre grands festivals de cinéma de la planète (avec Cannes, Berlin et Venise) a élu domicile depuis quelques années dans l'ultra-moderne Bell Lightbox, où se tiennent à longueur d'année des projections, rétrospectives et expositions liées au septième art.

«Le Lightbox est situé dans le centre culturel de la ville, près des musées. Il fait partie d'un écosystème. Le centre-ville s'est beaucoup développé récemment avec la construction de condominiums. Le quartier ne se vide pas le soir comme ailleurs, au profit des banlieues. Il y a une nouvelle vie dans le centre-ville, et le Lightbox est au coeur de cette vie.»

Cameron Bailey a beau être un acteur important du foisonnement culturel de sa ville, c'est à ses artistes - le cinéaste Atom Egoyan, le rappeur Drake - ainsi qu'à certains politiciens courageux (il cite Jack Layton et sa veuve Olivia Chow, mais pas le maire Rob Ford...), que l'on doit selon lui l'essence de ce qu'est Toronto.

«Nous n'avons pas souvent l'occasion d'être fiers de nos équipes sportives! dit-il en riant. Mais nos musiciens, nos cinéastes, nos écrivains nous font honneur. Toronto n'est plus la ville engoncée dans un carcan d'une autre époque. C'est une ville ouverte, cosmopolite et décomplexée.»

Photo: La Presse Canadienne

En plus de projeter des films, le Lightbox accueille des expositions, comme celle-ci, consacrée à l'univers de la série X-Men.