Avec Carmen & Lola, l'Espagnole Arantxa Echevarria signe un premier long métrage évoquant avec beaucoup de sensibilité et d'humanité une histoire d'amour au féminin dans le milieu gitan où l'homosexualité est particulièrement taboue.

Projeté ce mardi à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes, candidat à la Caméra d'or qui récompense le meilleur premier film des sélections du Festival, ce long métrage réunit essentiellement des acteurs amateurs recrutés au sein de la communauté gitane de Madrid au terme d'un casting difficile de six mois en raison du thème du film.

«Dès le début, nous savions que nous devions coller à la réalité. Il y a peu d'actrices et d'acteurs gitans car ils sont rarement poussés dans cette voie artistique», a expliqué Arantxa Echevarria dans ses notes d'intention.

Le plus compliqué a été de trouver pour les rôles principaux deux adolescentes gitanes prêtes à s'engager dans le projet «malgré la marginalisation dont le film pourrait souffrir», a ajouté la réalisatrice inspirée par une histoire vraie.

Le premier mariage lesbien a été célébré en Espagne, à Grenade, en 2009. Les épouses, gitanes, avaient fait part dans la presse du rejet dont elles ont fait l'objet dans leur communauté dès leur liaison connue.

Dans le film, Carmen est destinée à reproduire un schéma qui se répète de génération en génération, comme toutes les femmes gitanes: se marier et avoir des enfants. Jusqu'au jour où l'adolescente croise le regard de Lola, du même âge qu'elle.

«J'ai voulu représenter la culture gitane avec respect et pudeur. Je voulais que notre caméra voit sans juger alors que dans le même temps ces mêmes images mettent dans la situation difficile de prendre parti. Il est impossible de rester neutre», estime la cinéaste.

Les deux actrices principales sont rayonnantes à l'écran: Zaira Romero (Lola), 16 ans, n'avait jamais tourné tout comme Rosy Rodriguez (Carmen), 17 ans, 897e candidate du casting. Elle a été réellement mariée à 15 ans, avant de quitter son mari six mois plus tard.

Malgré ses premiers émois pour Lola, Carmen ne renonce pas à ses fiançailles organisées dans la communauté gitane avec les mêmes fastes que le mariage, tandis que la religion est très présente.

Lola qui consulte des sites de rencontres en cachette dans un cybercafé, refuse pour sa part un destin tout tracé sous l'autorité d'un mari. Petit à petit, l'idylle s'installe entre les deux adolescentes, une «abomination» selon les deux familles qui la découvriront par hasard.

Un autre film évoque à Cannes une romance entre deux jeunes femmes: Rafiki, premier film kényan sélectionné sur la Croisette mais censuré dans son propre pays.