Notre envoyé spécial sur la Croisette fait le compte rendu des dernières nouvelles du Festival de Cannes.

Une affaire de famille (en compétition)

Hirokazu Kore-eda n'est certes pas un inconnu auprès des festivaliers cannois. Tous les films du cinéaste nippon, ou presque, ont été lancés ici. Nobody Knows, l'un de ses meilleurs films, était reparti bredouille en 2004, mais Tel père, tel fils lui a valu un prix du jury il y a cinq ans. Il est en lice pour la Palme d'or pour la cinquième fois. Ses plus récents films ayant souvent versé dans des excès de sentimentalité, il y avait tout lieu de craindre les mêmes travers à la lecture du synopsis de son nouveau film: une famille aux activités un peu délinquantes recueille chez elle une petite fille qui semble avoir été laissée à elle-même. Or, le réalisateur a cette fois fait preuve de retenue et nous propose un film mignon sans être mièvre, touchant sans être racoleur. Les enfants sont admirablement dirigés, et l'interprétation de Sakura Andô, formidable dans le rôle d'une mère de substitution, pourrait bien se faire remarquer du jury. Une belle carrière internationale attend sans doute ce film.

Asako I & II (en compétition)

Un autre film venu du Japon a été présenté en compétition hier. D'un style tout fait différent, Asako I & II (Netemo Sametemo) est une réalisation de Ryûsuke Hamaguchi, un cinéaste qui s'est fait remarquer sur la scène internationale grâce son film précédent, Senses, qui avait obtenu deux prix au festival de Locarno en 2015. Hélas, on n'attendra pas un sort identique cette fois. D'un point de départ intéressant, Hamaguchi accouche d'un film qui ne marquera les esprits d'aucune façon, et on se demande franchement ce qu'il est venu faire dans la compétition. C'est d'autant plus dommage que cette histoire d'une jeune femme qui choisit de vivre, en dépit de la différence de personnalité, avec la copie conforme d'un amant qu'elle a déjà eu (Masahiro Higashi dans les deux rôles), aurait pu être mieux traitée, plus creusée. Sur le plan scénaristique, le point de rupture est atteint assez rapidement quand Asako - c'est le prénom du personnage principal qu'interprète Erika Karata - apprend sept ans plus tard que son premier amant est devenu l'une des stars les plus en vue du Japon ! La crédibilité de l'histoire s'effondre alors en un instant. La réalisation ne transcende rien non plus. Bref, on oublie ce film pour lequel, étrangement, une entente de distribution est déjà conclue pour le territoire québécois, par l'entremise de MK2 | Mile End.

Photo fournie par le Festival de Cannes

Asako I & II (Netemo Sametemo), de Ryûsuke Hamaguchi