Des marginaux qui chapardent dans les magasins recueillent une fillette maltraitée et s'improvisent en famille recomposée. Le Japonais Hirokazu Kore-Eda a ému lundi le Festival de Cannes avec une nouvelle exploration des liens familiaux, son thème de prédilection.

Dans Une affaire de famille, en lice pour la Palme d'or, il est difficile de comprendre qui est la mère? Qui est le père? Qui est l'enfant de qui? Ou la soeur? Seule certitude dans cette famille à la généalogie opaque, une grand-mère roublarde et aimant l'argent règne sur ce petit monde. Autour d'elle, gravite un couple abonné au vol à l'étalage, une jeune femme travaillant dans un peep show et un garçon déscolarisé.

Un soir, ils recueillent une fillette errant dans la rue et ont font un membre à part entière de leur famille d"affreux, sales et méchants».

Au lieu de traiter cet enlèvement comme un fait divers, Kore-Eda en fait la matière pour une chronique à la fois tendre et cruelle.

«C'est peut-être un film plus social que les précédents mais le point d'entrée reste la famille», a affirmé le cinéaste, grand habitué de la Croisette, lundi en conférence de presse.

Les personnages, souligne-t-il, «ont déjà vécu l'échec dans une première famille, ont échoué en couple et se retrouvent à vouloir commencer, à vouloir reformer une famille qui fonctionne mieux que la précédente.»

Le prolifique cinéaste - son précédent film The Third Murder vient de sortir en France - a de nouveau fait appel à l'actrice Kirin Kiki. Celle qui apparaît dans tous ses films s'apparente pour lui à une «maman de cinéma». Elle joue ici la grand-mère. À ses côtés, Sakura Ando émeut en mère aux motivations troubles.

Comme dans Nobody Knows qui le fit découvrir à Cannes en 2004, Kore-Eda fait une nouvelle fois tourner des enfants qu'il filme avec tendresse, s'attardant sur leurs petits pieds ou leur regard dans le vide.

Mêlant veine sociale et description des rapports familiaux, il est souvent comparé au géant du cinéma japonais Yasujiro Ozu, même s'il se réclame plutôt de Ken Loach pour sa façon de «sublimer des personnages ordinaires».

Le Japonais avait remporté le Prix du jury en 2013, avec Tel père, tel fils.