Notre envoyé spécial sur la Croisette fait le compte rendu des dernières nouvelles du Festival de Cannes.

Heureux comme Lazzaro (en compétition)

Quatre ans après avoir obtenu le Grand Prix grâce à son film Les merveilles, Alice Rohrwacher est de retour sur la Croisette avec un film encore plus engageant, plus maîtrisé. La réalisatrice italienne, qui signe ici un troisième long métrage, s'inscrit dans la plus grande tradition du cinéma de son pays en insérant dans son récit, campé dans un décor très réaliste, des touches de fantaisies poétiques que ne renieraient certainement pas ses prédécesseurs, Fellini en tête. Cette fois, elle nous entraîne dans une communauté rurale vivant hors du temps, dans une petite maison où habitent pas moins de 26 membres de la même famille, tous exploités par une marquise (Nicoletta Braschi) agissant en souveraine auprès d'eux. Le récit est construit autour du personnage de Lazzaro (Adriano Tardiolo), un jeune homme angélique dont tout le monde exploite la bonté. À la faveur d'une nouvelle amitié, ce dernier trouvera cependant le moyen de faire le pont avec le monde moderne, d'une façon tout à fait surprenante. Le portrait est magnifique, les personnages sont plus vrais que nature, et le film, sans en avoir l'air, raconte aussi une chose ou deux de notre époque. Ne soyez pas étonnés si Lazzaro Felice se retrouve quelque part au palmarès samedi prochain.

Le grand bain (hors compétition)

Prenez l'Idée de départ de The Full Monty, brassez-la avec la tradition française du film de potes à la Claude Sautet, saupoudrez le tout d'un humour vache à la Splendid, et vous obtenez quelque chose qui ressemble au Grand bain. Ce film, réalisé par le comédien Gilles Lellouche (il ne s'est pas donné de rôle), ne s'inscrira d'aucune façon dans la grande histoire du cinéma, mais se révèle d'une redoutable efficacité, et ponctué de gags qui font mouche. Mathieu Amalric, Benoît Poelvoorde, Guillaume Canet, Jean-Hugues Anglade, Philippe Katerine et quelques autres se retrouvent ainsi à camper des hommes au mi-temps de l'âge qui forment une équipe masculine de nage synchronisée. Évidemment, cette idée aurait pu prêter flanc à des gags faciles, qui surviennent parfois, mais le récit est quand même assez fin pour éviter ce genre de pièges. Il convient d'ailleurs de souligner la qualité des personnages féminins, notamment ceux interprétés par Marina Foïs, Virginie Efira et Leila Bekhti. La production semble s'en être aussi donné à coeur joie du côté de la trame musicale, composée essentiellement de tubes des années 80, de Tears for Fears à Imagination, en passant par Vangelis et son thème de Chariots of Fire. À quand remonte la dernière fois où nous avions entendu le Physical d'Olivia Newton-John, déjà?

Le grand bain sera distribué au Québec par la société MK2 | Mile End. Aucune date de sortie n'est encore fixée.