La principale organisation internationale de critiques de cinéma exprime à son tour son inquiétude concernant la possible fin des avant-premières pour la presse au festival de Cannes, cinq jours après le syndicat français de la critique, dans une lettre adressée aux organisateurs.

«Nos membres s'inquiètent des effets de ces changements sur leurs conditions de travail. Pourriez-vous être assez aimable pour nous informer, en détail, des conditions des projections de presse cette année?», demande la Fédération internationale des critiques de cinéma (Fipresci), dans un lettre adressée à Thierry Frémaux, délégué général du festival, et au service de presse du festival.

La Fipresci, qui représente des associations de 52 pays, demande que les journalistes soient «informés le plus rapidement possible, afin de s'adapter aux changements et prendre des mesures» pour ne pas retarder la diffusion de leurs critiques.

Face à ce projet, la présidente de la Fipresci, Alin Tasciyan, suggère «d'imposer un embargo» sur la diffusion des articles qui permettrait de maintenir les projections de presse en avant-première.

Interrogé par l'AFP, Thierry Frémaux n'a pas souhaité s'exprimer.

Le délégué général du festival de Cannes a annoncé il y a une semaine plusieurs changements pour la prochaine édition (8-19 mai).

Il expliquait notamment que la presse découvrirait les films en sélection officielle en même temps que la première mondiale dans la soirée, alors que les journalistes pouvaient jusqu'à présent voir les films dès le matin, voire la veille au soir.

Thierry Frémaux a expliqué vouloir ainsi «redonner toute leur attractivité et tout leur éclat aux soirées de gala» avec les équipes des films après la traditionnelle montée des marches.

Les réticences de la Fipresci interviennent quelques jours après celle du Conseil d'administration du Syndicat français de la critique de cinéma (SFCC) et du Club Média Ciné qui rassemblent des journalistes cinéma.

Ces deux organisations françaises craignent que la nouvelle grille de programmation du festival nuise à «la qualité de la couverture» globale de la manifestation.

«L'annonce de la nouvelle grille nous semble préoccupante. Le travail des journalistes critiques de la presse quotidienne papier, des sites internet, des agences de presse, de la radio et de la télévision en sera impacté», ont déploré le SFCC et le Club Média Ciné.

«Nous entendons bien la volonté de revenir à de véritables premières mondiales, mais dans les conditions annoncées, les conséquences seraient néfastes pour la qualité de la couverture médiatique, donc pour l'image du Festival et pour le Festival lui-même», ont-ils ajouté.

Ils ont aussi suggéré la mise en place de projections sous embargo pour permettre le travail des journalistes, sous peine de «revoir à la baisse leur couverture du festival».