À une semaine du 70e Festival de Cannes, le tapis rouge est prêt à être déroulé pour la crème du 7e art et ses stars, de Michael Haneke à Nicole Kidman, mais aussi pour Netflix dont la présence en compétition fait polémique.

Sur la Croisette, où se tiendra le plus grand évènement du cinéma mondial du 17 au 28 mai, le géant américain du streaming endosse déjà le rôle de l'invité encombrant. Les exploitants des salles françaises se sont émus que ses deux films, The Meyerovitz Stories de Noah Baumbach et Okja de Bong Joon-Ho, soient sélectionnés parmi les 19 longs métrages qui brigueront la Palme d'or.

Distribués par la plateforme aux 100 millions d'abonnés, les deux oeuvres ne peuvent théoriquement pas bénéficier en France d'une sortie en salles et d'une diffusion en ligne concomitante, en raison d'une réglementation particulière. Et les exploitants craignent même que ces deux films ne sortent jamais en salles en France.

Soucieux d'éteindre le début d'incendie, Netflix a dit chercher un compromis qui permettrait la sortie des deux films en salles «pour une durée limitée, en même temps» qu'une diffusion sur la plateforme. Pour l'heure, aucune solution n'a été trouvée et la rumeur d'un retrait des deux films de la compétition commence à enfler.

Stars en séries

Ce qui ne devrait pas empêcher le festival de célébrer dignement ses 70 ans. «On veut que tous nos amis soient là et venus de partout: des Palmes d'or, des présidents de jurys, mais pas seulement: les artistes vivants qui ont fait le festival de Cannes», souhaite son délégué général Thierry Frémaux, qui promet une «belle montée de marches».

David Lynch et Jane Campion y seront, mais, surprise, c'est aussi par le biais d'une série qu'ils feront leur grand retour à Cannes. Preuve que le festival évolue en s'ouvrant à de nouveaux formats comme pour la réalité virtuelle, avec le court métrage Carne y Arena du Mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu.

Lynch présentera les deux premiers épisodes de la 3e saison de Twin Peaks, sa série culte créée il y 27 ans, dont la distribution s'est étoffée aux côtés de Kyle MacLachlan, avec Naomi Watts, Laura Dern, Tim Roth ou encore Monica Bellucci. Caution glamour du Festival, l'Italienne sera d'ailleurs la maîtresse des cérémonies d'ouverture et de clôture.

Campion proposera elle l'intégralité de la saison 2 de Top of the Lake. Elizabeth Moss y reprendra son rôle d'enquêtrice face à Nicole Kidman, qui sera la star incontournable de cette 70e édition.

L'Australienne défendra également trois films, Les proies de Sofia Coppola et The Killing of a Sacred Deer du Grec Yorgos Lanthimos, en lice pour la Palme d'or, et How to Talk to Girls at Parties de l'Américain John Cameron Mitchell (hors compétition).

Triplé pour Haneke?

Qui parviendra à séduire Pedro Almodovar et son jury, Will Smith, Jessica Chastain, Agnès Jaoui, Fan Bingbing, Maren Ade, Park Chan-Wook, Paolo Sorrentino, Gabriel Yared?

Deux fois palmé avec Le ruban blanc et Amour, l'Autrichien Michael Haneke pourrait entrer au Panthéon cannois avec Happy End, qui évoque la crise des migrants.

Côté réalisateurs français, on retrouvera François Ozon (L'amant double), Jacques Doillon (Rodin avec Vincent Lindon), Robin Campillo (120 battements par minute) et Michel Hazanavicius, dont Le redoutable évoque le Jean-Luc Godard de mai 1968.

En pleine vague de contestations en France, Godard, François Truffaut, Claude Berri, Claude Lelouch veulent l'arrêt du Festival. Roman Polanski s'y oppose.

Polanski sera d'ailleurs à Cannes cette année pour présenter D'après une histoire vraie, avec Emmanuelle Seigner et Eva Green. Le Franco-Polonais s'était retrouvé en janvier au centre d'une polémique liée à une affaire de viol de mineure il y a 40 ans. Il avait dû renoncer à présider la cérémonie des Césars, les récompenses du cinéma français.