De Paolo et Vittorio Taviani à Benny et Josh Safdie, le cinéma est une affaire de frères au point que trois fratries de réalisateurs ont déjà remporté la Palme d'or.

Les Taviani, les précurseurs

En 1977, la Palme d'or est pour la première fois décernée à un duo de réalisateurs, Vittorio et Paolo Taviani, pour Padre Padrone.

«Nous sommes comme le café au lait... Impossible de dire où finit le café et où commence le lait!», disent les deux frères, affecteuseument surnommés «Paolovittorio» par Marcello Mastroianni.

Chantres d'un cinéma humaniste et littéraire, parmi les derniers géants du 7e art italien, les Taviani, nés respectivement en 1929 et 1931, ont écrit et réalisé à quatre mains une vingtaine de films.

Les Dardenne, duo de Palmes

Réalisateurs, scénaristes et producteurs, «les frères» Dardenne - on prend rarement la peine de distinguer Jean-Pierre (né en 1951) de son cadet Luc (né en 1954) - font partie du cercle restreint des réalisateurs deux fois palmés, pour Rosetta en 1999, puis L'enfant en 2005.

Leur producteur, Denis Freyd, le «troisième frère», a joliment résumé cette collaboration singulière: «Un + un, cela fait plus que deux».

Les Coen, président bicéphale

Palme d'or en 1991 pour Barton Fink, les inséparables frères Coen sont les seules personnalités à avoir assuré une présidence «bicéphale» du jury du festival de Cannes, en 2016.

«Ils communiquent par téléphathie», avait dit d'eux Paul Newman, qui avait joué sous leur direction dans Le grand saut (1994).

Dans la pratique Joel (né en 1954) s'occupe de la réalisation, et Ethan (né en 1957) de la production. Ils assurent l'écriture et le montage à quatre mains.

Les Wachowski, de frères à soeurs

Révélés par le sulfureux Bound (1996), film très noir sur fond de romance saphique, les frères Wachowski ont donné un coup de jeune à la science-fiction, avec la trilogie Matrix (1999 à 2003).

Après ce succès mondial, les deux réalisateurs et scénaristes ont décidé tour à tour de changer de sexe. Larry, né en 1965, est devenu Lana à partir de 2010. Puis Andrew, né en 1967, a pris le nom de Lilly en 2016. Les deux soeurs continuent de travailler ensemble.

Les Farrelly, rois de la comédie américaine

Nés respectivement en 1956 et 1958, Peter et Bobby Farrelly se sont imposés comme les rois de la comédie potache aux États-Unis dans les années 90 avec Dumb & Dumber (1994), Mary à tout prix (1998) et Fous d'Irène (1999).

«De toute façon, à Hollywood, c'est un atout. (...) Face à toutes ces pressions de financiers qui veulent sans arrêt refaire le succès de la saison précédente, quand un de nous deux flanche, l'autre est toujours là pour tenir bon. C'est peut-être grâce à cette solidarité fraternelle que beaucoup d'auteurs qui parviennent à imposer un style très reconnaissable sont des frères, comme les Coen ou les Wachowski», disait Bobby en 2004 aux Inrockuptibles.

Les Safdie, futurs frères de Palme?

Déjà invités à deux reprises à la Quinzaine des réalisateurs, Josh (né en 1984) et Benny (né en 1986) Safdie sont pour la première fois en compétition officielle avec Good Time.

Nouvelles coqueluches d'un cinéma new-yorkais indépendant se réclamant de Cassavetes, Josh - par ailleurs peintre - et Benny - photographe - disent nourrir leur travail de leurs différences artistiques.

«On tire dans différentes directions. On se recentre mutuellement. C'est un bel équilibre», a confié Benny au magazine Variety en 2014.

Les Français Arnaud et Jean-Marie Larrieu (Peindre ou faire l'amour, 21 nuits avec Pattie), Delphine et Muriel Coulin (Dix-sept filles, Voir du pays) ou les jumeaux américains Albert et Allen Hughes (Menace II Society, From Hell) ont également choisi de réaliser en binôme avec leur frère/soeur.

Photo archives AP

Lana (ex-Larry) et Andy (maintenant Lilly) Wachowski