Robert Favre Le Bret, Gilles Jacob, Thierry Frémaux: oeuvrant dans les coulisses et accueillant les stars en haut du tapis rouge, ces hommes ont fait de Cannes le plus grand festival du monde.

Robert Favre Le Bret, diplomate obstinéRobert Favre Le Bret (1904-1987) a porté Cannes sur les fonts baptismaux.

Ancien journaliste, il s'occupait des questions artistiques et culturelles au Commissariat au tourisme lorsque lui a été confié le poste de secrétaire général pour la première édition du festival en 1946. Nommé délégué général l'année suivante, il en est devenu le président de 1972 à 1983.

En 38 ans de festival, ce diplomate obstiné et avisé l'a vu passer d'une petite fête - 600 personnes - à un gigantesque marché - plus de 40 000 personnes.

Sa plus grande victoire: avoir réussi à faire sortir d'Union soviétique Andrei Roublev d'Andrei Tarkovski, que les autorités de ce pays refusaient de montrer en Occident et qu'il a pu présenter à Cannes hors compétition en 1969.

Il a su également élargir la manifestation, donnant par exemple carte blanche à l'Association française de la critique de cinéma en 1962 pour qu'elle crée une nouvelle section, la Semaine de la critique.

En 1969, après le vent de contestation de mai 1968 qui avait obligé le Festival à se terminer plus tôt que prévu, il a autorisé la création de la Quinzaine des réalisateurs, section défricheuse de talents.

Gilles Jacob, le grand chambellan

Éternel homme en smoking accueillant les stars en haut des marches, il a été pendant une trentaine d'années le grand chambellan du Festival de Cannes.

Cinéphile dès l'adolescence avant de devenir critique, Gilles Jacob, né en 1930, a couvert son premier festival de Cannes en 1964.

Il a rejoint l'équipe en 1976, d'abord comme délégué général adjoint, avant de devenir deux ans plus tard délégué général responsable de la fameuse sélection des films en compétition, puis d'obtenir la présidence du festival de 2001 à 2014.

Il a fait de cet éminent rendez-vous glamour une référence indiscutable de la cinématographie à l'échelle planétaire sans négliger ni la création ni le business. Il a aussi favorisé à Cannes la présence des médias.

Sous son «règne» ont été créés la Caméra d'or (récompensant une première oeuvre), Un certain regard (section plus pointue de la sélection officielle) ou la Cinéfondation (pour accompagner les jeunes cinéastes).

Gilles Jacob a aussi contribué à façonner la légende du festival en racontant ses coulisses à travers des livres et documentaires.

Thierry Frémaux, sélectionneur tout-puissant

Peu connu du grand public mais tout-puissant dans le monde du cinéma, Thierry Frémaux, 56 ans, choisit depuis 2001 les films en sélection officielle au Festival de Cannes.

Entré à Cannes comme délégué artistique, il est devenu délégué général en 2007.

Également directeur de l'Institut Lumière, la cinémathèque de Lyon, son style est très différent de celui de Gilles Jacob, à qui il a succédé en tant que sélectionneur. Discret, il préfère jouer les hommes de l'ombre.

Ce cinéphile intransigeant voit quatre à six films par jour et plus de 800 par an dans ses bureaux parisiens et jusqu'en Corée ou au Brésil où il hume les nouveaux talents.

Il est réputé pour son patient travail de relations avec des cinéastes, dont certains sont devenus des proches.

À son arrivée, Thierry Frémaux a eu à coeur de faire revenir les majors américains et d'ouvrir le festival au cinéma de genre et l'animation.

Pierre Lescure, le nouveau «patron»

Homme de télévision, Pierre Lescure a été élu en 2014 à la présidence du festival.

Ce Parisien gouailleur et direct, qui n'a pas encore eu le temps d'imprimer sa marque sur le festival, a déjà une longue histoire avec le cinéma.

Né en 1945, d'abord journaliste de radio puis de télévision, il a connu une carrière fulgurante en cofondant, à 39 ans, la première chaîne payante française, Canal+, omniprésente dans le cinéma.

Il a également codirigé au tournant de l'an 2000 Vivendi Universal, maison-mère des studios Universal.