Elle était attendue, elle est venue. Pour sa toute première visite à Cannes, Julia Roberts était resplendissante. Et visiblement heureuse de vivre l'expérience en compagnie de Jodie Foster, George Clooney et l'équipe de Money Monster. La journée a aussi été marquée par les retombées d'une blague de mauvais goût...

En temps normal, un thriller comme Money Monster aurait difficilement pu trouver une place de choix dans une sélection cannoise. Mais voilà. Le film met en vedette Julia Roberts, George Clooney, et il est réalisé par Jodie Foster. On peut comprendre les organisateurs d'avoir déroulé le tapis rouge à ce film efficace, de forme classique, qui, ici, est présenté hors concours. 

Bien entendu, la présence de ces trois superstars aura vampirisé hier toute l'attention. À cet égard, personne n'a été déçu. George Clooney maîtrise parfaitement l'art de la conférence de presse, Julia Roberts était tout sourire et sincèrement ravie d'être là et Jodie Foster est toujours aussi brillante.

La réalisatrice, qui a vécu sa première expérience cannoise il y a 40 ans (c'était l'année où Taxi Driver a décroché la Palme d'or), s'est d'ailleurs inscrite en faux contre la notion qu'un film comme Money Monster n'a pas besoin d'une vitrine festivalière pour se faire valoir.

«Il est vrai que ce film est produit par un grand studio et qu'il bénéficie d'une large diffusion, a-t-elle fait remarquer. Mais un thriller destiné au grand public peut aussi être intelligent et faire réfléchir. Et les grands studios en produisent de moins en moins.»

Une dénonciation

Sorte de croisement entre Network et Dog Day Afternoon dont l'intrigue serait campée à notre époque, Money Monster relate l'histoire d'un désespéré ayant tout perdu après avoir suivi les conseils d'investissement de l'animateur vedette d'une émission financière.

George Clooney, qui incarne cet animateur vedette, voit notamment en ce film une dénonciation de l'information spectacle. Et des dérives qu'elle entraîne.

«Il n'y aura pas de président Donald Trump. La peur ne mènera pas notre pays. Nous ne craignons pas les musulmans, ni les immigrants ni les femmes!»

L'acteur impute quand même la montée du phénomène Trump à l'implantation de l'information spectacle, particulièrement dans les chaînes d'infos continues.

«La manière dont nous nous informons est un désastre, a-t-il ajouté. Trump est, de bien des façons, le résultat de médias d'information qui n'ont pas osé le relancer sur ses propos ni lui poser de vraies questions. CNN montre un podium sur lequel il va discourir 30 minutes plus tard plutôt que de parler de la crise des réfugiés. Et ses cotes d'écoute montent en flèche!»

Aussi trouve-t-il un film comme Money Monster très pertinent parce qu'il évoque comment le point de bascule entre l'information et le spectacle peut entraîner de sérieux dérapages.

«C'est un très grave problème, a commenté celui qui a notamment réalisé Good Night, and Good Luck. Auparavant, il était entendu que les services de nouvelles des réseaux n'étaient pas là pour faire des profits. Le mandat était de donner une information basée sur des faits. Ce n'est plus le cas. Personne n'aurait pu croire qu'on en arriverait là un jour.»

De son côté Julia Roberts a déclaré qu'elle n'entretenait aucun désir de passer à la réalisation et qu'elle n'avait pas l'intention d'imiter ses deux illustres collègues.

«Je suis très flattée qu'on puisse penser que je puisse le faire, mais non, je ne veux pas. Je n'ai pas cette intelligence intellectuelle et, surtout, je n'ai pas la patience. Je me vois mal répondre à plus de quatre questions dans une heure!»

Money Monster est maintenant à l'affiche.

Blague de mauvais goût

La blague que Laurent Lafitte a lancée à l'endroit de Woody Allen à la soirée d'ouverture n'a vraiment pas été du goût de tous.

«Ça fait plaisir que vous soyez en France parce que ces dernières années vous avez beaucoup tourné en Europe, alors que vous n'êtes même pas condamné pour viol aux États-Unis!» L'animateur évoquait l'affaire Polanski (était-ce bien le moment?), mais la presse américaine y a aussi vu une attaque directe à Woody Allen. Quelques heures plus tôt, son fils, Ronan, avait justement publié une missive dans le Hollywood Reporter.

Comme il l'avait fait à l'époque où Blue Jasmine était en lice pour quelques Oscars, Ronan Farrow a réitéré les allégations selon lesquelles le cinéaste aurait agressé sexuellement sa soeur Dylan. Il interpelle du même coup les stars - hier Cate Blanchett; aujourd'hui Kristen Stewart - et les médias, qu'il accuse de complaisance. 

Hier, le journal Variety rapportait que, questionné sur ces allégations au cours d'une rencontre de presse, Woody Allen a déclaré qu'il avait déjà commenté l'affaire dans le New York Times le 7 février 2014. Et qu'il n'avait pas d'autres commentaires à ajouter. 

Interrogé aussi à propos de la blague de mauvais goût de Laurent Lafitte, le cinéaste a déclaré ne pas s'en être formalisé. «Je suis totalement en faveur du droit des humoristes de faire toutes les blagues qu'ils veulent. Je suis moi-même humoriste et j'estime qu'ils doivent bénéficier de la liberté de faire n'importe quelle blague.»

Emmanuelle Seigner, la conjointe de Roman Polanski, n'a pas été aussi conciliante. Sur son compte Instagram, l'actrice a mis en ligne la photo d'une Palme à l'envers et a traité l'animateur de «pathétique» et de «gros blaireau».