Money Monster, présenté jeudi à Cannes, est une charge cinglante contre la finance et les médias aux États-Unis, accusés par la star George Clooney d'avoir contribué à la popularité du Républicain Donald Trump.

«Il n'y aura pas de président Donald Trump», a cependant affirmé, lors de la conférence de presse consacrée au film, l'acteur américain, expliquant qu'une telle situation ne se produirait pas «car nous n'avons pas envie de mettre la peur au pouvoir dans notre pays».

Il a reproché aux médias de ne pas avoir «posé les bonnes questions» au candidat du Parti républicain.

«Avoir une chaîne d'information 24 heures sur 24, ça ne veut pas dire que vous avez plus d'informations (...). Si on donne la parole à Donald Trump, on peut aussi lui poser des questions sur les réfugiés», a-t-il expliqué.

Dans Money Monster, quatrième long métrage de Jodie Foster, présenté hors compétition, la star américaine incarne Lee Gates, un animateur de télévision sans scrupules que sa très populaire émission consacrée à l'économie et la finance, Money Monster, a transformé en gourou de Wall Street.

Les choses tournent mal quand Kyle Budwell (Jack O'Connell), un spectateur furieux d'avoir perdu ses économies en suivant les conseils de Gates, décide de le prendre en otage en direct pendant son émission, sous les yeux de millions de téléspectateurs et de sa productrice Patty Fenn (Julia Roberts).

Ovation pour Julia Roberts

Dans une robe longue noire, dévoilant ses épaules, parée d'une impressionnante émeraude, Julia Roberts, qui était pour la première fois à Cannes, a été ovationnée par la foule lors de sa montée des marches.

«Le personnage de Kyle (l'un des héros du film) représente la rage qui existe aujourd'hui contre notre système, notre politique, la finance», a estimé Jodie Foster.

Alors qu'on lui demandait si son film était un soutien au rival d'Hillary Clinton à la primaire démocrate, Bernie Sanders, Jodie Foster a estimé que cette colère était plus un sujet qui «avait à voir» avec la campagne de Donald Trump.

«Je voulais que le film soit à la fois un thriller sous tension avec des stars et aussi une histoire sophistiquée, intelligente qui demande aux spectateurs de faire un effort», a déclaré dans un français parfait Jodie Foster, toute de blanc vêtue.

«Le système financier est devenu compliqué, mais en réalité il a été rendu compliqué par ceux qui ont créé les règles pour pouvoir en bénéficier», a ajouté la réalisatrice, entourée par l'équipe du film qui sort ce jeudi en France.

Très crédible en présentateur sans scrupules, George Clooney a rappelé qu'il avait grandi dans le monde des médias, son père ayant été «un présentateur pendant 45 ans».

Un «honneur» d'être à Cannes

Deux fois oscarisée (pour Les accusés en 1988 et Le silence des agneaux en 1991), Jodie Foster, 53 ans, revient à Cannes 40 ans après Taxi Driver, film pour lequel elle avait foulé le tapis rouge pour la première fois en 1976.

Le film de Martin Scorsese, dans lequel elle incarnait une jeune prostituée aux côtés de Robert De Niro et Harvey Keitel, avait décroché la Palme d'or cette année-là.

«C'était un moment extraordinaire dans ma vie, j'avais 12 ans. Tout est différent aujourd'hui. Il n'y avait pas autant de sécurité, le Palais n'était pas le même...», s'est-elle souvenue.

«Quarante ans plus tard, je reviens en tant que réalisatrice, c'est un énorme honneur. C'est un haut lieu pour tous ceux qui font du cinéma, il y a Pedro Almodovar, Jim Jarmusch, plein de réalisateurs que j'admire.»

Money Monster marque les retrouvailles au cinéma de George Clooney et Julia Roberts, amis dans la vie et déjà partenaires à trois reprises: Ocean's Eleven en 2001, Confessions d'un homme dangereux en 2002 (les débuts de Clooney derrière la caméra) et Ocean's Twelve en 2004.