Jia Zhangke est l'un des cinéastes les plus estimés sur le circuit festivalier. Son remarquable film Still Life a obtenu le Lion d'or de la Mostra de Venise en 2006. Un prix du meilleur scénario lui a été remis ici même il y a deux ans pour son film précédent, A Touch of Sin.

Le cinéaste, aujourd'hui âgé de 45 ans, capte dans ses films les changements profonds qui s'opèrent chez les individus au fil de l'évolution fulgurante de la société chinoise. Mountains May Depart procède de cette volonté de façon ambitieuse. Ce nouveau film suit un quart de siècle de la vie d'une famille, de 1999 jusqu'en 2025. Ça commence avec une petite chorégraphie collective sur le Go West des Pet Shop Boys et ça se termine avec la même petite chorégraphie, moins collective celle-là, au son de la même pièce. Entre les deux, 25 ans de la vie d'une femme se seront écoulés, et 18 de celle d'un fils qu'elle ne voit plus car il vit très loin. Avec un père qui, lui, a choisi de brasser de grosses affaires à Shanghai.

De mauvais acteurs

Il se trouve pourtant que dans cette Chine en profonde mutation, l'Australie fait quand même rêver d'une vie meilleure. Ainsi, père et fils y émigrent. 

Si la peinture chinoise demeure à la hauteur de ce qu'on attend du cinéaste, on ne peut malheureusement en dire autant de la partie australienne, où naissent des conflits culturels entre le père et le fils.

Les acteurs étant alors obligés d'utiliser la langue du pays - donc, l'anglais -, ils deviennent, c'est malheureux à dire, atrocement mauvais. Comme s'ils empruntaient le ton d'une mauvaise réclame publicitaire.

De plus, le récit emprunte alors une tournure un peu étrange. Et perd toute espèce de crédibilité.

On a déjà connu Jia Zhangke mieux inspiré.