Graal des cinéastes, symbole suprême du Festival de Cannes récompensant le meilleur film en compétition officielle, la Palme d'or célèbre ses 60 ans: le premier trophée a été décerné en 1955 à Marty de l'Américain Delbert Mann par un jury présidé par Marcel Pagnol.

Consacrant autant le talent de grands artistes que les cinéastes prometteurs de demain, la Palme n'a été attribuée que 54 fois depuis sa première édition, en comptabilisant les cinq années où des trophées ex-aequo ont été décernés.

La prestigieuse récompense n'a récompensé qu'une seule fois une femme, Jane Campion, pour La leçon de piano, en 1993. Lors du cinquantenaire du Festival, en 1997, une «Palme des Palmes» a été attribuée à Ingmar Bergman.

Avant la Palme, un diplôme

Jusqu'en 1954, le meilleur film remportait le «Grand prix du Festival international du film». Le réalisateur repartait avec un diplôme et une oeuvre d'art signée d'un artiste contemporain à la mode ou, d'autres années, des vases de la manufacture de Sèvres.

Délégué général du festival en 1954, Robert Favre Le Bret lance un appel d'offre auprès de joailliers pour créer un trophée faisant référence à la feuille de palmier qui figurait depuis longtemps sur les armoiries de la ville de Cannes, emblème historique de l'abbaye millénaire de Lérins située sur l'île Saint Honorat. La créatrice de bijoux Lucienne Lazon, aidée selon la légende par Jean Cocteau qui présidait le jury cette année-là, a remporté le concours.

La première Palme d'or ne fait pourtant pas l'unanimité: le trophée est abandonné après le festival de 1963. Le Conseil d'administration revient au diplôme, avant de réhabiliter la Palme quelques années plus tard, cette fois pour de bon.

Palme-bijou

L'actuel trophée a été dessiné par Caroline Scheufele, coprésidente de Chopard, le joaillier suisse qui, dans le cadre d'un partenariat, fournit chaque année gracieusement le trophée d'une valeur de plus de 20 000 euros. Délicatement courbée, la tige ornée de 19 feuilles sculptées à la main, pèse 118 grammes d'or 18 carats et forme à sa base un coeur. La Palme repose sur un coussin de cristal de roche de 1 kilo, taillé en forme de diamant. La récompense en devient unique: la nature ne produit jamais deux cristaux de roche identiques.

Trophée éthique

Depuis 2013, la maison Chopard livre des Palmes avec le label «Fairmined», désignant un or collecté dans le respect des orpailleurs (salaires, assurance maladie, retraite...) et de l'environnement. Deux coopératives artisanales dans le désert d'Atacama (Chili), l'un des plus arides au monde, ont été sélectionnées. Confection d'un moule en cire, injection de l'or dans l'empreinte, polissage et fixation sur un socle en cristal de roche venu d'Allemagne: 40 heures de travail et l'intervention de 7 ouvriers et joailliers, sont nécessaires.

Palme de secours

En cas de Palme ex-aequo, ou encore d'un accident matériel, une Palme de secours, non datée, est toujours en réserve. Jusqu'au palmarès, la Palme est à l'abri dans les coffres du joaillier qui la livre au dernier moment, dans le plus grand secret et sous haute sécurité, à la direction du Festival. Depuis 2000, deux mini-palmes, modèles réduits de leur aînée, récompensent les prix d'interprétation féminin et masculin.

Double-palmés

Six réalisateurs font partie du cercle envié des «double-palmés»: Francis Coppola (Grand prix en 1974, précédente dénomination et Palme d'or en 1979), Shoei Imamura (1983 et 1997), Bille August (1988 et 1992), Emir Kusturica (1985 et 1995), les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne (1999 et 2005) et l'Autrichien Michael Haneke (Palme 2009 pour Le ruban blanc et 2012 pour Amour).

Écrin anti-chute

Sur la scène du Palais des Festivals, la Palme est remise au lauréat dans un écrin de maroquin bleu roi. En 2001, Lars Von Trier, fou de bonheur, récompensé pour Dancer in the Dark, brandit son trophée devant les caméras: la Palme tombe lourdement, heureusement sans casse. Depuis, une double sécurité a été ajoutée à l'écrin.