Être enfant n'est pas facile sur la Croisette. Vingt-quatre heures après les aventures d'un gamin tchétchène aux prises avec la guerre, c'est l'enfance incomprise que l'actrice et réalisatrice italienne Asia Argento décrit dans son nouveau film sensible et drôle.

Projeté jeudi dans la section Un certain regard du Festival de Cannes, L'incomprise, quatrième film d'Asia Argento, met en scène Aria (épatante Giulia Salermo), 9 ans.

Non seulement la gamine intrépide est la cible de ses camarades de classe, mais elle se sent mal aimée dans sa famille recomposée.

Quand sa mère et son beau-père, deux êtres parfaitement égocentriques, se séparent brutalement, Aria est ballottée d'un appartement à l'autre, tombant toujours mal. Aria se retrouve à errer dans la ville avec son sac à dos et son chat noir.

«Non ce n'est pas un film autobiographique. C'est un film personnel mais en aucun cas thérapeutique», souligne d'emblée la réalisatrice de 39 ans, ancienne enfant actrice pour son père le cinéaste Dario Argento.

«Qui dans son enfance n'a pas eu ce sentiment d'être incompris aux yeux des autres, à commencer par ses propres parents?» ajoute Asia Argento, selon laquelle «chacun peut s'identifier à (son) héroïne».

Le titre du film renvoie à un classique du cinéma italien L'incompris de Luigi Commencini (1967), qu'Asia Argento a découvert enfant et qui l'a «longtemps obsédé». Et aussi à quelque chose des 400 coups de Truffaut, dit-elle aussi.

La famille recomposée de la cinéaste est en tout cas aux antipodes de la famille traditionnellement montrée dans les films italiens. Pas de «mamma» mais une mère pianiste, un brin jetée, qui change régulièrement d'amants (Charlotte Gainsbourg). Le beau-père (Gabriel Garko, star italienne du petit écran) est totalement imbu de lui-même et snob.

Ses demi-soeurs ne lui étant guère de secours (voire même foncièrement méchantes comme la fille du beau-père) et ses camarades de classe tout autant odieux, Aria souffre mais elle fait front.

Petit chat errant, elle affiche quand même une certaine force matinée d'une pointe d'humour.

À la fin du film, la gamine aux cheveux courts fait face à la caméra pour expliquer aux spectateurs qu'elle n'a pas raconté son histoire pour jouer les victimes, mais pour qu'ils la connaissent un peu mieux «et peut-être que maintenant vous serez un peu plus gentil avec moi».