Ils sont jeunes, beaux et rêvent de tapis rouge: en attendant de monter un jour les marches à Cannes, les nouvelles générations d'acteurs convergent au festival pour se faire remarquer par la foule de réalisateurs, d'agents et de casteurs rassemblés sur la Croisette.

Claire Marchesi, 29 ans, brune et élancée, punaise soigneusement sa carte de visite ornée de photos sur un mur barré d'une enseigne «castings», dans l'enceinte du Palais des Festivals.

«Je viens à Cannes chaque année pour établir des contacts, faire des rencontres. C'est assez prolifique, mais pas immédiat: souvent on récolte les fruits quelques mois plus tard», confie la jeune comédienne/mannequin installée à Paris, qui a décroché un contrat pour une publicité lors de la dernière édition du festival.

Son «composite» s'ajoute à un pêle-mêle de cartes de jeunes acteurs et de petites annonces déposées ici et là par les sociétés de production: «Pour un long métrage, recherchons acteur de 25-30 ans de type latino, malicieux et colérique», «court métrage recherche jeune femme caucasienne pour jouer jeune fille modèle portant la culotte dans son couple», «Cherchons homme mûr avec une «gueule»»...

«C'est un bon point pour ces acteurs de venir au festival, c'est un métier qui fonctionne beaucoup au réseautage. Le savoir-faire n'est rien sans le faire-savoir», souligne l'agent parisien Mikaël Caraës en scannant du regard le trombinoscope. Selon lui, Guillaume Canet, jeune acteur, venait faire sa promo ici-même.

Laurent Maria, beau gosse trentenaire, élégant dans son costume noir, campe depuis 7h30 du matin devant le bureau des jeunes comédiens du festival dans l'espoir d'une place à la projection de The Immigrant avec Marion Cotillard.

Les soirées cannoises, un must

À travers ce bureau, le festival aide les jeunes talents du 7e art à «obtenir des invitations pour la montée des marches, les projections des films en compétition et les soirées cannoises» sur les plages ou dans les grands hôtels, explique le comédien.

Rien de tel pour se faire repérer que de participer aux fêtes qui rythment la nuit cannoise pendant le festival, renchérit Claire. «J'essaie d'aller aux soirées de la Villa Schweppes, à l'Éden Roc... C'est là que sont les producteurs, les professionnels, les casteurs» venus du monde entier, assure-t-elle.

Pour la jeune Française, les meilleures opportunités se situent hors des frontières de l'Hexagone. «En France, le marché est très fermé. J'ai déjà tourné en Grande-Bretagne, le marché s'y porte mieux, il y a plus de financements et plus de facilités pour les comédiens non confirmés».

Au «short corner», un espace dédié aux courts métrages où l'on parle russe, italien, espagnol ou anglais, certains réalisateurs étrangers ont déjà repéré des visages qui les inspirent.

«J'ai créé un dossier avec les cartes de visite» distribuées par les comédiens, explique Zoi Florosz, cinéaste hongroise installée à New York. Venue présenter un court métrage mâtiné de flamenco à Cannes, elle s'intéresse particulièrement aux acteurs latinos, qui «correspondent aux prochains films que j'ai en tête».

Cette année, l'agent Mikaël Caraës est de son côté à la recherche «plutôt de garçons étrangers, pour diversifier mes profils». Côté France, «la tendance actuelle est au look à la Pierre Niney», le grand et mince prodige de la Comédie Française qui incarnera prochainement Yves Saint Laurent sur grand écran.

Au cours des dernières années, il a rencontré à Cannes deux acteurs qu'il fait désormais travailler. Une fois le contrat signé avec une nouvelle recrue, «au bout d'un an si rien ne se passe on se sépare. C'est comme dans un couple», conclut l'agent.