À mi-parcours, une comédie des frères Coen, un pamphlet chinois contre la corruption et un drame familial étouffant étaient en tête des pronostics pour la Palme d'or du 66e Festival de Cannes qui sera remise dimanche.

Mardi matin, après dix films présentés en compétition sur vingt, le film des frères Coen Inside Llewyn Davis, sur les tribulations d'un chanteur de folk dans le Greenwich village d'avant Bob Dylan, était en tête des oeuvres les plus appréciées par les critiques internationaux interrogés par le magazine professionnel Screen.

Le New York Times et la bible de l'industrie du cinéma Variety soulignaient «l'originalité» ou «la forte émotion» dégagée par ce film réalisé par Joel et Ethan Coen, Palme d'or à Cannes en 1991 pour Barton Fink.

Les critiques français réunis par Le Film Français préféraient Le passé de l'Iranien Asghar Farhadi, oscarisé pour Une séparation et qui a cette fois tourné en France un drame familial entre divorce et familles recomposées.

Le Chinois Jia Zhangke se plaçait dans les deux cas en embuscade avec l'impressionnant A Touch of Sin, fresque épique et sombre sur une Chine en plein développement économique, mais à quel prix pour les sans grade, humiliés par des fonctionnaires corrompus.

Le quotidien britannique The Guardian a comparé le cinéaste aux maîtres de la violence au cinéma comme l'Américain Quentin Tarantino et l'Italien Sergio Leone, assurant que le spectateur se prenait «une claque sidérante de la part d'un cinéaste précédemment très lisse».

Venaient ensuite dans un mouchoir de poche le film japonais Tel père, tel fils de Hirokazu Kore-Eda, Jeune et jolie du Français François Ozon ou Borgman du Néerlandais Alex Van Warmerdam.

Pour Stuart Kemp, du magazine spécialisé Hollywood Reporter, «aucun des films présentés n'était de mauvaise qualité mais aucun non plus n'était particulièrement remarquable».

«Bon niveau»

Bruno Cras, critique de cinéma sur Europe 1, parle d'un «bon niveau» pour la compétition 2013. «À la moitié du festival, il y a déjà quatre ou cinq films dignes d'être au palmarès à un titre ou un autre, ce n'est déjà pas si mal», a-t-il confié à l'AFP.

Quant au critique et historien du cinéma français Jean-Michel Frodon, il estime que le niveau est «incontestablement bon avec une plus grande diversité de styles de films que d'origines de films», allusion à la domination américaine et française dans les productions.

Comme Bruno Cras, Jean-Michel Frodon place en tête Jimmy P d'Arnaud Desplechin qu'il qualifie d'«oeuvre majeure» alors que l'accueil chaleureux réservé au film Le passé relève selon lui de «l'hallucination collective».

«Qu'une sélection très attendue comme celle-là ne déçoive pas est déjà une très belle nouvelle», juge à mi-parcours le délégué général du festival Thierry Frémaux, interrogé par l'AFP.

«L'impatience était importante et les notes sont plus élevées qu'à l'accoutumée», relève-t-il.

Cannes attendait avec impatience les dix derniers films en lice à commencer par le dernier Steven Soderbergh, présenté ce mardi. Oscar du meilleur réalisateur en 2001 pour Traffic et Palme d'Or en 1989 avec son premier film Sexe, mensonges et vidéo, le prolifique réalisateur présente Behind the Candelabra avec Michael Douglas et Matt Damon, métamorphosés dans un biopic sur la vie du chanteur Liberace et de son jeune amant.

Soderbergh a confirmé mardi qu'il allait faire une pause dans sa carrière, lors d'une conférence de presse à l'issue de la projection du film.

«Je vais faire une pause, absolument, mais je ne peux pas dire combien de temps cela va durer, je ne peux pas dire s'il s'agit du dernier film», a-t-il dit.

Le nouveau Nicolas Winding Refn (Only God Forgives avec Ryan Gosling») est également très attendu tout comme The Immigrant de James Gray ou Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch. La France sera encore représentée par Michael Kohlhaas d'Arnaud des Pallières ou La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche. Roman Polanski, Palme d'or en 2002 pour Le pianiste revient avec La vénus à la fourrure.