Parmi la cinquantaine de titres proposés dans le cadre de ce festival consacré au cinéma francophone, La Presse a sélectionné six productions incontournables.

Elle

Pour sa première incursion dans la culture française, Paul Verhoeven réussit un coup de maître. Proposant son meilleur film depuis des lustres, le réalisateur de Basic Instinct s'amuse à tester les limites de la moralité, à jouer sur la notion de perversité, à transgresser tous les codes. Elle n'a strictement rien du thriller hollywoodien et n'a que faire des bons sentiments. Un bonheur de tous les instants de voir évoluer Isabelle Huppert dans un rôle qu'aucune autre actrice n'aurait pu jouer de la même façon. Librement adapté du roman Oh..., de Philippe Djian, Elle est un film dans lequel les conventions sociales sont constamment mises à l'épreuve. Des dialogues incisifs et des situations étonnantes ponctuent ce film impeccablement réalisé, magnifié par la présence d'une actrice au sommet de son art. - Marc-André Lussier

11 novembre, à 16 h, et 12 novembre, à 20 h 30, au Cinéma Impérial.

En mai fais ce qu'il te plaît

Dans le genre «films de guerre», cet opus de Christian Carion, qui nous avait donné Joyeux Noël, s'intéresse à un aspect méconnu de la Seconde Guerre mondiale: l'exode. Toujours aussi convaincant, l'acteur belge Olivier Gourmet incarne ici le rôle de Paul, maire d'un village du nord de la France, dont les citoyens se résignent à partir face à l'avancée des troupes allemandes. En dépit d'une finale un peu bonbon, l'histoire s'attarde avec un mélange d'empathie et de délicatesse aux nombreux tourments vécus par les quelque 8 millions de Français ayant vécu cet exil forcé, y compris le manque de solidarité de certains de leurs compatriotes. - André Duchesne

11 novembre, à 11 h 45, et 12 novembre, à 9 h 30, au Cinéma Impérial.

Photo fournie par Pathé International

En mai fais ce qu'il te plaît, avec Mathilde Seigner et Olivier Gourmet.

Rester vertical

Sélectionné en compétition officielle à Cannes, Rester vertical est un film radical dont les images - parfois déstabilisantes - font davantage appel à l'inconscient du spectateur qu'à son aspect cartésien. Dans ce film aux allures de conte, Alain Guiraudie (L'inconnu du lac) expose, en pratiquant un humour décalé, un univers où le sexe et la mort se côtoient constamment. Deux scènes se font particulièrement remarquer: celle d'un accouchement filmé en gros plans, de même qu'un genre de suicide assisté qui donne un tout nouveau sens à la notion de «mourir dans la dignité». On saluera l'audace qu'affiche le cinéaste pour faire tomber tous les tabous, particulièrement dans sa représentation du sexe à l'écran, complètement dénuée de complaisance. Rester vertical sera sans doute rejeté violemment par bon nombre de festivaliers, mais ce film n'en reste pas moins fort intéressant. Et méritoire. - Marc-André Lussier

8 novembre, à 19 h, et 10 novembre, à 19 h, au Cinéma du Parc.

Photo fournie par Wild Bunch

Damien Bonnard, India Hair et Raphaël Thiéry dans Rester vertical (2016).

Réparer les vivants

Après Un poison violent et Suzanne, Kattell Quillévéré offre cette fois une adaptation cinématographique du roman éponyme de Maylis de Kerangal. Lancé à la Mostra de Venise, Réparer les vivants met en vedette une distribution imposante, dans laquelle on trouve Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner, Bouli Lanners, Kool Shen, Alice Taglioni et Dominique Blanc, mais aussi Anne Dorval dans un rôle principal et Monia Chokri dans un rôle de soutien. La réalisatrice a su tirer de chacun d'eux des compositions fines et délicates et affiche également une remarquable compréhension de la réalisation. Son film est visuellement impressionnant et comporte de magnifiques traits de mise en scène. L'émotion pointe sans ne jamais trop insister, un peu comme si elle était directement extirpée de la réalité de la vie. Une splendeur. - Marc-André Lussier

4 novembre, à 18 h, et 13 novembre, à 15 h, au Cinéma Impérial.

Photo fournie par Axia Films

Réparer les vivants, avec Anne Dorval.

Victoria

Après La bataille de Solférino, la réalisatrice Justine Triet propose cette fois une comédie «désespérée» sur la vie chaotique d'une femme contemporaine. Lancé à la Semaine de la critique du Festival de Cannes, où il a été présenté en ouverture, Victoria clôturera à Montréal le festival Cinemania. Pour l'occasion, la réalisatrice sera des nôtres, de même que la vedette du film, Virginie Efira (CapriceLe goût des merveilles). Cette dernière, l'une des actrices les plus sollicitées du cinéma français, est d'ailleurs au centre d'un Focus qui lui est consacré. Un homme à la hauteur (Laurent Tirard), dans lequel elle donne la réplique à Jean Dujardin, et Elle (Paul Verhoeven), où elle incarne une jeune femme très portée sur la religion, sont aussi présentés dans le cadre de Cinemania. - Marc-André Lussier

13 novembre, à 17 h 15, au Cinéma Impérial.

Photo fournie par Axia Films

Virginie Efira et Vincent Lacoste dans Victoria.

La danseuse

Ce long métrage, magnifique, de Stéphanie Di Giusto doit, sans faute, être vu sur grand écran. Car La danseuse est une oeuvre majestueuse tant dans le traitement de l'image que dans les décors campés dans l'Ouest américain jusqu'à Paris en passant par Brooklyn. Inspiré d'une histoire vraie, le film s'intéresse à la vie de Loïe Fuller, chorégraphe, danseuse et artiste dont le parcours pour faire connaître et apprécier la danse contemporaine a été semé d'obstacles. Fuller était dans l'exploration totale tant des éclairages que des recherches d'effets de scène. Le résultat sur grand écran est époustouflant. Et comme si ce n'était pas assez, tous les interprètes, dont Soko dans le rôle de Fuller, font un travail impeccable. - André Duchesne

6 novembre, à 20 h 15, et 9 novembre, à 15 h 45, au Cinéma Impérial.

Programme et billetterie: festivalcinemania.com

Photo fournie par Wild Bunch

Solo dans La danseuse.