Les fidèles de Cinemania connaissent bien la réalisatrice française Catherine Corsini pour ses oeuvres Les ambitieux et Partir, présentées en 2007 et 2010.

Cette année, elle nous revient avec Trois mondes, thriller psychologique sur fond de crise de l'immigration clandestine en Europe et dont l'amorce est un accident de la route où le conducteur fautif prend la fuite.

Le film a été présenté à Cannes (Un certain regard) et au Festival international du film francophone de Namur (prix du meilleur scénario) où La Presse a rencontré la réalisatrice.

Q : Votre film est-il une métaphore de l'Europe?

R : On peut le voir comme ça (rires). C'est effectivement un film qui raconte l'histoire du monde d'aujourd'hui. On y retrouve une classe intellectuelle, plus aisée, de décideurs, la classe de ceux qui travaillent pour réussir et cette troisième classe qui travaille sans être reconnue, celle des sans-papiers. Ces derniers font marcher le monde malgré tout. Ils représentent une économie parallèle hyper importante. On a beau les stigmatiser, on a besoin d'eux.

Q : Cela dit, qu'est-ce qui a nourri le scénario?

R : Plusieurs choses. Moi-même, à 12 ans, j'ai été victime d'un accident de la route. La voiture s'est enfuie et je me suis toujours demandé ce que ces gens-là avaient dans la tête? Est-ce qu'ils y sont retournés un jour? Ont-ils voulu savoir si j'étais morte ou non? Comment on vit avec ça? etc. Mon film, je crois, questionne ce qu'est la responsabilité, l'engagement, la culpabilité, la rédemption, le pardon. C'est un film sur la faute.

Q : Vous avez aussi écrit le scénario. Quelle affection portez-vous à vos personnages?

R : J'aime beaucoup le personnage de Al parce que je sens que c'est un mec qui voudrait tellement réussir, faire plaisir à sa mère et sortir de sa condition et qui, en même temps, est prêt à tout. Malheureusement, il ne fait pas toujours les bons choix. Mais grâce à cet accident, il va réussir à trouver sa vérité. J'aime aussi cette femme moldave (Vera) à qui on prend tout et qui entre dans une colère très légitime. Quand à Juliette, c'est peut-être celui que j'aime le moins parce qu'il est plus proche de moi.

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Aujourd'hui à 19h45 et demain à 10h50 au Cinéma Impérial.