La 64e Berlinale s'est ouverte jeudi avec The Grand Budapest Hotel, un film de l'Américain Wes Anderson à la distribution digne d'un palace cinq étoiles.

Dès l'après-midi, sous un soleil presque printanier, les fans guettaient les stars, Ralph Fiennes, Willem Dafoe, Bill Murray, Jeff Goldblum, Edward Norton, ou encore Tilda Swinton, à la sortie de la conférence de presse du film.

Les festivités dureront jusqu'au 16 février, une dizaine de jours au cours desquels plus de 400 films seront projetés.

Un hommage sera rendu à l'Américain Philip Seymour Hoffman, mort récemment, avec la projection le 11 février de Capote qui lui a valu l'Oscar du meilleur acteur en 2006.

Vingt longs métrages en provenance d'une dizaine de pays sont en compétition, auxquels s'ajoutent trois films hors compétition: le très attendu Monuments Men de et avec George Clooney, La belle et la bête de Christoph Gans avec Vincent Cassel et Léa Seydoux, et très loin de la fable poétique, la version non censurée de Nymphomaniac volume 1 du Danois très controversé Lars Von Trier.

Films à gros budgets ou tournés à l'économie, réalisateurs confirmés ou débutants s'affronteront pour la récompense suprême, l'Ours d'or qui sera remis le 15 au soir. L'an dernier, il avait été attribué à Mère et fils de Calin Peter Netzer, oeuvre sans concession sur la Roumanie post-communiste.

Le vétéran français Alain Resnais, souvent couronné dans les festivals, présentera à 91 ans son dernier film Aimer, boire et chanter. Il affrontera notamment le jeune Argentin Benjamin Naishtat et son premier long métrage Historia del miedo (Histoire de peur).

La Péruvienne Claudia Llosa, 37 ans, Ours d'or 2009 avec Fausta, revient dans la course avec Aloft, et au générique Jennifer Connelly, Mélanie Laurent et Cillian Murphy.

Les États-Unis seront encore représentés par Richard Linklater (Before Midnight) qui dévoilera Boyhood, expérience unique dans le cinéma de fiction, car tourné en 39 jours pour retracer douze ans de la vie d'une famille américaine, avec les mêmes acteurs, dont Ethan Hawke et Patricia Arquette.

Les crimes nazis en Europe seront l'un des thèmes centraux de la Berlinale, «pas un choix conscient. C'est parce qu'il y a beaucoup de bons films disponibles sur le sujet», assurait récemment le directeur du festival, Dieter Kosslick.

Monuments Men par exemple, avec Clooney mais aussi Matt Damon, Cate Blanchett, Bill Murray et Jean Dujardin, raconte l'histoire d'une équipe d'experts qui se battent pour sauver des oeuvres d'art volées par les nazis.

L'Allemand Volker Schlöndorff dévoilera la semaine prochaine Diplomatie, pièce de théâtre qui devient un film sur les raisons pour lesquelles le général Choltitz a désobéi à Hitler et épargné Paris.

Avec Wes Anderson, le style est burlesque et l'imagination sans borne comme à l'accoutumée. The Grand Budapest Hotel se déroule dans un pays imaginaire d'Europe centrale, la République de Zubrowka, bouleversée par la guerre, le fascisme puis le communisme, pour mieux décrire un monde disparu, celui d'une Belle époque et de son aristocratie.

Devant la presse, Wes Anderson a expliqué avoir été inspiré par l'écrivain autrichien Stefan Zweig «plus pour l'atmosphère, que par une oeuvre particulière», mais aussi par Ernst Lubitsch, un maître de la comédie américaine dans les années 1930-40.

Les bouleversements de la Chine contemporaine seront également abordés par le biais de trois oeuvres en compétition, «des films de genre réalisés par une nouvelle génération de cinéastes» selon M. Kosslick: Lou Ye présente Blind Massage, adaptation d'une oeuvre littéraire sur une confrérie de masseurs aveugles, Dao Yinan Black Coal, Thin Ice, sur un policier lancé aux trousses d'un tueur en série, et Ning Hao No Man's Land, plongée sombre dans le monde des marginaux chinois.

Parmi les autres longs métrages attendus figure notamment ce vendredi La voie de l'ennemi du Franco-Algérien Rachid Bouchareb, avec les acteurs américains Forest Whitaker et Harvey Keitel.

Le producteur américain James Schamus (Brokeback Mountain, Tigre et dragon) est le président d'un jury composé notamment des acteurs autrichien Christoph Waltz et hongkongais Tony Leung, du cinéaste français Michel Gondry, de la réalisatrice de documentaires iranienne Mitra Farahani et de la productrice des James Bond, Barbara Broccoli.

Des horizons très différents mais pour James Schamus «le cinéma est une grande famille» même si «dans toutes les familles on peut avoir des désaccords profonds au dîner». «Au réveil le lendemain matin, on s'aime toujours».