Lancé en janvier 2015 au Festival de Sundance en Utah, le documentaire Le profil Amina de Sophie Deraspe sera sous peu présenté en compétition officielle en festival à Leipzig en Allemagne et à Valladolid en Espagne.

C'est ce que la cinéaste a confié à La Presse au Festival international du film francophone (FIFF) de Namur où elle est venue non seulement présenter ce film, mais aussi son long métrage de fiction Les loups.

«Le profil Amina voyage énormément, se réjouit la cinéaste. Je pense que c'est entre autres lié au fait que les gens se sentent beaucoup concernés par le sujet. Cet automne, il sera aussi inscrit dans des festivals à Saint-Petersbourg, à Bombay, à Stockholm et au CPH: DOX de Copenhague au Danemark.»

Ce film, rappelons-le, raconte l'histoire d'une femme de Montréal qui entretient une liaison amoureuse sur l'internet avec une blogueuse syrienne. Le jour où cette dernière est soi-disant enlevée, les médias traditionnels du monde entier se déchaînent pour raconter son histoire. Or, celle-ci était montée de toutes pièces...

«Le bruit autour du film a fait son effet, raconte Sophie Deraspe. Lorsqu'on fait un documentaire, on donne la voix à des gens. Et si, comme dans le cas présent, elle est entendue, tant mieux.»

Construit avec intensité et une belle montée en puissance, Le profil Amina a donné à plusieurs spectateurs l'impression d'entrer dans un polar, dit Mme Deraspe. Il suscite aussi beaucoup de discussion sur le rôle des médias.

«Des gens me disent ne plus concevoir les médias sociaux, mais aussi les médias traditionnels, de la même façon, dit-elle. Car les médias traditionnels sont maintenant soumis à la même rapidité que les médias sociaux. Ce qui peut constituer un danger quand les journalistes prennent moins le temps de vérifier les sources et analyser des informations.»

Le film sera donc en compétition à DOK: Leipzig, un festival de films documentaires et d'animation, du 26 octobre au 1er novembre. À Valladolid, il participera à la 60e Semaine internationale de cinéma, du 24 au 31 octobre.

Rappelons qu'en 2011, le film Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau avait remporté deux prix à Valladolid alors que Patrick Huard y recevait (ex aequo) le prix du meilleur acteur pour son interprétation de David Wozniak dans Starbuck de Ken Scott.

Par ailleurs, après Namur, Sophie Deraspe participera au festival de Hambourg, en Allemagne, pour y présenter Les loups.

Entre fiction et documentaire

Lorsqu'on lui demande si elle continuera à osciller entre fiction et documentaire, la cinéaste répond que chez elle, la réalité ne sera jamais bien loin de la fiction. «Mes films de fiction sont beaucoup liés au réel, dit-elle. J'aime les gestes, j'aime les lieux qui viennent du réel. Et cette façon de faire, je crois qu'elle va toujours appartenir à mon cinéma. Dans Les loups, par exemple, il y a des gestes (la chasse au phoque) posés par de réelles personnes. Je n'aurais jamais pu demander à des acteurs de le faire, malgré tout leur talent. Certains gestes sont si singuliers qu'ils doivent être faits à la caméra par des personnes les exerçant depuis des années.»

Sophie Deraspe travaille sur deux nouveaux scénarios de fiction, l'un en français et l'autre en anglais. «Mon film en français est une adaptation montréalaise contemporaine d'une tragédie grecque. Et même si c'est une fiction, j'y ferai des liens avec Le profil Amina

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Les frais de ce reportage sont payés par le FIFF.