Du 28 novembre au 8 décembre, le 26e Festival cinématographique Image+Nation - qui aborde des thématiques liées aux lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres (LGBT) - est marqué par une grande diversité mais aussi par une précarité financière inquiétante.

Les questions liées aux LGBT font plus souvent qu'auparavant l'actualité sur les scènes locale, nationale et internationale: mariage gai institutionnalisé en France et dans de plus en plus d'États américains; discriminations, violences et loi antigais en Russie. Les sujets ne manquent pas et le cinéma est une façon de les aborder. Cette année, Image+Nation programme une série de films bien ancrés dans la réalité que vivent les homosexuels de la planète.

«On est encore plus diversifiés cette année, dit Charlie Boudreau, directrice du festival. On est allés chercher des films un peu partout pour voir comment on y vit son homosexualité. Je trouve d'ailleurs qu'il y a beaucoup de maturité dans les films qu'on présente. Ce sont des histoires qui touchent tout le monde.»

Au total, une trentaine de films de fiction et de documentaires et une quarantaine de courts métrages d'une vingtaine de pays seront présentés jusqu'au 8 décembre au pavillon Judith-Jasmin, au Cinéma Beaubien et à l'Impérial. En film d'ouverture, ce soir, le festival présente In the Name of, de Malgoska Szumowska, un film polonais qui aborde les liens entre religion et homosexualité, thème également central dans C.O.G, un film américain de Kyle Patrick Alvarez - adapté d'une nouvelle de David Sedaris - qui clôturera le festival le 8 décembre. Le festival met aussi à l'affiche le très beau film israélien Out in the Dark, histoire d'amour entre un Juif et un Palestinien tournée par Michael Mayer.

Plusieurs documentaires traitent des conditions des gais dans le monde, notamment Chuppan Chupai en ce qui a trait au Pakistan, et I Am Gay and Muslim, sur la difficulté de vivre son identité religieuse et sexuelle en tant que musulman au Maroc. Image+Nation projette également plusieurs films dans la catégorie joliment appelée Lesbomundo, notamment Concussion, de l'Américaine Stacie Passon, qui a remporté le prix du Jury à la dernière Berlinale.

Finances

Image+Nation ne présentera pas le nouveau film de Marco Berger (Ausente, Plan B), le très attendu Hawaii. Le festival a malheureusement des ressources financières limitées cette année, ce qui l'oblige à présenter moins de films que précédemment et de se concentrer sur ceux que les cinéphiles ne pourront pas voir ailleurs.

«Cela fait 26 ans qu'on existe et on n'a toujours pas de reconnaissance de la SODEC, dit Charlie Boudreau. On est le seul festival de notre ampleur et de notre âge qui ne soit pas reconnu. La SODEC ne veut pas financer les festivals de genre, mais cette raison ne tient plus. Ce n'est pas normal qu'un festival ne soit pas soutenu par sa province. À Toronto, nos collègues reçoivent de la Ville et de la province plus de 200 000$ par année alors que nous ne recevons que les 20 000$ de la Ville de Montréal. C'est un peu déplorable.»

À la SODEC, la directrice des communications, Isabelle Melançon, dit que l'organisme public ne soutient pas les festivals «dont la programmation sert à défendre ou à promouvoir une cause». «Le rapport du Groupe de travail sur les enjeux du cinéma suggère de procéder à un examen plus large du rôle de l'État qui devrait être confié à un groupe indépendant afin de clarifier les objectifs et les politiques d'intervention dans ce secteur», ajoute-t-elle.

De son côté, Image+Nation réfléchit à élargir sa portée en diffusant des films durant toute l'année. «On est en discussion avec des institutions montréalaises pour faire des présentations mensuelles ou tous les deux mois à partir de janvier ou de février afin d'avoir régulièrement des films LGBT à l'affiche», dit Charlie Boudreau.

Programmation sur le site www.image-nation.org