Le Festival du film de Londres s'est achevé dimanche avec la présentation en première mondiale de Saving Mr Banks, l'épopée drôle et émouvante de l'adaptation au cinéma des aventures de Mary Poppins.

Le film, dont la sortie est prévue mi-décembre aux États-Unis, plonge dans la relation tumultueuse qu'a entretenue le célèbre producteur de cinéma Walt Disney (interprété par l'acteur américain Tom Hanks) avec l'auteure des aventures de Mary Poppins, Pamela Lyndon Travers, brillamment incarnée à l'écran par l'actrice britannique Emma Thompson.

Walt Disney, tombé sous le charme de la célèbre gouvernante magicienne qu'adorait sa petite  fille, a promis à cette dernière d'en faire une comédie musicale.

Habitué à arriver à ses fins, il redouble d'ardeur pour convaincre «Pam» Travers de lui céder les droits d'adaptation de son livre mais bute sur une «Miss Travers» aux répliques cinglantes toutes britanniques. Pas le moins du monde séduite ou impressionnée par l'univers décontracté et sucré d'Hollywood et des studios Disney.

«C'est un film sur deux cultures qui se rencontrent et se percutent autour de ce film d'anthologie», a déclaré Emma Thompson en conférence de presse.

«Comment aurais-je pu refuser ce rôle. Une femme de mon âge qui se retrouve sans aucun rôle de femme de mon âge et qui d'un coup décroche l'un des meilleurs rôle qu'il m'ait été donné de jouer», a ajouté l'actrice britannique de 54 ans. Celle qui a été oscarisée à deux reprises en 1992 pour son rôle dans «Retour à Howards End» et en 1995 en tant que scénariste de «Raison et sentiments», est également écrivain et a elle-même créé l'histoire d'un autre personnage de nanny magicienne, «Nanny McPhee».

Le verbe haut et la répartie cinglante, son personnage cache derrière une attitude odieuse et un rejet systématique et drôle de toute modification de son oeuvre, l'angoisse de voir ses personnages --et à travers eux la mémoire de son père adoré-- trahis par l'adaptation de sa Mary Poppins au grand écran.

Une scène illustre à merveille l'humour du film : courroucée de découvrir sa chambre d'hôtel hollywoodienne envahie de peluches Disney, ballons et autres confiseries, elle s'empare d'une peluche de Mickey qui trônait fièrement sur son lit et le met au coin. «Tu resteras là jusqu'à ce que tu apprennes l'art de la subtilité», lui lance-t-elle, le regard noir.

Irritée par ce monde artificiel et joyeux, elle trouve refuge dans les souvenirs de son enfance australienne présentés à l'écran sous forme de flash-backs.

On y découvre une Pamela enfant qui entretient une relation complice et touchante avec son père, incarnée avec justesse par l'acteur irlandais Colin Farrell. Un père imparfait et merveilleux qui lui intime de croire en ses rêves.

«Tu peux être qui tu veux», lui dit-il.

«Je veux être juste comme toi», répond-elle.

Si l'humour pétille au fil du film réalisé par John Lee Hancock, oscarisé en 2009 pour The Blind Side avec Sandra Bullock, c'est aussi et surtout le portrait d'une femme vulnérable qui garde en elle la petite fille mélancolique, trop tôt orpheline de son père, que l'on découvre au fil des flash-backs.

C'est en partageant ses propres souvenirs d'enfance que Walt Disney parviendra à la convaincre de finir le film.

Le festival s'était ouvert mercredi dernier avec la présentation en première européenne de Captain Phillips, du Britannique Paul Greengrass qui retraçait l'histoire vraie de la prise d'otage d'un capitaine de porte-conteneur (Tom Hanks) par des pirates somaliens.

Il a mis à l'honneur Gravity du Mexicain Alfonso Cuaron, «Philomena» du Britannique Stephen Frears avec une Judi Dench remarquable, ou encore «Inside Llewyn Davis» des frères Cohen.

Le festival a également décerné un prix d'honneur à Christopher Lee (Dracula, Star Wars) «pour sa contribution immense et unique au cinéma».