Installé en France depuis deux ans, Niels Schneider défend avec vigueur la valeur des films à petit budget car, selon lui, ce type de cinéma risque de disparaître dans l'Hexagone. Au Québec, il doit être mieux mis en valeur, affirme-t-il.

«Je suis fier du cinéma québécois et je le défends à toutes les occasions où je peux le faire, dit-il. Il y a un bon cinéma au Québec. Mais, en même temps, je trouve qu'on fait des films très chers et qui sont, malheureusement, souvent très locaux, au détriment d'un certain cinéma qui peut coûter moins d'argent et qui rayonne beaucoup plus à l'international.»

Le comédien n'est pas contre les grosses productions ou les comédies populaires, mais il souhaite que les institutions de financement gardent l'oeil ouvert sur les projets de films à petit budget.

Sa réflexion s'étend au cinéma français. Dans l'Hexagone, l'heure est à la confrontation dans l'industrie alors que la signature d'une nouvelle convention collective est bien accueillie par les grands producteurs, mais décriée par les petits. Par cette entente, le gouvernement veut protéger les salaires. Or, les producteurs indépendants appréhendent la disparition des films à petit budget et un exode des productions.

«Cette convention risque de faire disparaître les films dont les budgets sont de moins de 2 millions d'euros, lance Niels Schneider. Ça va être la fin d'une diversité de cinéma et la fin d'une époque. Moi, je vais descendre dans la rue et tout faire pour éviter la mort de cette diversité.»

Le comédien se réjouit d'avoir participé à plusieurs projets de films à budget modeste. «Avec moins d'argent, on est moins dépendants des attentes, on peut prendre plus de risques, dit-il. Ça donne souvent un cinéma plus libre, plus audacieux et moins industriel. Je trouve ça aussi important qu'il y ait un cinéma industriel, mais je trouve dommage que le cinéma ne devienne que cela.»

Les amours imaginaires

Niels Schneider a fait une visite éclair au Festival du film francophone d'Angoulême pour présenter le long métrage Les amours imaginaires de Xavier Dolan. Ce film est inscrit dans l'hommage rendu au cinéma québécois.

Voilà justement un exemple de film modeste que le comédien veut défendre. Encore aujourd'hui, il évoque ce projet avec affection.

«Aux spectateurs, j'ai raconté un peu la genèse du film, l'histoire de ces trois copains et acteurs [Dolan, Monia Chokri et lui] qui étaient un peu au chômage. Le film est alors né d'un souffle, d'un désir de se retrouver ensemble sur un projet artistique. On a voulu se prouver que c'était possible de faire un film sans attendre et sur un élan, une énergie. Xavier l'a tourné et ça s'est fait d'une manière extrêmement rapide.»

On connaît la suite. Présenté à Cannes, Les amours imaginaires a valu à Niels Schneider plusieurs offres de projets dans l'Hexagone. Il y est toujours.

Les frais de ce reportage ont été payés par le Festival d'Angoulême.