La ministre française déléguée à la Francophonie, Yamina Benguigui, a donné le ton en demandant à Dominique Besnehard, fondateur du Festival du film francophone d'Angoulême, s'il savait ce que signifiait l'expression «je te souhaite un festival écoeurant».

«Ça veut dire qu'il y a trop de bons films», a répliqué le coloré acteur, agent d'artiste et directeur du festival.

«Mais non, lui a répondu Mme Benguigui. Ça veut dire que je te souhaite un festival fantastique.»

On ne sait pas si c'est l'épithète que retiendront les organisateurs pour faire le bilan de cette sixième présentation, mais à regarder ces milliers de personnes attendre en file pour les projections de soirée, les choses avaient l'air bien amorcées. Et ce fut tout autant le cas samedi soir pour la grande fête du cinéma québécois, tenue aux Halles de la ville.

Plusieurs artisans connus du milieu cinématographique français sont passés au cours de cet événement musical et gastronomique. Pendant qu'un duo d'accordéon et de contrebasse jouait des pièces comme Lindberg et Évangeline, La Presse a croisé les acteurs Gilles Lellouche, Dany Boon, Benjamin Bioley, Valérie Bonneton et Guillaume Gouix. Tous les membres du jury, dont la présidente Catherine Frot, étaient aussi présents.

On a pu sentir chez eux un intérêt certain pour le cinéma québécois. «Il y a beaucoup de cinéastes, anciens et nouveaux, que j'aime bien, tels Denys Arcand, Xavier Dolan, etc. Le cinéma québécois en est un qui bouge, a confié le comédien et auteur-compositeur-interprète Benjamin Biolay, qui siège au jury. Et ma comédie préférée des deux dernières années, c'est Starbuck

Le ministre de la Culture Maka Kotto en tête, le Québec était bien entendu représenté en grand nombre. Nous y avons croisé Denise Filiatrault, Denise Robert, Louise Archambault, Niels Schneider, installé en France depuis quelques années, le distributeur Armand Laffont, dont le film Catimini avait remporté les grands honneurs ici l'année dernière, Isabelle Blais, etc.

«D'un point de vue populaire, il y a un début d'ouverture au cinéma québécois en France. Avant, c'était réservé à un clan d'amoureux du cinéma ou de la culture québécoise. Ça démontre que cette cinématographie prend ses gallons. En fait, elle les avait déjà, mais c'est en train de se confirmer», a indiqué le comédien Pierre-Luc Brillant, venu présenter le film C.R.A.Z.Y.

Les chanteurs Fabienne Thibault et Claude Michaud ont interprété plusieurs pièces québécoises, tandis que le chef Hugo Noiseux Boucher, de la Délégation générale du Québec à Paris, avait concocté les desserts.

Entente entre la France et le Québec

Plus tôt dans la journée, le Québec et la France ont signé une déclaration d'intention afin de resserrer leurs liens en matière d'échanges culturels.

Par cet accord, le Québec utilisera le grand réseau d'antennes déjà établi par l'Institut français pour mousser sa présence dans la Francophonie, en particulier dans les pays tiers du continent africain.

«Le geste le plus significatif de ce voyage est celui qu'on a posé aujourd'hui, a dit le ministre de la Culture, Maka Kotto. C'est un geste fondateur d'un nouveau chapitre de la relation entre le Québec et la France.»

Le délégué général du Québec à Paris, Michel Robitaille, est on ne peut plus fier de la visibilité qu'obtient le Québec à Angoulême.

«C'est bon pour des projets de coproduction ou de scénarisation, a-t-il souligné. Notre rôle, dans les délégations, est de faire en sorte que le Québec soit présent dans les grands événements. Je suis venu auparavant à Angoulême, je savais qu'on faisait une place au cinéma québécois, mais je trouvais qu'un hommage serait une bonne chose.»

Les frais de ce reportage ont été payés par le Festival d'Angoulême.

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Ils/Elles ont dit...

«Le Québec a quand même une grande place dans la Francophonie et a produit plusieurs bons films de qualité qui voyagent de plus en plus.» - Isabelle Blais

«Le cinéma québécois est à l'image du Québec, c'est-à-dire là où sont les Gaulois de l'Amérique. Ils (les Québécois) sont toujours réveillés, dans ce combat linguistique et identitaire de la Francophonie.»

- Yamina Benguigui

«Il y a plein de films que j'ai beaucoup aimés, dont Les invasions barbares, qui m'a bouleversé comme rarement. Il m'est resté longtemps en tête alors qu'aujourd'hui, nous sommes dans une époque où les films sont comme des prêts-à-manger. On les voit et il nous en reste rien.»

-  Gilles Lellouche

Photo archives La Presse