Ancien publicitaire, Jean-Simon Chartier a créé sa boîte de production audiovisuelle MC2 il y a six ans pour mettre des sujets intéressants en perspective et donner une voix et des images à des histoires originales ayant une portée universelle.

C'est la raison pour laquelle il s'est par exemple intéressé à la rivière Rupert, amputée de sa force naturelle par Hydro-Québec à des fins de production d'électricité. Et la raison pour laquelle il a tourné Alléluia, qui suit des jeunes Québécois qui prennent la voie de la vie religieuse plutôt que celle de la cellule familiale.

Les sujets qui permettent de relativiser l'intéressent. D'où le nom de MC2. «Mon intention initiale était de produire du contenu, dit-il. Je me suis promené beaucoup. J'ai quitté la pub pour faire un long voyage et découvrir qui j'étais. J'ai eu envie de créer du contenu pertinent.»

Production

De l'envie, Jean-Simon Chartier est passé à l'action. Depuis six ans, MC2 a produit des capsules vidéo, des environnements web, des courts métrages, deux séries et sept documentaires, dont un sur les Têtes à claques de Michel Beaudet, et bien sûr, les trois programmés aux RIDM cette année.

Il a produit Le prix des mots, un documentaire réalisé par Julien Fréchette portant sur la saga judiciaire entourant le livre Noir Canada. Une projection-débat en présence du cinéaste aura lieu mercredi à 19h30, au cinéma Excentris.

La nouvelle Rupert est réalisée par Nicolas Renaud. Le jeune cinéaste porte un regard sur les conséquences de la paix des Braves, signée en 2002 par Québec et les représentants des Cris, pour la Rupert, rivière mythique située au nord de Chibougamau.

La Rupert a dû subir une réduction de son débit et un changement de sa morphologie. Le documentaire, qui sera diffusé par TV5 prochainement, donne la parole autant à Hydro-Québec qu'aux populations touchées, pêcheurs et trappeurs autochtones, ainsi qu'aux archéologues qui ont vu disparaître une partie du paysage.

Dans ce film, projeté demain à 16h15 au cinéma Excentris, on comprend les frustrations des uns, on apprend les rites de vie des locaux et on constate les initiatives positives, comme celle de créer une écloserie d'esturgeons pour tempérer les inconvénients du projet.

Une vie religieuse

Enfin, Jean-Simon Chartier a réalisé Alléluia, qui raconte le choix de vie qu'ont fait Julian Dugas, Jonathan Landry, Daniel Beauchemin et Simon Lessard, tous dans la jeune vingtaine. Le réalisateur les a filmés librement, depuis leur entrée comme postulant à la vie religieuse jusqu'à la fin de leur noviciat, quelques années plus tard.

On les découvre dans leur quotidien, alors qu'ils s'expriment sur leurs joies, leurs attentes et leurs contraintes. Ils seront présents, aujourd'hui, lors d'une projection à 16h30, à la Grande bibliothèque, pour évoquer les raisons pour lesquelles ils ont choisi d'entrer dans l'ordre des prêcheurs dominicains.

«Leur quête rejoignait ma propre quête d'un mode de vie différent, dit Jean-Simon Chartier. J'ai fait deux séjours avec des bénédictins. Même si je ne suis pas croyant, ça m'a intéressé. Le documentaire, ça débute toujours quand il y a quelque chose qui résonne en nous, comme personne humaine et comme réalisateur. En suis-je un après deux films? Je ne suis pas sûr. En tout cas, je réalise!»

Jean-Simon Chartier travaille déjà sur un autre projet documentaire, en Afrique de l'Ouest celui-là, pour étudier le rôle que jouent les radios communautaires dans l'éducation des populations et la circulation des informations.

- Éric Clément

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Le libraire de Belfast



John Clancy parle à ses livres comme d'autres à leurs plantes. Il les bichonne, les cajole et les répare en leur promettant une nouvelle vie. Pendant 40 ans, John a vendu des livres. À la retraite, il s'en occupe toujours. Maigrelet, fumeur invétéré, alcoolique repenti, John est un vieux marginal autour duquel gravite une faune d'exclus : un punk illettré, un amateur de hip-hop en patins à roulettes, une serveuse accro aux émissions The X Factor (le Star Académie du Royaume-Uni). Protestants et catholiques, ils sont, comme le dit John, liés par une chose : la pauvreté. Du long conflit qui a miné l'Irlande du Nord, ils représentent la génération sacrifiée. Il faut voir ce film pour ses personnages attachants et ses lieux très typés qui nous rappellent l'atmosphère de l'excellent roman Eureka Street de Robert McLiam Wilson. À noter que le film est précédé du court métrage Cutting Loose.

Aujourd'hui à 18h30 à la salle Parallèle de l'Excentris.

-André Duchesne