De passage au Festival international du film francophone (FIFF) de Namur pour accompagner son film Camion inscrit en compétition officielle, le réalisateur Rafaël Ouellet y consacre aussi du temps à titre d'expert auprès de jeunes scénaristes.

Car en marge de la projection d'une centaine de longs métrages en provenance des quatre coins de la Francophonie, le FIFF tient également toutes sortes de rencontres professionnelles destinées à faire avancer des projets de films.

Un de ces projets est la suite directe de l'Atelier Grand Nord, une initiative de la SODEC qui a lieu chaque année en janvier à Montebello. À cette occasion, une vingtaine de scénaristes et d'experts se réunissent pour discuter du contenu des scénarios soumis. Neuf mois plus tard, certains d'entre eux se retrouvent pour faire le point à Namur.

«Cette semaine, nous faisons un suivi de quatre projets de scénarios que nous avions analysés en janvier dernier, confie Rafaël Ouellet à lapresse.ca. On voit que, depuis notre rencontre précédente, les scénarios ont été pas mal retravaillés. Les jeunes scénaristes ont pris en considération les commentaires que nous avions formulés.»

M. Ouellet apprécie à ce point l'expérience qu'il aimerait lui-même la vivre à titre de scénariste. «Qu'on le veuille ou non, un scénario est quelque chose difficile à écrire. Et moi, en plus, je suis un autodidacte. Si j'avais la chance de m'asseoir pendant une semaine avec des experts qui ont pris le soin de lire mon scénario, d'apporter des commentaires et d'assurer un suivi neuf mois plus tard, je le ferais! Ce n'est pas à négliger.»

Il peut se consoler, car il dit avoir acquis de l'expérience au simple fait de conseiller et partager ses observations. «Pour l'Atelier Grand Nord de janvier dernier, j'avais lu douze scénarios. En faisant un tel exercice, tu étudies! Tu commences à voir des modèles, des structures qui fonctionnent et d'autres qui ne fonctionnent pas. Tu vois les erreurs, les choses qui peuvent t'agresser. On sent le rythme sur la page. On détecte à quel moment on perd l'attention.»

Auteur du court métrage M'ouvrir et écrivant actuellement son premier long, pour l'instant intitulé La dissociation, le Québécois Albéric Aurtenèche participe quant à lui au Forum francophone de la production, un autre atelier d'expertise.

«Mon scénario en est à la seconde version dialoguée. Il fait partie de six projets retenus pour cet atelier de développement, indique-t-il. On rencontre des experts qui ont lu notre scénario en profondeur et en ont une très bonne connaissance dans son état actuel. Ils nous conseillent, nous remettent en question.»

Son film raconte l'histoire de Aude, une fille de 19 ans qui est née à Paris et a grandi à Montréal. Au moment d'entreprendre ses études universitaires, elle retourne dans la Ville-lumière, mais commence à développer les premiers symptômes de la schizophrénie.

«Le film traite principalement de la maladie, mais il fait le lien, d'une certaine manière, avec la duplicité culturelle telle que je l'ai vécue», dit ce Français d'origine.

Parmi les cinq experts du Forum francophone de la production, on retrouve une Québécoise, la directrice de casting Emmanuelle Beaugrand-Champagne.

Choyé

Avant Namur, le réalisateur Rafaël Ouellet est passé par Barcelone où son film ouvrait la Mostra du cinéma du Québec, événement annuel dans la capitale catalane. Il est visiblement revenu enchanté de cette expérience et reçoit le même accueil partout.

«Au fil de mes déplacements, je constate à quel point mon film est universel avec cette rencontre entre trois hommes, un père et ses deux fils qui sont aussi des frères», dit-il.

Depuis la présentation de Camion en première mondiale et en compétition officielle en juin dernier au festival de Karlovy Vary, où il a obtenu deux prix, le réalisateur et son film font l'objet de nombreuses invitations. Au cours des prochains mois, le film sera présenté dans les Hamptons, en Grèce, au Maroc, en Estonie, etc. En novembre, il fera la clôture de la semaine Cinéma du Québec à Paris.

Une partie des frais de ce reportage ont été payés par le FIFF