Très présente dans notre paysage cinématographique et télévisuel depuis plus d’une quinzaine d’années, Suzanne Clément commente ici quelques-unes des œuvres ayant jalonné sa carrière d’actrice.

Les hauts et les bas de Sophie Paquin (2006 à 2009)

Textes : Richard Blaimert

Réalisation : François Bouvier, Claude Desrosiers, Richard Lahaie

Dans cette série où elle tient le rôle-titre, Suzanne Clément interprète une jeune trentenaire héritant de l’agence artistique de son père.

« Ce souvenir évoque beaucoup de plaisir. J’ai beaucoup aimé l’humour de cette série. Comme je n’avais pas encore fait beaucoup de comédie, je suis allée voir Danielle Fichaud pour préparer mes auditions à l’époque. J’ai continué à travailler avec elle par la suite parce que Danielle maîtrise tellement bien les rouages de la comédie qu’elle est en mesure de donner des pistes très claires. Ce rôle fut un tournant pour moi. C’est le genre de truc où, quand ça arrive, tu te dis : “OK, là c’est vrai”. Un rôle à la télé change aussi des choses sur le plan de la notoriété, mais je l’ai assez bien vécu parce que j’ai toujours gardé un profil assez bas. »

La brunante (2007)

Scénario et réalisation : Fernand Dansereau

PHOTO ROBERT MAILLOUX, ARCHIVES LA PRESSE

Rencontre entre Monique Mercure et Suzanne Clément sur le plateau de tournage de La brunante, un film de Fernand Dansereau

Une femme souffrant de la maladie d’Alzheimer fait une dernière fois le tour de ceux qu’elle aime en compagnie d’une jeune musicienne rencontrée par hasard.

« J’avais déjà eu auparavant l’occasion de jouer dans L’audition, dont je garde un excellent souvenir. Luc Picard est un formidable directeur d’acteurs. Quand je pense à La brunante, je pense surtout à une rencontre marquante avec Monique Mercure, qui était un personnage hors du commun. Elle m’a d’abord rappelé une lecture que nous avions faite ensemble – dont je ne me souvenais pas ! – en me disant que j’avais été dure avec elle. Comme nous avions une scène d’émotion à tourner, j’y ai mis toute mon insécurité. Mais après, nous avons formé un duo formidable pendant tout le tournage et notre complicité était vraiment belle. Et puis, j’ai eu la chance, grâce à ce film, de tourner avec Fernand Dansereau, l’une des grandes figures de notre cinéma. »

C’est pas moi, je le jure ! (2008)

Scénario et réalisation : Philippe Falardeau

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Philippe Falardeau, Suzanne Clément et Daniel Brière lors d’une rencontre de presse organisée en marge de la sortie de C’est pas moi, je le jure !

Inspiré des romans de Bruno Hébert, ce film relate l’éclatement d’une famille en 1968, alors que la mère, qu’incarne Suzanne Clément, décide de tout quitter et d’aller refaire sa vie en Grèce.

« Il s’agit de ma toute première collaboration avec Philippe Falardeau [ils se retrouveront plus tard pour Guibord s’en va-t-en-guerre]. Avec Philippe, la collaboration est fructueuse. Il est drôle, intelligent. Mon rôle dans C’est pas moi, je le jure ! est relativement court, mais ce personnage de mère est toujours très présent dans l’histoire. L’image de cette femme coincée dans un mariage où elle se sent complètement éteinte est très forte. Au Québec, le destin de femmes qui s’affranchissent constitue un sujet très riche, surtout quand on évoque celles qui l’ont fait dans le passé. »

Laurence Anyways (2012)

Scénario et réalisation : Xavier Dolan

PHOTO FOURNIE PAR ALLIANCE VIVAFILM

Suzanne Clément dans Laurence Anyways. Sa performance dans ce film de Xavier Dolan a valu à l’actrice le prix d’interprétation de la section Un certain regard du Festival de Cannes.

Dans ce troisième long métrage de Xavier Dolan, Suzanne Clément campe l’amoureuse d’un homme qui souhaite devenir femme. Grâce à sa performance, l’actrice a obtenu le prix d’interprétation de la section Un certain regard au Festival de Cannes.

« Laurence Anyways constitue assurément un tournant dans ma carrière et dans ma vie. La rencontre avec Xavier avait déjà eu lieu sur J’ai tué ma mère, mais le projet de Laurence Anyways fut une grande aventure au cours de laquelle il a choisi une façon de me filmer et de me mettre en lumière qui n’est pas fortuite. Elle m’a permis de m’épanouir dans ses films d’une façon nouvelle. Je lui dois aussi bien d’autres choses moins tangibles aux yeux extérieurs, une inspiration de tous les instants dans le travail. Xavier a, en plus, généré toute cette ouverture à l’étranger, et je l’en remercie mille fois. »

Unité 9 (2012-2013)

Textes : Danielle Trottier

Réalisation : Jean-Philippe Duval

PHOTO LAWRENCE ARCOUETTE, FOURNIE PAR ICI RADIO-CANADA TÉLÉ

Le temps d’une saison d’Unité 9, Suzanne Clément a adoré se glisser dans la peau de la flamboyante détenue Shandy.

Au cours de la première saison de cette série passée à l’histoire, Suzanne Clément a interprété Shandy Galarneau, détenue flamboyante de la prison de Lietteville. Ce rôle a été repris par Catherine-Anne Toupin dans les saisons subséquentes.

« Unité 9 m’a permis de faire une vraie rencontre avec un personnage. Je ne regrette pas du tout d’être partie au bout d’une saison, parce que d’autres rôles m’appelaient ailleurs et il fallait que je parte à ce moment-là, mais esti que j’ai aimé jouer Shandy ! Incarner cette femme était complètement libérateur. Vraiment, ç’a été un vrai coup de cœur. Il doit y avoir une Shandy quelque part en moi ! »

Mommy (2014)

Scénario et réalisation : Xavier Dolan

PHOTO FOURNIE PAR ALLIANCE VIVAFILM

Dans le rôle discret de l’énigmatique voisine de Mommy, le plus populaire des films de Xavier Dolan, Suzanne Clément a de nouveau marqué les esprits.

À l’opposé de la flamboyance de son personnage dans Laurence Anyways, l’actrice incarne la voisine énigmatique dans le plus populaire des longs métrages de Xavier Dolan.

« Laurence Anyways m’a très clairement ouvert des portes en Europe, mais Mommy m’a fait passer à une autre étape. Il était aussi fascinant de regarder Xavier monter les échelons chaque fois. Sur le tournage de Mommy, je le sentais vraiment en pleine possession de ses moyens. Je crois que sa nouvelle collaboration avec Nancy Grant, devenue sa coproductrice, lui a donné des ailes. Xavier est pour moi un mentor de création. Je mesure ma chance d’avoir pu côtoyer un créateur de sa trempe, de l’avoir vu travailler, se discipliner, se remettre à l’ouvrage, insuffler de l’enthousiasme à ses troupes, aux créateurs qui l’entourent. De près ou de loin, il m’a apporté une inspiration sans fin. »

Early Winter (2015)

Scénario et réalisation : Michael Rowe

PHOTO FOURNIE PAR FILMOPTION INTERNATIONAL

Suzanne Clément et Paul Doucet sont les têtes d’affiche d’Early Winter, un film de Michael Rowe.

Dans cette coproduction entre le Québec et l’Australie, lauréate du prix du meilleur film de la section Venice Days à la Mostra de Venise, Suzanne Clément incarne une femme d’origine russe, mariée à un Québécois, dont le couple bat de l’aile.

« J’en garde le souvenir d’une super belle entreprise cinématographique avec un excellent cinéaste qui travaillait beaucoup en plans séquences. Le tournage a cependant été lourd émotivement. En plus d’être complexe, mon personnage devait s’exprimer avec un fort accent. Et cette relation pourrie entre cette femme et cet homme, qui auraient dû se quitter depuis longtemps, était dure à vivre. Je crois que Paul [Doucet] était heureux de rentrer chez lui le soir. Moi, je l’étais de mon côté, en tout cas ! Mais ça a donné un résultat intéressant. »

Le sens de la fête (2017)

Scénario et réalisation : Olivier Nakache et Éric Toledano

PHOTO FOURNIE SPHÈRE FILMS

Suzanne Clément fait partie de l’imposante distribution du film Le sens de la fête, d’Olivier Nakache et Éric Toledano.

L’organisation d’une grande noce dans un palais français du XVIIe siècle. Le personnage que joue l’actrice québécoise fait partie de l’équipe embauchée pour l’organisation.

« Honnêtement, on ne peut pas parler ici d’une expérience marquante pour moi. Cela dit, c’était quand même beau à voir. Olivier et Éric sont des chefs d’orchestre qui veulent laisser place à l’improvisation, mais qui ne peuvent pas vraiment le faire, parce qu’ils dirigent 70 personnes. Alors, on prend sa place, on livre ses répliques et c’est bien correct comme ça. Et puis, il y avait ce simple plaisir de côtoyer Jean-Pierre Bacri. Et Vincent Macaigne m’a beaucoup fait rire. En fait, j’étais entourée d’acteurs fabuleux, et comme mon personnage était plutôt discret, je me suis régalée en les regardant travailler. »

Le rire de ma mère (2018)

Scénario et réalisation : Pascal Ralite et Colombe Savignac

PHOTO FOURNIE PAR K-FILMS AMÉRIQUE

Pascal Demolon, Igor Van Dessel et Suzanne Clément dans Le rire de ma mère, un film de Pascal Ralite et Colombe Savignac

Pour son premier rôle principal dans un long métrage français, Suzanne Clément se glisse dans la peau d’une femme en quête d’intensité, dont le fils, timide, n’a pas la vie facile.

« Ce rôle était vraiment beau et j’ai eu beaucoup de plaisir à le tenir. Jouer avec un accent français est cependant un gros défi. J’aurais peut-être même eu avantage à dire que le personnage était d’origine québécoise, de sorte que l’accent aurait pu glisser un peu. Mais j’ai adoré faire ce film et j’ai beaucoup aimé mes partenaires de jeu. Et puis, j’aime jouer ce genre de personnalité très festive que j’ai vue en moi par moments, chez d’autres aussi. Ce sont des femmes qui souhaitent que la fête ne finisse jamais. »

STAT (2022-2023)

Textes : Marie-Andrée Labbé

Réalisation : Danièle Méthot, Chantal Desruisseaux, Jean-Carl Boucher, Jean-Marc Piché

PHOTO FOURNIE PAR ICI RADIO-CANADA TÉLÉ

Dans STAT, une série quotidienne écrite par Marie-Andrée Labbé, Suzanne Clément incarne l’urgentologue Emmanuelle St-Cyr.

Dans cette série diffusée quotidiennement depuis le début de l’automne, Suzanne Clément tient le rôle d’Emmanuelle St-Cyr, cheffe de l’urgence et urgentologue de l’hôpital St-Vincent de Montréal.

« J’y ai fait la rencontre avec une autrice, Marie-Andrée Labbé. Une humaine extraordinaire. Et aussi avec une productrice, Fabienne Larouche. J’avais envie de jouer dans un orchestre différent, avec une autre dynamique. Je touche là à des zones de création qui me comblent. La discipline est rigoureuse, mais je me rends au travail chaque matin en étant vraiment contente d’y aller. Et j’ai l’occasion de travailler mon instrument tous les jours. »