L’invitation de venir coprésider avec Pascale Bussières le jury du Festival Cinemania tombait à point pour Cédric Klapisch, puisqu’il venait de mettre la touche finale à sa série Salade grecque. « Cela me permet de passer à autre chose et de passer du temps à Montréal », se réjouit-il.
Dans Salade grecque, produite pour Amazon Prime Video, le comédien franco-québécois Aliocha Schneider incarne Tom, le fils du couple joué par Romain Duris (Xavier) et Kelly Reilly (Wendy).
« Il est vraiment dans toutes les scènes des huit épisodes de 52 minutes, indique Cédric Klapisch. C’est un acteur très doué. En le choisissant, on savait qu’il allait apporter beaucoup à l’histoire. Il a une capacité à comprendre la narration qui est très forte. Du coup, c’est lui qui tient la série avec celle qui joue sa sœur, Megan Northam. »
PHOTO JÉRÔME PLON, PRIME VIDÉO FRANCE, TIRÉE DE TWITTER
Romain Duris, Megan Northam, Aliocha Schneider et Kelly Reilly
Salade grecque va marquer les 20 ans de L’auberge espagnole, qui a donné lieu à deux suites, Les poupées russes (2005) et Casse-tête chinois (2013). « Ça va sortir en mai », annonce Cédric Klapisch.
Outre Romain Duris et Kelly Reilly, Cécile de France, Kevin Bishop et Barnaby Metschurat reprennent leur rôle. Klapisch a-t-il hésité à l’idée de refaire vivre les personnages de sa trilogie qui a tant marqué les esprits ? « Je ne savais pas si c’était une bonne idée, mais maintenant que je l’ai faite, je sais que cela en était une bonne. C’est vraiment sur la notion de comparer deux générations. Les gens de 20 ans d’il y a 20 ans avec ceux d’aujourd’hui. »
PHOTO FOURNIE PAR SÉVILLE
Cécile de France, Romain Duris, Kelly Reilly et Audrey Tautou dans une scène du film Casse-tête chinois
« L’âge des possibles »
Que ce soit dans Le péril jeune, sorti en 1994, ou ses derniers films Deux moi et En corps, les défis et les aspirations de la jeunesse ont toujours captivé Cédric Klapisch.
C’est un âge où beaucoup de choses se passent. C’est l’âge des possibles, et un personnage de fiction, c’est l’idée que tout peut arriver.
Cédric Klapisch
C’est aussi un âge où l’on doit souvent apprendre à surmonter ses premiers obstacles les plus difficiles. C’est le cas dans son drame En corps, sorti l’été dernier au Québec et qui relate comment une danseuse classique de haut niveau rebâtit son estime de soi en se joignant à une compagnie de danse contemporaine.
L’art de la danse fascine et séduit Klapisch depuis longtemps, d’où son documentaire Aurélie Dupont, l’espace d’un instant (2010) et des captations pour l’Opéra de Paris.
À la suite d’auditions, Klapisch a donné le rôle principal d’En corps à Marion Barbeau, première danseuse à l’Opéra de Paris. Le cinéaste est connu pour donner leur première chance à des acteurs inconnus, mais aussi pour retravailler avec les mêmes interprètes, que ce soit Romain Duris, Karin Viard ou Cécile de France.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Portrait de Cédric Klapish, coprésident du jury du Festival Cinemania.
Je suis l’un des rares réalisateurs qui aient le privilège de découvrir de nouveaux acteurs dans les films à vocation plus commerciale. Quand j’ai fait Dix pour cent, personne n’était très connu, et c’était le but.
Cédric Klapisch
À la télévision, c’est en effet à Cédric Klapisch que l’on doit la réalisation de certains épisodes de la formidable première saison d’Appelez mon agent (Dix pour cent, en France).
Protéger l’art du cinéma
Lors de notre rencontre, mercredi matin, au lendemain de son arrivée, Cédric Klapisch était fort heureux à l’idée de passer la semaine à voir la magie du cinéma opérer dans une salle obscure.
Cédric Klapisch, grand habitué et lauréat de ce qu’était le Festival des films du monde (FFM), connaît sa coprésidente de jury Pascale Bussières depuis longtemps. « Je l’avais rencontrée quand je suis venu présenter mon film Chacun cherche son chat. Nous sommes devenus amis, et chaque fois que je viens à Montréal, je tiens à la voir. »
Outre la classe de maître qu’il donnera samedi, Klapisch aime l’idée de prendre part à un festival au service des films qui ne sont pas les siens. « C’est que j’aime dans le cinéma, c’est le partage avec les autres », souligne-t-il.
La dernière visite de Cédric Klapisch remonte en 2017 alors qu’il était venu présenter le film Ce qui nous lie, qui met notamment en vedette Ana Girardot et François Civil. Ce dernier était d’ailleurs de la distribution d’Appelez mon agent, tout comme Laure Calamy, vedette du film Annie Colère présenté cette semaine en première canadienne à Cinemania.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Cédric Klapish, réalisateur et coprésident du jury du Festival Cinemania
Alors qu’au Québec, on vient d’annoncer la mort du gala qui récompensait les artisans du cinéma, Cédric Klapisch s’inquiète de la baisse de fréquentation des salles en France. Il espère que c’est un concours de circonstances lié à la pandémie.
On voit bien que la création se transfère vers les séries.
Cédric Klapisch
À voir le succès d’Appelez mon agent au Québec, les séries françaises voyagent peut-être mieux que les films. « Lors du tournage de Salade grecque en Grèce, les gens me connaissaient plus pour la série que pour L’auberge espagnole. C’est un des intérêts pour moi comme réalisateur de faire les deux […] C’est aussi une façon de parler aux jeunes. »
Cédric Klapisch n’en demeure pas moins complètement dévoué à défendre l’art du cinéma. Il a par ailleurs lancé un projet de plateforme appelé LaCinetek, qui présente les listes — et rend disponibles les œuvres — de 50 « films de chevet » de cinéastes émérites du monde entier, dont Martin Scorsese et Agnès Varda. Dans sa liste, Klapisch propose des classiques de Federico Fellini, Alfred Hitchcock et Jean-Luc Godard.
« L’éducation est importante », fait-il valoir
La classe de maître de Cédric Klapisch a lieu le samedi 12 novembre à 16 h 30. Le festival Cinemania se déroule jusqu’au 13 novembre.
Consultez le site de LaCinetek Consultez le site de Cinemania