(Paris) Entre prise du Capitole aux États-Unis et montée des extrêmes en France, Loin du périph, sorti vendredi sur Netflix, a été « rattrapé » par l’actualité de ces derniers mois, déplorent les acteurs Omar Sy et Laurent Lafitte.

« La dimension politique du film, au bout d’un moment, nous a un peu dépassés, dans le sens où la réalité a commencé à y ressembler de plus en plus », résume Laurent Lafitte lors d’une table ronde vendredi à l’hôtel Peninsula de Paris.

Dix ans après De l’autre côté du périph, qui avait attiré plus de 2 millions de spectateurs en salles, Ousmane Diakité (Omar Sy) et François Monge (Laurent Lafitte), duo de flics parisiens, renouent dans un 2e opus aux airs de superproduction américaine.

Pour leurs retrouvailles, les deux acolytes sont lancés sur la piste d’un crime sordide en Isère, où un grave complot mêlant politique et milice terroriste d’extrême droite se trame. Quitte à rempiler, Omar Sy et Laurent Lafitte voulaient y aller « à fond ».

Sous la direction de Louis Leterrier, Frenchie d’Hollywood aux manettes du prochain Fast & Furious, le cocktail est plus explosif, entre « cascades », « baston » et courses en kart ou à bord de gros 4x4.

Mais cette suite a pris une dimension imprévue après l’invasion du Capitole par des soutiens de Donald Trump le 6 janvier 2021.

« Effrayant »

« On a essayé d’avoir un peu de dérision là-dessus, parce qu’au moment où le film s’écrivait, l’actualité a rejoint notre scénario de plus en plus, ce qui est assez effrayant », commente Omar Sy.

Le film « assume » volontiers « faire écho » à cette réalité « malheureuse », en représentant certaines figures de l’assaut du Congrès américain. Dans les rangs des « Fils de Clovis », bande néonazie fictive, on retrouve ainsi « le gars avec son casque » à cornes, pastiche du leader « QAnon » Jake Angeli.

Au départ, l’équipe de Loin du périph imaginait plutôt « une armée assez organisée, avec des uniformes, qui ressemblait un peu à ces jeunes d’extrême droite qui interviennent aux frontières dans la montagne », développe Laurent Lafitte, en référence à l’association Génération Identitaire, dissoute en mars 2021.

« Après, c’est devenu plus des Monsieur et Madame tout le monde, qui d’un coup se mobilisent pour un idéal fasciste, et là, ça ressemblait un peu plus à ceux qui sont intervenus au Capitole », poursuit-il.

Ce qui n’était pas « anticipé » en revanche, c’était ce parallèle entre le discours extrémiste et anti-migrant d’un personnage du film — le maire du village où se déroule l’intrigue —, et l’ex-candidat à l’élection présidentielle Éric Zemmour.

« Ce n’était pas tant son niveau de racisme et de xénophobie qui était poussé (dans le film), mais la manière dont il le verbalisait sans complexe. On ne pensait pas que ça pouvait aller aussi loin », exprime Laurent Lafitte, « être aussi près de la réalité », complète Omar Sy.

Malgré la saveur inattendue de cette suite, le duo apprécie la forte « visibilité » dont va bénéficier ce film français grâce à Netflix.

« C’est l’une des choses qui me plaît énormément quand on fait quelque chose pour Netflix », confie Omar Sy, engagé pour plusieurs années pour jouer et produire des films avec la plateforme aux 222 millions d’abonnés.

« J’entends des Lupin prononcés de toutes les façons possibles, c’est assez rigolo », conclut l’acteur, qui a connu un succès planétaire avec la série inspirée du personnage de Maurice Leblanc.