Le cinéaste australien Baz Luhrmann n’avait pas fait de long métrage depuis Gatsby le magnifique en 2013. Il revient enfin au cinéma avec son film Elvis, mettant en vedette Austin Butler dans le rôle du King. En amont du lancement de la bande-annonce, ils ont tenu une conférence de presse en ligne la semaine passée. La Presse y a assisté.

Festif, exubérant, épique, explosif, débordant, entraînant, flamboyant. Ces quelques mots nous ont traversé l’esprit à la présentation de la bande-annonce du film Elvis, de Baz Luhrmann, rendue publique jeudi midi, en prévision de la sortie du film, le 24 juin.

Certes, les bandes-annonces ne sont pas gages de bons films. Mais l’Elvis de Baz Luhrmann s’annonce abondamment baroque, comme l’ont été par exemple Moulin Rouge et The Great Gatsby.

Dans une rencontre de presse virtuelle animée par le cinéaste, écrivain et journaliste Nelson George, le réalisateur d’origine australienne a indiqué que son Elvis ne ferait pas dans le biofilm classique.

PHOTO HUGH STEWART, FOURNIE PAR WARNER BROS. PICTURES

Austin Butler devient Elvis dans le prochain film de Baz Luhrmann.

« Le film se moule à mon passé de conteur », a dit M. Luhrmann au cours de cet évènement auquel a aussi participé Austin Butler (The Dead Don’t Die, Once Upon a Time in... Hollywood), qui incarne le King.

On ne peut trouver meilleure vie que celle d’Elvis comme canevas pour explorer l’Amérique des décennies 1950, 1960 et 1970.

Baz Luhrmann

En effet ! Pour ce que nous en avons vu, avec la bande-annonce maintenant diffusée, le film nous entraîne dans la vie d’Elvis (Aaron Presley), qui, gamin de Tupelo, Mississippi, se gorge des beats de la musique gospel lors de spectacles. Plus tard, on le suit au Club Handy dans Beale Street, à Memphis, Tennessee, jalon important dans sa carrière. Et plus tard encore, on le voit pleurer la mort de Martin Luther King. Ici, la légende croise l’histoire.

La musique et la culture afro-américaine ont une importance cruciale dans la vie du King, insiste Baz Luhrmann. « Si vous enlevez ça de l’histoire, vous n’avez plus d’histoire, explique-t-il. Le but de mon film est de retourner dans l’essence de ce qu’est Elvis. Et c’est dans la musique gospel qu’elle se trouve. »

Autour d’Austin Butler, on retrouve Olivia DeJonge (Priscilla Presley), Kelvin Harrison Jr. (B.B. King), Yola Quartey (sœur Rosetta Tharpe) et surtout Tom Hanks, qui incarne le colonel Parker, incontournable impresario du King. Sans gêne, ce personnage se présente dans la bande-annonce comme le vilain de l’histoire.

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Vilain ou non, on doit retenir que c’est par le colonel Parker que l’histoire d’Elvis est racontée. C’est à travers ses yeux qu’on voit la naissance et l’évolution de cette immense star de la chanson et de la scène.

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Austin Butler et Tom Hanks dans une scène du film Elvis

Lorsque Parker aborde le jeune Elvis dans l’espoir de prendre sa carrière en main, il lui dit : « Allons ! Toi et moi sommes pareils. Nous sommes deux enfants esseulés à la recherche de l’éternité. »

« Le personnage de Tom défend sa version de l’histoire, indique Baz Luhrmann. C’est sa version de la vie d’Elvis. Souvenez-vous de cette petite histoire que j’ai racontée : The Great Gatsby. C’est peut-être ça, le titre du film, mais dans les faits, c’est l’histoire de Gatsby telle que racontée par le personnage de Nick Carraway [Tobey Maguire]. »

Comme des vêtements trop amples

Le réalisateur et l’acteur principal ont longuement travaillé, près de trois ans, en amont de ce tournage. Ils ont pu s’immerger dans la vie comme dans l’entourage d’Elvis Presley en séjournant à Memphis et à sa résidence de Graceland. Ils ont travaillé la voix, les attitudes, le mouvement, mais aussi les différentes époques et générations.

Baz Luhrmann fait ainsi des liens entre le succès du King et l’émergence d’une nouvelle génération d’adolescents, plus délurés que leurs aînés, dans l’Amérique de l’après-guerre.

« Ils ont de l’argent. Ils ont des radios. C’est comme les réseaux sociaux aujourd’hui. Ils sont là-dessus nuit et jour », dit le réalisateur, pour qui l’Elvis qu’on verra dans le film est loin d’être lisse.

Austin Butler s’attarde, quant à lui, à l’immensité du personnage.

C’était tout un défi. Au départ, je me sentais comme un gamin qui enfile les vêtements de son père. Les manches sont trop longues, les souliers sont comme des bateaux. Je me disais que c’était impossible. Avec le temps, j’ai commencé à grandir en lui et à mieux ressentir son humanité.

Austin Butler

Butler souligne aussi le travail sur sa voix. « Un an avant le tournage, je travaillais six, sept jours par semaine avec des coachs, des experts, pour avoir le bon registre, le bon dialecte, les inflexions, etc. »

Pour les mouvements et la danse, la production a fait appel à la chorégraphe Polly Bennett, qui a entre autres guidé Rami Malek pour le personnage de Freddie Mercury dans Bohemian Rhapsody.

« Je ressens une grande responsabilité, conclut Austin Butler. Non seulement envers Elvis et sa vie, mais aussi envers sa famille et tous ses fans dans le monde qui l’aiment si tendrement. »