Après Sarah préfère la course, Sophie Desmarais et la cinéaste Chloé Robichaud referont équipe pour le film Les jours heureux, dans lequel la comédienne incarnera Emma, cheffe d’orchestre gaie confrontée à une relation toxique avec son père, personnifié par Christian Bégin. Le maestro Yannick Nézet-Séguin, par ailleurs, jouera le rôle de conseiller artistique.

L’Orchestre Métropolitain (OM), dont M. Nézet-Séguin est chef et directeur artistique, joue aussi un rôle de premier plan dans ce projet. Si tout se passe comme prévu, l’OM apparaîtra dans le film et y interprétera plusieurs pièces musicales.

Depuis plusieurs mois déjà, M. Nézet-Séguin sert de mentor auprès de Sophie Desmarais pour l’aider à peaufiner son rôle.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Yannick Nézet-Séguin

Les comédiennes Maude Guérin et Nour Belkhiria (vue dans Antigone, de Sophie Deraspe) incarneront aussi des rôles secondaires de première importance dans l’œuvre produite par Item 7 (Rebelle, Café de Flore et bientôt Maria Chapdelaine) et distribuée par Maison 4:3. Maude Guérin incarnera la mère d’Emma, tandis que Nour Belkhiria sera Anne, amoureuse de la jeune cheffe et violoncelliste dans l’orchestre.

Du scénario, Chloé Robichaud nous dit : « Emma est une jeune trentenaire et une cheffe talentueuse. C’est une étoile montante sur la scène québécoise. En même temps, elle a une relation complexe avec son père, qui est son agent. Ce dernier a une emprise sournoise, toxique sur elle depuis l’enfance. Au moment où Emma a la possibilité d’obtenir un poste très important au sein d’un orchestre prestigieux, elle devra se rapprocher de ses émotions véritables, de ses choix, pour faire avancer sa carrière. »

PHOTO NINON PEDNAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Chloé Robichaud et Sophie Desmarais ont fait équipe pour la première fois sur le plateau de Sarah préfère la course, en 2013.

Le fait que Chloé Robichaud ait voulu travailler de nouveau avec Sophie Desmarais dans un rôle principal n’est pas fortuit. Les deux femmes se complètent dans leur approche artistique.

Il y a une complicité, un flot créatif entre nous que j’aime. Je vois la direction d’acteurs comme une collaboration, une création. Il y a ça avec Sophie.

Chloé Robichaud, réalisatrice

« Elle apporte beaucoup de profondeur à ses personnages et possède une grande force intérieure. Elle a aussi cette prestance qui va bien au rôle de cheffe d’orchestre, tout en ayant la volonté de puiser dans sa vulnérabilité, ce qu’exige le rôle », ajoute-t-elle.

La musique

La place de la musique classique dans le film ? Immense.

« Je me suis intéressée à la musique classique parce qu’elle parle directement à nos émotions et qu’elle est très cinématographique, dit Chloé Robichaud. Pour le personnage d’Emma, plus elle se rapproche de qui elle est et plus elle s’affranchit, plus elle arrive à être libre dans sa direction musicale. Ça m’intéresse de voir comment l’état émotif d’un ou d’une chef peut directement affecter le lien entre lui ou elle et les musiciens. »

Joint aussi par La Presse, le président d’Item 7 et producteur Pierre Even ajoute : « Il est intéressant de faire un film dans l’univers de la musique classique, ce qui n’est pas fréquent. Plusieurs pièces seront jouées. Chloé et Yannick sont en discussion sur certaines pièces au niveau thématique en ce sens que le choix de la musique va suivre l’évolution du personnage. »

M. Even et Item 7 avaient collaboré avec Chloé Robichaud sur le tournage de son deuxième film, Pays, dont le producteur principal était La Boîte à Fanny, de Fanny-Laure Malo. M. Even a apprécié la façon de travailler de Mme Robichaud.

J’ai beaucoup aimé son univers, son professionnalisme et sa vision. Lorsque Chloé nous est arrivée il y a trois ans et demi avec ce projet de film campé dans l’univers d’un orchestre, j’ai trouvé cela porteur.

Pierre Even, président d’Item 7 et producteur

Contrairement à Sarah préfère la course, dans lequel l’identité du personnage central était au cœur de l’histoire, le fait que le personnage d’Emma soit ici homosexuelle est en marge du cœur du récit.

« On voit maintenant plus de relations LGBTQ+ dans les films, les séries, et c’est bien, nous dit Chloé Robichaud. Mais je trouve que notre réflexion est encore souvent à propos de la difficulté d’être dans une telle relation. C’est correct qu’on le fasse. Mais je crois qu’on est rendu à l’étape où on peut avoir un personnage qui est lesbienne dans une relation lesbienne sans que le film soit à propos de son identité sexuelle. Je suis contente de le faire avec ce film. »

Les jours heureux est donc un projet très avancé, mais toujours à l’étape du montage financier. Dans l’idéal, on espère amorcer le tournage l’automne prochain.