(Los Angeles) Ben Affleck est heureux de ne plus avoir à jouer les jeunes premiers et aime incarner désormais des personnages plus réfléchis et plus profonds pour lesquels il peut puiser dans ses expériences de vie, les bonnes comme les mauvaises.

Voici près de 25 ans que la superstar hollywoodienne a accédé à la gloire avec son film Good Will Hunting où Robin Williams campait le mentor du jeune prodige Matt Damon. Les deux jeunes hommes, amis d’enfance, avaient raflé à l’époque l’Oscar du meilleur scénario.

Coauteur et acteur du film, Ben Affleck a désormais 49 ans, mais n’a pas vu le temps passer. « Lorsque je me regarde dans le miroir, je m’attends toujours à voir un trentenaire », assure-t-il à l’AFP.

« Malheureusement, ce n’est jamais le cas », sourit l’acteur.

« Aujourd’hui, je ne suis pas loin de Robin (Williams), voire plus vieux que lui lorsqu’il jouait ce rôle » dans Good Will Hunting. « C’est choquant », explique-t-il.

Ben Affleck reconnaît toutefois apprécier de pouvoir jouer des personnages qui « ont roulé leur bosse », comme cet oncle excentrique, mais clairvoyant qu’il interprète dans The Tender Bar, dans les salles américaines vendredi.

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Lily Rabe et Ben Affleck

Ces personnages « ne sont pas nécessairement le protagoniste central, et c’est souvent une bonne chose », estime l’artiste.

Dans les films, les héros « doivent fondamentalement se limiter à un certain nombre de vertus pour que le public puisse s’identifier à eux. Ça contribue à les simplifier d’une manière qui les rend difficiles à interpréter avec réalisme ».

« Plus les gens sont imparfaits et plus je les trouve intéressants, dans un certain sens », dit Ben Affleck.

Voici seulement quatre ans, l’acteur avait endossé le costume de Batman dans Justice League, une performance qui n’avait pas emballé les fans du superhéros.

Durant cette période, il a de nouveau lutté contre ses vieux démons de l’alcool et a divorcé de l’actrice Jennifer Garner, autant d’épisodes scrutés à la loupe par la presse à scandales, comme le reste de sa vie privée.

Mais Ben Affleck a depuis lors amorcé une sorte de renaissance artistique, avec des rôles plus profonds et nuancés comme cet entraîneur de basket alcoolique pleurant la mort de son fils dans The Way Back, sorti en 2020.

Cette année, il s’illustre dans de seconds rôles, The Tender Bar mais aussi dans le film médiéval de Ridley Scott The Last Duel où il incarne un aristocrate ayant un faible pour les orgies bien arrosées.

« Je ne pense pas qu’on puisse faire un film autour de mon personnage dans The Last Duel, car il est tout simplement odieux. Mais ça reste un défi très intéressant pour un comédien d’essayer de trouver un tel personnage et de lui insuffler de l’humanité », analyse-t-il.

La course aux rôles

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Ben Affleck et Tye Sheridan

Dans The Tender Bar, qui sera diffusé sur la plateforme Amazon Prime à partir du 7 janvier, Affleck joue un barman qui tente de représenter un modèle paternel pour son jeune neveu, intellectuellement très brillant, abandonné par son père.

Oncle Charlie n’a pas fait d’études, mais il fait de son mieux pour inculquer au jeune « JR » des valeurs pleines de bon sens prolétarien, prônant le respect des femmes et le mettant en garde contre les dangers de l’alcool.

Dans une entrevue, George Clooney, qui a réalisé le film, exprimait sa fierté de voir « un acteur qui se fait les dents sur un très bon rôle, car cela n’arrive pas souvent ».

Le film a été reçu plutôt tièdement, mais la performance de Ben Affleck a été relevée par la critique et lui a valu une nomination aux Golden Globes cette semaine.

L’acteur a toutefois pris du recul et ces choses ne lui paraissent « plus aussi importantes que par le passé ».

À Hollywood, on a tendance « à courir frénétiquement après le prochain rôle, en faisant abstraction de tout le reste ». Pourtant, « le téléphone peut s’arrêter de sonner » soudainement, relève-t-il.

Loin de la « cacophonie » des réseaux sociaux, Ben Affleck dit avoir appris à évaluer le succès par lui-même, à l’aune de ses propres critères.

Raison de plus pour accepter des rôles « plus intimes » et qui lui permettent d’utiliser son parcours de vie, positif ou négatif, « pour devenir un meilleur interprète, scénariste ou réalisateur ».