La famille élargie, emplie d’amour, mais combien imparfaite, se trouve au cœur d’Encanto, le 60film d’animation de Disney. Celui-ci se penche sur les 12 membres de la famille Madrigal qui habitent dans une maison empreinte de magie. Tous les descendants de la grand-mère, Abuela Alma, sont pourvus d’un pouvoir particulier. Tous, sauf Mirabel, qui en apprend beaucoup sur elle-même en cherchant à mieux connaître ses proches.

Les réalisateurs Jared Bush et Byron Howard, qui avaient fait équipe pour réaliser Zootopia, se sont retrouvés il y a cinq ans pour mener à bon port Encanto (Encanto – La fantastique famille Madrigal). Les astres étaient alignés pour faire une comédie musicale, ont-ils raconté lors d’une entrevue par visioconférence à laquelle a aussi pris part la scénariste et coréalisatrice Charise Castro Smith.

Le fait que le prolifique auteur-compositeur Lin-Manuel Miranda (Hamilton, In the Heights) se soit associé au projet dès le départ n’y était certes pas étranger. En tant que scénariste du film d’animation Moana, Jared Bush avait établi une excellente relation avec ce dernier, qui avait envie de travailler sur une comédie musicale se déroulant dans un pays de l’Amérique du Sud, devenu de fil en aiguille la Colombie.

« J’étais très content de faire une comédie musicale, ce que je n’avais pas fait depuis Tangled [Raiponce], explique Byron Howard. À l’époque, nous ne savions pas de quelle manière le public allait réagir. Nous avons été rassurés quand Tangled est sorti, puis quand Frozen [La reine des neiges] est devenu énorme. Cela nous a confortés dans notre décision de plonger et de faire une véritable comédie musicale avec les chorégraphies et les mouvements de caméra qui les mettent en valeur, ainsi que les chansons, qui se prêtent tellement bien à l’animation, parce que nous participons à chaque étape du processus. »

PHOTO JESSE GRANT, FOURNIE PAR DISNEY

Charise Castro Smith et Jared Bush, respectivement coréalisatrice et coréalisateur du film d’animation Encanto, en ont aussi signé le scénario.

Charise Castro Smith, qui a notamment signé le scénario de la minisérie d’horreur surnaturelle The Haunting of Hill House pour Netflix, s’engageait en terrain inconnu lorsqu’elle s’est jointe à l’équipe, il y a trois ans. Non seulement elle se glissait pour la première fois dans le rôle de coréalisatrice, mais c’était aussi la première fois qu’elle travaillait dans l’univers de l’animation et qu’elle s’impliquait dans une comédie musicale de cette ampleur.

« Je me suis bien entendue avec Jared et Byron, explique-t-elle. Le fait que ce soit le premier film d’animation de Disney en Amérique du Sud a aussi été très important. Je suis américaine d’origine cubaine et je pensais aux histoires que j’aurais aimé voir quand j’étais enfant et que je souhaiterais que ma fille voie. Ce projet est devenu une passion pour moi. Je me devais de le faire. »

IMAGE FOURNIE PAR DISNEY

Mirabel est la seule dans sa famille à ne pas avoir de pouvoir particulier.

12 personnages différents

Les créateurs ont étudié plusieurs familles, dont les leurs, sous toutes leurs facettes et ont trouvé les archétypes auxquels tous peuvent s’identifier, comme le mouton noir, l’enfant parfait, la personne forte, la mère qui réconforte avec ses petits plats et la personne qui est au courant de tout, notamment.

En creusant, ils se sont rendus compte à quel point le fait de ne pas comprendre entièrement d’autres membres de sa famille, et de se sentir soi-même incompris, est également universel.

On avait 12 personnages principaux, qui avaient chacun quelque chose de particulier. Parmi eux, il y avait Mirabel, qui semblait être au départ la moins spéciale, et qui se sent à l’écart. Elle se lance à la découverte des autres membres de sa famille et en apprend beaucoup sur elle-même.

Jared Bush

« Cela fait partie intégrante du film de nous demander de quelle manière nous voyons les autres membres de notre famille et comment les autres nous voient, ajoute Charise Castro Smith. Mirabel est le nom de l’héroïne du film. Or “mira”, en espagnol, veut dire regarder. L’idée est de regarder l’autre plus profondément et de voir plus clairement pour éprouver plus d’empathie. »

Une touche de magie

Lors d’une conférence de presse virtuelle organisée plus tôt, qui réunissait plusieurs artisans du film d’animation, le réalisateur Jared Bush a révélé que la magie n’avait été introduite dans le scénario qu’une fois les personnages bien définis.

« Il fallait que l’histoire de cette famille nous touche, qu’il y ait ou non de la magie, précise-t-il. Comme nous aimons la magie, ce fut ensuite amusant de nous demander ce que les personnages pouvaient faire. La sœur forte et responsable, par exemple, peut tout soulever, l’oncle ostracisé peut lire l’avenir et s’inquiéter de tout ce qui va arriver, et des fleurs poussent sous les pieds de l’enfant parfait. »

La maison enchantée (d’où le titre Encanto), qui vit au rythme de ses occupants, est elle-même animée et joyeuse, souligne Charise Castro Smith. « On voulait qu’elle reflète celles et ceux qui y habitent. Elle agit un peu comme le chien familial, qui a ses préférés et que tout le monde aime. C’est aussi une sorte de baromètre de la façon dont la famille se porte tout au long du film. »

IMAGE FOURNIE PAR DISNEY

Dans le film d’animation Encanto, le petit Antonio découvre qu’il peut parler aux animaux.

Une héroïne humaine

Au cours de la visioconférence, le fait que ce 60film d’animation de Disney ne mette de l’avant aucune princesse a été abordé. « Cela n’aurait pas collé à la réalité de la Colombie, qui n’a pas eu de royauté, explique Jared Bush. Moana non plus n’était pas une princesse. Elle était la fille du chef. Une chose qui m’excite beaucoup, c’est qu’on peut intégrer différents types de héros et d’héroïnes au cœur de nos histoires. J’espère que le public va s’identifier à Mirabel. Je crois qu’elle est le personnage le plus humain que nous ayons porté à l’écran. »

Le film d’animation s’inscrit dans la tradition des classiques de Disney, qui marquent l’imagination depuis le lancement de Blanche-Neige, en 1937, fait remarquer Byron Howard. « Il montre aussi le potentiel de tout ce qui pourra être raconté au cours des 10 prochaines années, grâce aux nouveaux créateurs, qui jusqu’ici n’avaient pas eu l’occasion de s’exprimer. Pour moi, la Colombie a été une révélation. Je n’avais aucune idée combien ce pays est beau et diversifié. Tout ce que nous avons appris au cours des cinq dernières années est monumental. C’est exaltant de poursuivre dans la veine des films de Disney tout en allant plus loin et en continuant de grandir à mesure que notre public croît. »