Six mois après le triomphe de Nomadland aux Oscars, la réalisatrice Chloé Zhao revient dans l’actualité avec la sortie d’Eternals, troisième long métrage de la phase IV de l’univers Marvel. Dans une conférence de presse virtuelle à laquelle La Presse a assisté, la cinéaste et les membres de l’équipe ont salué la diversité et l’humanité caractérisant les superhéros de ce nouvel opus. Compte rendu.

Lorsque Chloé Zhao et Kevin Feige, président des Studios Marvel, ont proposé au comédien Brian Tyree Henry d’incarner le superhéros Phastos dans le film Eternals, ce dernier leur a demandé combien de poids il devait perdre pour défendre le rôle.

« Chloé m’a répondu : mais de quoi tu parles ? On te veut exactement comme tu es ! raconte Henry avec un mélange de rire et d’émotion. En tant qu’homme noir, ce qu’ils m’ont dit est incomparable. Gamin, en regardant mes affiches de superhéros, j’étais incapable d’en trouver un à qui m’identifier. Maintenant, c’est possible. »

Henry, on l’aura compris, a une bonne charpente. Son personnage de Phastos, premier héros ouvertement gai de la Marvel Cinematic Universe (MCU), fait partie de la constellation des superhéros issus de la diversité à découvrir dans Eternals.

Comme quoi les temps changent chez Marvel. On l’a vu par exemple avec Black Panther et, tout récemment, avec Shang-Chi et la légende des dix anneaux.

La trame

Dans le cas présent, la diversité très remarquable des Éternels, personnages à l’origine issus de la bande dessinée de Jack Kirby, s’explique notamment par le fait qu’ils habitent discrètement la Terre depuis 7000 ans. Ils passent totalement inaperçus chez les humains qu’ils doivent protéger. Mais après une longue période de calme, ils doivent renfiler leurs costumes avec l’apparition des monstrueux Déviants qui, eux, se manifestent sous la forme de gigantesques créatures entre dragons et dinosaures.

Avant, pendant et après les bagarres, on découvre que les Éternels ont aussi beaucoup d’humanité. Ils ont des qualités, des défauts et même quelques amourettes.

Prenons l’exemple de Sersi (Gemma Chan). Enseignante à Londres dans sa « couverture » humaine, elle se démarque rapidement en raison de sa bonté.

« Sersi n’est pas la meilleure des bagarreuses, mais elle a beaucoup d’empathie pour la race humaine, avec qui elle a beaucoup d’affinité, a indiqué Gemma Chan au cours de la conférence de presse à laquelle nous avons assisté. Même si elle a 1000 ans, ce qu’elle vit dans l’histoire est un vrai passage [coming of age]. Elle apprend à se faire confiance et à prendre de l’expérience en fonction des pouvoirs qu’elle possède. »

Angelina Jolie (Thena) a elle aussi exprimé sa joie de faire partie d’une distribution aussi diversifiée. « Une famille avec laquelle j’avais envie de faire partie intégrante, dit-elle. Quant à mon personnage de Thena, elle est visiblement vulnérable et à la recherche d’un équilibre. »

L’interprète de Lara Croft n’en est pas à son premier personnage fantastique et elle était ravie de raconter une remarque que lui ont faite ses enfants. « Ils m’ont dit que Thena est celle qui me ressemble le plus », lance-t-elle, tout sourire.

PHOTO SOPHIE MUTEVELIAN, FOURNIE PAR MARVEL STUDIOS

Lauren Ridloff incarne Makkari.

On ne veut pas trop en dire sur le contenu mais, autre première déjà annoncée dans l’univers MCU, la comédienne Lauren Ridloff, vue dans l’excellent Sound of Metal, incarne ici Makkari, premier personnage sourd de la série. Elle communique avec Druig (Barry Keoghan) par le langage des signes.

« Ce qui la rapproche de Druig est le fait qu’ils expriment tous les deux beaucoup d’impatience et qu’ils ont beaucoup de pouvoir », a-t-elle déclaré en langage des signes avec traduction simultanée.

« Ces deux-là pétillaient de partout dès que nous les avons fait répéter ensemble en audition », note pour sa part Chloé Zhao.

Des héros à découvrir

La cinéaste a par ailleurs indiqué être une grande fan de l’univers MCU. Elle avait par le passé exprimé son intérêt à réaliser un film de la série. Elle avait été pressentie pour tourner Black Widow, mais a préféré passer son tour.

Lorsqu’elle a rencontré les dirigeants de MCU pour discuter d’Eternals, elle est arrivée avec un poème de William Blake. « Un poème par lequel j’exprimais mon intention de faire un film de superhéros à la fois aussi vaste que la création du soleil et aussi intime que des murmures d’amoureux », a-t-elle dit.

PHOTO VALÉRIE MACON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Chloé Zhao

Le tournage a eu lieu dans divers lieux au Royaume-Uni et aux îles Canaries, selon différents médias. Peu intéressée par les écrans verts, la cinéaste souhaitait beaucoup travailler sur le terrain afin de créer l’ambiance la plus immersive possible.

Selon Kevin Feige, le fait que le récit fait plusieurs arrêts dans l’Histoire justifiait la création de personnages proches des humains. « On ne peut pas faire l’histoire de l’humanité sans avoir des héros qui leur ressemblent », lance-t-il.

Plus tôt dans la rencontre, il avait déclaré : « Dans notre saga post-Infinity [référence à la phase 3], notre volonté était de faire un grand bond en avant. Nous voulions dire aux gens : vous ne savez pas tout de l’Univers. Il y a ces 10 spectaculaires nouveaux héros dont vous n’avez pas encore fait la connaissance. Mais ils ont toujours été là ! »

Eternals sort en salle le 5 novembre. Le quatrième long métrage de la phase IV, Spider Man : No Way Home de Jon Watts, est attendu le 17 décembre.