Depuis des temps immémoriaux, qui dit île perdue dans l’océan dit trésor enfoui quelque part. Et qui dit trésor dit… richesse ! Quitte à en oublier les trésors de nos quotidiens. C’est ce qu’a voulu rappeler le réalisateur Nicola Lemay dans son premier long métrage d’animation.

« Le message est assez clair, lance Nicola Lemay au bout du fil. Le vrai trésor, c’est la famille. » Autrement dit, pourquoi chercher le bonheur entre la cour du voisin et un quelconque pays lointain quand il se trouve dans notre foyer ? Leçon archiconnue, diront certains. Mais leçon quand même, à diffuser sans limites aux représentants de la mini-génération en train de pousser.

Dans un tel cas, la récurrence du message n’est pas un poids, mais une vertu, une nécessité. Et le film d’animation, avec sa cohorte de personnages colorés, bons et méchants, jeunes et vieux, humains et animaux, en constitue le vecteur parfait.

Nicola Lemay estime d’ailleurs qu’il y a un petit héritage familial rattaché à ce projet de film dont il a eu l’idée originale et qu’il réalise, tout en laissant à Marc Robitaille le soin d’en signer le scénario.

Inconsciemment, ce film était un message à mon père Jean-Guy Lemay [mort en 2013], qui était l’auteur de la bande dessinée Bojoual, le Huron-Kébékois. Il en a vendu près de 100 000 copies. Mais l’aventure s’est mal terminée et il en a été très peiné. J’ai eu envie de lui dire : ‟C’est l’fun d’être populaire et de vendre des livres en librairie. Mais pour moi, le vrai trésor, c’est tes enfants, ta famille.” C’est donc un message que je lui envoyais.

Nicola Lemay

Plus récent opus de 10e AVE Productions, Félix et le trésor de Morgäa est une histoire campée aux Îles-de-la-Madeleine. On y retrouve Félix (voix de Gabriel Lessard), un gamin lumineux et espiègle qui, mentant effrontément à sa mère, décide de partir à la recherche de son père disparu à l’Île-de-la-Nuit-Éternelle.

Après une première tentative ratée, Félix recevra l’aide de Tom (voix de Guy Nadon), vieux loup de mer bourru, mais au cœur d’or. Ensemble, ils vogueront jusqu’à cette île mystérieuse où se cachent un trésor… et beaucoup de secrets.

« Il y a un personnage principal (Félix) à travers qui l’histoire est racontée et un personnage central (Tom), dit M. Lemay. Tom s’impose comme un guide qui veut aider Félix. Mais il a sa propre quête, sa courbe dramatique à travers une histoire d’amour perdu qu’il a la possibilité de revivre. Cela rend le récit plus dense et crée des lignes allant rejoindre différents publics. »

IMAGE FOURNIE PAR MAISON 4:3

Une scène de Félix et le trésor de Morgäa

Outre Félix et Tom, de nombreux autres personnages se greffent à l’histoire, incarnés par les voix de Catherine Proulx-Lemay, Éveline Gélinas, Louis Lacombe-Petrowsky, Karine Vanasse, Marc Labrèche, Jérôme Boiteau, Kim Jalabert et d’autres encore.

Direction artistique

Foi de Nicola Lemay, dont les œuvres précédentes comptent quelques courts métrages à l’ONF (Noël, Noël, Les yeux noirs, Nul poisson où aller), les personnages de ce nouveau projet restent collés sur son style de dessins animés inspiré de nombreuses influences.

Lorsqu’il est allé présenter son projet à la productrice Nancy Florence Savard, il avait déjà la ligne directrice du style visuel en tête. Mme Savard l’a encouragé à retravailler les personnages afin qu’ils lui ressemblent le plus possible, ce qu’il a apprécié.

« Chez 10e AVE, poursuit M. Lemay, le directeur artistique Philippe Arseneau Bussières a compris ce que je voulais faire et il a pris le relais. Il a construit le reste de l’univers, les textures, les couleurs, les ambiances. J’ai tellement apprécié son travail qu’il est devenu le directeur photo du film. Au final, je crois avoir fait un mélange entre l’esprit des bandes dessinées européennes des années 1970 comme les Spirou et Astérix et l’éclairage du cinéma américain des années 1980. »

Nicola Lemay estime enfin que les thèmes qui lui sont chers, tels les enfants, la famille, le vieillissement, les aînés, se prêtent mieux aux longs métrages. Félix et le trésor de Morgäa ne sera donc pas son dernier long. D’ailleurs, il coréalisera, avec Christine Dallaire-Dupont, Béluga Blues, autre projet en développement chez 10e AVE.

En salle le 26 février

IMAGE TIRÉE DE GOOGLE MAPS

L’île Skellig Michael a inspiré le design de l’Île-de-la-Nuit-Éternelle.

La même île que celle de Luke Skywalker

Si, au visionnement de Félix et le trésor de Morgäa, les contours et la morphologie de l’Île-de-la-Nuit-Éternelle vous semblent familiers, c’est peut-être parce que vous avez vu la même île dans Star Wars : les derniers Jedi et L’ascension de Skywalker. C’est en effet dans la même île que Luke Skywalker s’est réfugié en solitaire. « Un pur hasard, indique Nicola Lemay, très amusé. Je cherchais, pour le design de mon île, un lieu éloigné dans l’Atlantique Nord. J’ai regardé nombre de photos et choisi celle-ci à laquelle nous avons ajouté deux pics. » Dans la réalité, cette île porte le nom de Skellig Michael et se trouve au large de la côte ouest de l’Irlande.

Déjà des ventes à l’étranger

Le long métrage a déjà enregistré ses premières ventes internationales. Le film a en effet été vendu sur les territoires du Royaume-Uni, de la France, de l’Espagne et même des États-Unis ! L’œuvre a aussi été sélectionnée dans trois festivals et représentera le pays, dans le volet Perspectives Canada, à la Berlinale, qui commence le 1er mars.