Le secret le mieux gardé du cinéma français commence à se dévoiler : les premières images du film Aline !, inspiré de la vie de Céline Dion, ont commencé à circuler. On a appris vendredi que le long métrage, réalisé et interprété par Valérie Lemercier, sortira au Québec le 27 novembre, après avoir été présenté en primeur en ouverture du festival Cinemania.

Trois ans de travail, un gros budget (30 millions), très peu de fuites. La curiosité entourant ce biopic est maximale. Les attentes aussi. En France, bien sûr, mais surtout au Québec, où l’on peut être très chatouilleux quand il est question de Céline… et de notre accent.

Valérie Lemercier en est consciente. En entrevue avec La Presse, la star française marche sur des œufs et insiste pour dire que ce film, « librement » inspiré de la vie de Céline (ici rebaptisée Aline Dieu !), n’est « pas un pastiche », mais bien une déclaration d’amour.

« Je comprends la peur du public québécois. Je comprends ses réticences, dit-elle au téléphone. Je sais que c’est très sensible. »

J’ai fait attention, à toutes les phases de la production, à ne jamais la trahir. Je crois que c’est un hommage à elle, mais aussi à René. Jusqu’ici, les fans de Céline qui ont vu le film, et qui arrivaient avec des appréhensions, sont super rassurés. J’espère que vous le serez aussi.

Valérie Lemercier

N’empêche, on peut se questionner. Car en plus de jouer Céline à tous les âges, c’est-à-dire de 5 à 52 ans (!), Valérie Lemercier a dû imiter l’accent québécois. « C’est un peu ridicule, ça », nous a confié une critique de cinéma française, qui a vu le film cette semaine à Paris.

Cette approche vaguement décalée correspond bien à l’humour de Valérie Lemercier, une actrice au passé d’humoriste, qu’on a notamment vue dans Les visiteurs et Le petit Nicolas. Mais il ne serait pas étonnant, malgré tout, que les plus susceptibles y voient une forme de caricature.

L’actrice s’en défend bien et soutient avoir abordé le sujet avec le plus grand sérieux.

PHOTO FOURNIE PAR GAUMONT

La distribution du film Aline ! compte de nombreux acteurs québécois.

Épaulée par des Québécois à toutes les étapes de la production, elle tenait toutefois à ce que le film soit compris dans toute la francophonie et n’a donc pas appuyé indûment sur la diphtongue et la québécitude : « J’ai fait l’accent le plus petit possible parce que je trouve qu’en France, on en fait toujours trop, dit-elle. Alors il n’y a pas d’expressions québécoises. C’est un film sans sirop d’érable, sans tabarnac, sans câlice. »

« Parler d’elle, c’était aussi parler de moi »

Pourquoi cette fascination pour Céline Dion ? À cause de son parcours, de son improbable histoire d’amour avec René, à cause de ce rêve américain qui fait qu’avec un peu de vision et de détermination, on peut passer de zéro à héros, de Charlemagne à Vegas.

Outre ce « destin incroyable », il y a le personnage lui-même, « une fille drôle et accessible », à laquelle l’actrice s’identifiait en partie.

« C’est un rôle que j’ai eu hâte de jouer très vite. Il y a plein de choses qui m’ont parlé et qui faisaient que quelque part, je me retrouvais. Je viens d’une grande famille rurale. On jouait tous d’un instrument. Je n’étais pas du tout une petite fille jolie. J’avais des dents pas bien. Je suis aussi sur scène depuis 30 ans. »

Je sais ce que c’est que de prendre mes repas devant le miroir. Je sais ce que c’est la solitude en sortant de scène. Je sais ce que c’est de devoir être en forme tous les soirs, de mener sa vie de femme en même temps que sa vie d’artiste. Alors parler d’elle, c’était aussi parler de moi.

Valérie Lemercier

Valérie Lemercier n’a jamais rencontré Céline Dion. La chanteuse est bien au fait du film, son équipe a même relu le scénario. Valérie Lemercier se demande comment réagira la diva en voyant le résultat. Que sa vie soit ici réinterprétée, un peu comme un « pas de côté », rendra peut-être les choses plus simples, espère-t-elle.

Une distribution bien « keb »

Pour mener à bien cet ambitieux projet, sa sixième réalisation, Valérie Lemercier s’est entourée d’une très grande majorité d’acteurs québécois. On y retrouve notamment Danielle Fichaud (La passion d’Augustine), dans le rôle de maman Dieu, et Sylvain Marcel (19-2, Pour Sarah, Ah Ha ! Familiprix !) dans celui de René, renommé ici Guy-Claude.

Sylvain Marcel, qui a lui aussi grandi à Charlemagne (coïncidence ? ?), conçoit très bien les appréhensions du public québécois. Il sait que les critiques sont inévitables (« Il y aura toujours quelques chialeux derrière leur clavier ») et admet lui-même que l’accent de Valérie Lemercier n’est « pas parfait, mais on s’habitue ».

Il estime malgré tout qu’Aline ! confondra les sceptiques parce qu’il est fait de bonne foi par une actrice « amoureuse folle » de la chanteuse.

Même quelqu’un qui ne connaît pas Céline va être touché par ce film-là. C’est un film qui fait du bien, qui réconforte. Je ne m’attendais pas à si beau que ça.

Sylvain Marcel, qui interprète l’alter ego de René dans Aline !

Fait à noter : les chansons d’Aline ! ont été réenregistrées, avec la voix d’une certaine Victoria Sio. Pour les costumes, la production a fait appel à Stéphane Rolland, un des designers favoris de Céline Dion. Tourné en France, au Québec et en Espagne, le film est une coproduction de la société française Rectangle et de la québécoise Caramel Films. Il prend l’affiche chez nous 10 jours à peine après la France. Ce sera l’heure de vérité…